Après plus d’un an et demi de pandémie, de premiers bilans ont déjà été dressés par de nombreuses institutions, comme en témoignent les conférences et salons qui reviennent, depuis plusieurs mois maintenant, sur la crise sanitaire et ses enjeux. Parmi ceux-ci, on peut citer le numérique en santé – qui a connu un véritable essor au travers de la télémédecine et du développement d’applications nationales – ou encore les enjeux environnementaux et sociaux, en particulier en ce qui concerne les questions de souveraineté et d’approvisionnement de proximité. Présentes dans toute la société, et pas seulement à l’hôpital, ces problématiques liées à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) s’y implantent de plus en plus. « Aujourd’hui, 47 % de nos adhérents se disent concernés par la dimension achats durable à l’hôpital. C’est 8 % de plus qu’en 2019 », indiquait d’ailleurs Éric Tabouelle, président d’Helpévia, lors d’une conférence en ligne organisée cet été par BBraun. Lors de cette étude menée par le groupement d’achat, les adhérents d’Helpévia ont d’ailleurs placé les enjeux RSE dans les catégories « importants ou très importants » pour les achats médicaux à 51 % en 2021, contre 39 % en 2019, « et l’on monte même à 65 % pour les achats non médicaux », insiste Éric Tabouelle. « On assiste à une réelle une prise de conscience des acheteurs à l’hôpital sur les achats responsables », résume-t-il.
Une prise de conscience exacerbée par la crise
Au Centre Hospitalier de Béziers, par exemple, la mise en place d’un nouveau projet d’établissement incluant une forte part d’objectifs sur le développement durable « s’est accélérée avec la crise », constate Carole Gleyzes, Directrice des finances, des achats, de la Logistique, du Biomédical et de la Communication. Au sein de cet établissement, comme dans beaucoup d’autres, l’utilisation de surblouses textiles s’est même imposée sans être pensée au préalable. « Après les premières semaines, les équipes d’hygiène ont aussi multiplié les actions pour continuer à sensibiliser les équipes aux bonnes filières de tri des déchets », poursuit la responsable, qui constate, sur l’année 2020, une augmentation de 10 % des Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI). « Cette tendance a été observée dans de nombreux établissements mais elle s’inverse aujourd’hui, les professionnels reprennent les bons gestes », se réjouit Nolwenn Febvre, infirmière anesthésiste au CHU de Rennes et Présidente co-fondatrice de l’association des « P’tits Doudous ».
L’ancrage territorial au centre de nombreuses questions
Mais ces premières semaines de crise n’ont pas seulement donné lieu à une augmentation des DASRI. Face à la pénurie de nombreux produits, dont les Équipements de Protection Individuels (EPI), nombre d’établissements se sont rapprochés d’entreprises locales, un fait inscrit dans une démarche RSE et qui tend, là aussi, à se généraliser, ou du moins à être pris en considération dans les critères d’achat. « Attention tout de même à adapter le cahier des charges au produit et à la filière », prévient Éric Tabouelle. Et justement on peut citer, en matière de filières, celle du numérique en santé, l’un des secteurs particulièrement mis en avant par la crise sanitaire, comme le montrent les deux milliards d’euros débloqués à cette fin par l’État lors du Ségur de la santé. « Tout l’écosystème – soignants, personnel non médical, entrepreneurs, industriels… – a déployé une formidable énergie et démontré une grande capacité d'adaptation face à la pandémie. Nous avons assisté à un changement des pratiques, qui intègrent désormais pleinement les solutions numériques pour peu que ces dernières répondent réellement à des fonctions d'usage du quotidien », constatait David Brossier, Maître de Conférences et Praticien Hospitalier au service de réanimation pédiatrique du CHU de Caen, dans une conférence consacrée au numérique et qui s’était tenue en mars dernier.
Le numérique au centre de l’hôpital de demain
« Le numérique rapproche les personnes, permet d’optimiser la recherche et de sécuriser la prise en charge des patients, tout en accompagnant les équipes médicales dans leur prise en charge thérapeutique », complète le médecin. « Pour simplifier, on peut considérer qu'il s'agit de l'ensemble des outils et des systèmes communicants susceptibles de faciliter le décloisonnement des pratiques et l'échange d'informations, en gardant à l'esprit que la finalité de la digitalisation de l'hôpital est et restera l'humain », abonde Chanfi Maoulida, fondateur du site Hôpital Web 2.0, membre du Club Digital Santé et Chief Digital Officer au Service de santé des Armées.
« Donner des outils et un cadre »
« Les années 2020 ouvrent à cet égard une nouvelle dimension, avec une appropriation renforcée des solutions numériques par les patients, de façon à devenir toujours plus acteurs de leur prise en charge », ajoute-t-il. Cette volonté d’impliquer les patients, c’est aussi l’un des objectifs affichés de Ma Santé 2022 et de la Feuille de route du numérique en santé portés par les pouvoirs publics. « Via MonEspaceSanté, chacun pourra être acteur de sa santé, de façon sécurisée », martèle Dominique Pons, responsable ministériel du Numérique en santé, insistant sur la nécessité de « donner des outils et un cadre » au déploiement du numérique en santé. « Nous sommes aujourd'hui attelés à tracer des routes, bâtir des ponts et structurer des réseaux pour relier entre eux les éléments disparates préexistants, aux allures de "bidonville" digital. Une tâche fastidieuse, parfois pénible à supporter pour les soignants et les établissements, mais indispensable pour construire notre santé 2.0 sur des bases solides et non du sable », ajoute le responsable tout en rappelant « la nécessité de telles actions pour garantir la souveraineté numérique de la France et de l’Europe ».
Devant l’augmentation des cyber-attaques et les scandales liés au numérique, la prise de conscience de cet enjeu semble elle aussi plus que jamais d’actualité. Pour David Brossier, le numérique « ne va pas remplacer l’humain, au contraire, il va aider à créer plus de sécurité pour les professionnels comme pour les patients ». L’hôpital de demain devrait donc résolument être tourné vers ces technologies mais aussi vers tous les aspects durables, car, comme le rappelle Carole Gleyzes : « la crise sanitaire a aussi engendré une prise de conscience collective sur l’impact environnemental, sociétal et économique des établissements de santé. »
Devant l’augmentation des cyber-attaques et les scandales liés au numérique, la prise de conscience de cet enjeu semble elle aussi plus que jamais d’actualité. Pour David Brossier, le numérique « ne va pas remplacer l’humain, au contraire, il va aider à créer plus de sécurité pour les professionnels comme pour les patients ». L’hôpital de demain devrait donc résolument être tourné vers ces technologies mais aussi vers tous les aspects durables, car, comme le rappelle Carole Gleyzes : « la crise sanitaire a aussi engendré une prise de conscience collective sur l’impact environnemental, sociétal et économique des établissements de santé. »