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La partie n’est pas encore gagnée pour la recherche clinique française


Rédigé par Rédaction le Lundi 10 Octobre 2016 à 15:31 | Lu 1229 fois


XERFI-PRECEPTA vient de publier une étude approfondie sous le titre : « Les sociétés de recherche sous contrat (CROs) – L’évolution des marges et les initiatives gagnantes des acteurs » (auteur : Cathy Alegria).



Les sociétés françaises de recherche sous contrat (CROs) n’ont pas ménagé leur peine pour s’adapter.
 
Sous l’effet de la mainmise des méga CROs anglo-saxonnes sur les gros contrats, la délocalisation de la recherche clinique vers les pays émergents et la concurrence du public, leurs parts de marché ont fondu et leurs marges ont quasiment été divisées par quatre depuis 2008, selon les calculs des experts de Xerfi Precepta. Sans oublier l’impact de l’affaire Bial/Biotrial début 2016 sur la profession. Désormais, les CROs tricolores vont devoir composer avec les mutations technologiques à venir dans le monde de la santé, à la fois menaces et opportunités.
 
À la faveur de la progression des dépenses de R&D des laboratoires et des biotechs mais aussi du processus d’externalisation des essais cliniques, le chiffre d’affaires des CROs françaises sera toutefois un peu mieux orienté d’ici 2018 (+2% par an en moyenne). Cette hausse de l’activité sera néanmoins trop faible pour faire face à l’augmentation des principaux postes de charges, frais de personnel en tête. Dans ces conditions, le taux de résultat net des entreprises du panel Xerfi Precepta tombera à 2% en 2018.

Les CROs françaises se sont adaptées...

Prises en étau entre les Big CROs et la concurrence publique, les sociétés du panel Xerfi Precepta ont vu leur chiffre d’affaires augmenter au rythme de seulement 1,4% par an en moyenne depuis 2007. La refonte du crédit d’impôt recherche (CIR) en 2014 et la mise en place du contrat unique hospitalier (CUH) n’y sont bien sûr pas étrangères.
 
Malgré la nette dégradation des conditions de marché, certaines sociétés ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Les structures spécialisées dans la bio-statistique/ le data management ont ainsi dégagé des marges élevées, grâce à une demande dynamique et à une structure de coûts plus légères.
 
Parallèlement, tous segments confondus, certaines CROs se sont adaptées au durcissement de leur environnement en actionnant trois leviers. Le premier est la diversification des cibles de clientèle comme les fabricants de dispositifs médicaux, les industriels des cosmétiques ou de l’alimentaire et les biotechs. Pour répondre aux appels d’offre d’envergure internationale, l’internationalisation de l’activité est une autre voie explorée par les CROs françaises.
 
Enfin, certains acteurs se sont spécialisés dans une aire thérapeutique (oncologie, ophtalmologie, maladies neurodégénératives, etc.) ou dans la mise au point de modèles scientifiques originaux autour du développement très précoce de médicaments.

... mais devront composer demain avec les mutations technologiques

Au-delà, toutes les CROs vont être impactées par la profusion des données de santé qui offrent des opportunités mais présentent aussi des menaces substantielles. Dans ces conditions, l’écart va se creuser au profit des acteurs qui sauront tirer parti de ce nouvel actif essentiel constitué par les données.
 
Avec la connectivité toujours plus forte des objets et des individus, les données joueront ainsi forcément un rôle dans l’évaluation clinique des médicaments. L’ouverture des bases de données publiques de santé laisse envisager tout un ensemble de nouvelles opportunités en termes de recherche, d’innovation et de développements industriels.
 
Ce déluge de données entraînera inéluctablement des problèmes de stockage et d’exploitation que les CROs pourront résoudre en se dotant de plateformes d’intégration des données cliniques capables d’absorber, d’uniformiser et d’agréger des data collectées à partir de différents outils (e-tools).
 
 
De l’avis des experts de Xerfi Precepta, l’essor du numérique présente un triple intérêt. D’abord, il peut permettre d’évaluer l’efficacité des médicaments, une fois mis sur le marché, voire de mesurer l’observance des traitements par les patients. En clair, les laboratoires seront de plus en plus enclins à collaborer avec les CROs, en mesure de collecter les données des patients en vie réelle, afin de financer leurs médicaments innovants. Ensuite, le numérique va également faciliter l’accès à des plateformes de