Qui n’a jamais rêvé d’être transposé, en un instant, de la froideur d’un bloc opératoire à une plage de sable chaud ou une forêt de pins majestueux ? Cette sensation est désormais possible avec la réalité virtuelle, une technologie née à la fin du XXème siècle et qui connaît un véritable essor depuis près d’une décennie. Le grand public lui-même s’en est saisi, apprenant à manipuler des casques qui lui permettent de s’immerger dans une réalité forgée de toutes pièces – et au potentiel infini. Avec des applications chaque jour plus riches, plusieurs géants du numérique tels que Facebook, Google, Samsung, HTC ou encore Sony s’en sont largement saisis et s’investissent activement dans son développement.
La réalité virtuelle pour la formation des soignants…
L’hôpital n’échappe pas à ce mouvement : le nombre d’initiatives incluant de la réalité virtuelle se multiplie un peu partout en France. À Suresnes, l’hôpital Foch propose ainsi, depuis juin 2019, des formations en soins infirmiers utilisant de la réalité virtuelle. Mis en place en six mois seulement, le projet s’inscrit dans la continuité de la chambre des erreurs de l’établissement, la bien-nommée The Room. « Depuis 2012, The Room se décline sur trois thèmes : la sécurité médicamenteuse, l’hygiène et l’hémovigilance. Pour chacun d’entre eux, nous consacrons une semaine de formation à laquelle participent 200 professionnels de santé », explique Dominique Reynaert, la directrice des soins de l’hôpital.
Recherchant constamment des nouveautés ludiques et pédagogiques, le comité de pilotage de The Room, accompagné d’une start-up spécialisée en réalité virtuelle, a plus récemment conçu un scénario sur l’incident transfusionnel. Les infirmiers peuvent alors interagir avec les différents items de la chambre reconstituée numériquement, pour effectuer les soins en lien avec l’intervention. « Comme pour les chambres des erreurs classiques, chaque session implique une phase de briefing et une autre de débriefing qui reprend le scénario, les potentiels oublis, et complète la séance par du contenu théorique », poursuit Dominique Reynaert qui tient ainsi à rappeler que « ce n’est pas un jeu vidéo ».
Pour plus de réalisme, les équipes de la start-up partenaire ont d’ailleurs modélisé l’environnement de l’établissement, représentant avec le plus de réalisme possible le matériel, le linge ou encore le mobilier qui lui est propre. Le but est ici clair : favoriser un apprentissage certes ludique mais surtout en conditions simili-réelles. Et les retours sont bons : « Au départ, certains avaient peur d’être sujets à des vertiges, d’être malades, en enfilant le casque. Mais la curiosité a pris le pas sur les doutes », sourit Dominique Reynaert qui compte bien continuer à travailler sur de nouveaux scénarios pour élargir le public de ces formations de nouvelle génération.
Recherchant constamment des nouveautés ludiques et pédagogiques, le comité de pilotage de The Room, accompagné d’une start-up spécialisée en réalité virtuelle, a plus récemment conçu un scénario sur l’incident transfusionnel. Les infirmiers peuvent alors interagir avec les différents items de la chambre reconstituée numériquement, pour effectuer les soins en lien avec l’intervention. « Comme pour les chambres des erreurs classiques, chaque session implique une phase de briefing et une autre de débriefing qui reprend le scénario, les potentiels oublis, et complète la séance par du contenu théorique », poursuit Dominique Reynaert qui tient ainsi à rappeler que « ce n’est pas un jeu vidéo ».
Pour plus de réalisme, les équipes de la start-up partenaire ont d’ailleurs modélisé l’environnement de l’établissement, représentant avec le plus de réalisme possible le matériel, le linge ou encore le mobilier qui lui est propre. Le but est ici clair : favoriser un apprentissage certes ludique mais surtout en conditions simili-réelles. Et les retours sont bons : « Au départ, certains avaient peur d’être sujets à des vertiges, d’être malades, en enfilant le casque. Mais la curiosité a pris le pas sur les doutes », sourit Dominique Reynaert qui compte bien continuer à travailler sur de nouveaux scénarios pour élargir le public de ces formations de nouvelle génération.
… et l’apprentissage des patients
Les professionnels de santé ne sont d’ailleurs pas les seuls à désormais bénéficier de formations faisant appel aux technologies de réalité virtuelle. Mettant à profit sa participation au projet européen ADAPT, le pôle Saint-Hélier de Rennes a ainsi développé un simulateur de conduite de fauteuil roulant électrique. « Le simulateur offre la possibilité de répéter les essais pour favoriser l’apprentissage tout en contrôlant l’environnement : ne pas mettre la personne en danger, mais voir ses réactions en fonction de la situation », déclarait le Dr Émilie Leblong, spécialiste en médecine physique et de réadaptation du pôle, lors d’une conférence de presse organisée en février 2020. Fabriquée dans le bassin rennais, cette solution utilise naturellement la réalité virtuelle pour stimuler la vue et l’ouïe, car, comme l’a rappelé justement Émilie Leblong, « le nombre de sens activés est un facteur important dans le transfert des compétences entre le monde virtuel et le monde réel ».
La réalité virtuelle appliquée au soin
Plus récemment, le médipôle de Gentilly à Nancy propose des casques de réalité virtuelle pour apaiser les patients devant subir une intervention invasive. « Nous sommes toujours à la recherche de solutions non médicamenteuses qui permettraient de limiter l’anxiété des malades. En plus d’être ludiques, ces casques sont aussi faciles d’accès », confie le Docteur Thierry Maday, anesthésiste-réanimateur au sein de la clinique.
Depuis septembre 2021, les patients nancéiens peuvent ainsi passer du bloc opératoire à une plage des Philippines, un jardin japonais ou encore un paysage de montagne. « Nous proposons une dizaine de “destinations”, pour nous adapter aux besoins et au profil de chacun », complète l’anesthésiste qui a, par exemple, déjà dû faire face à un patient aquaphobe. Décelées lors des rendez-vous préalables, ces angoisses sont « nécessairement prises en compte » pour ne pas ajouter de l’anxiété à celle déjà due au milieu hospitalier. « Le casque de réalité virtuelle plonge le patient dans un état de conscience modifié, proche de l’hypnose. Il est déconnecté de la réalité tout en restant suffisamment conscient pour que nous puissions échanger avec lui », précise Thierry Maday. Projeté dans un ailleurs plus propice à la contemplation, le patient voit ainsi son stress se réduire, « ce qui diminue de facto sa réactivité à la douleur », se félicite l’anesthésiste qui peut ainsi limiter l’utilisation de sédatifs lors d’interventions chirurgicales et d’examens endoscopiques.
Un tel résultat peut certes être également atteint par l’hypnose. Mais pour le Dr Maday, le recours à la réalité virtuelle est beaucoup plus simple, car « c’est une solution plus rapide à mettre en œuvre » et qui « ne nécessite pas plusieurs rendez-vous préliminaires spécifiques ». « C’est tout de suite assimilable. La technologie étant en outre de mieux en mieux connue du grand public, son acceptation est d’autant plus forte », constate l’anesthésiste qui recense déjà un fort taux de satisfaction sur les formulaires d’appréciation proposés aux patients. En place depuis quelques semaines seulement, la démarche devrait d’ailleurs prochainement s’étendre, la clinique envisageant d’utiliser les casques de réalité virtuelle pour les activités d'angiologie et de rythmologie, notamment pour la pose de pacemaker. À Nancy comme dans d’autres établissements de santé français, la réalité virtuelle semble bien avoir trouvé sa place à l’hôpital et s’implanter durablement dans les pratiques.
Article publié dans l'édition de décembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.
Depuis septembre 2021, les patients nancéiens peuvent ainsi passer du bloc opératoire à une plage des Philippines, un jardin japonais ou encore un paysage de montagne. « Nous proposons une dizaine de “destinations”, pour nous adapter aux besoins et au profil de chacun », complète l’anesthésiste qui a, par exemple, déjà dû faire face à un patient aquaphobe. Décelées lors des rendez-vous préalables, ces angoisses sont « nécessairement prises en compte » pour ne pas ajouter de l’anxiété à celle déjà due au milieu hospitalier. « Le casque de réalité virtuelle plonge le patient dans un état de conscience modifié, proche de l’hypnose. Il est déconnecté de la réalité tout en restant suffisamment conscient pour que nous puissions échanger avec lui », précise Thierry Maday. Projeté dans un ailleurs plus propice à la contemplation, le patient voit ainsi son stress se réduire, « ce qui diminue de facto sa réactivité à la douleur », se félicite l’anesthésiste qui peut ainsi limiter l’utilisation de sédatifs lors d’interventions chirurgicales et d’examens endoscopiques.
Un tel résultat peut certes être également atteint par l’hypnose. Mais pour le Dr Maday, le recours à la réalité virtuelle est beaucoup plus simple, car « c’est une solution plus rapide à mettre en œuvre » et qui « ne nécessite pas plusieurs rendez-vous préliminaires spécifiques ». « C’est tout de suite assimilable. La technologie étant en outre de mieux en mieux connue du grand public, son acceptation est d’autant plus forte », constate l’anesthésiste qui recense déjà un fort taux de satisfaction sur les formulaires d’appréciation proposés aux patients. En place depuis quelques semaines seulement, la démarche devrait d’ailleurs prochainement s’étendre, la clinique envisageant d’utiliser les casques de réalité virtuelle pour les activités d'angiologie et de rythmologie, notamment pour la pose de pacemaker. À Nancy comme dans d’autres établissements de santé français, la réalité virtuelle semble bien avoir trouvé sa place à l’hôpital et s’implanter durablement dans les pratiques.
Article publié dans l'édition de décembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.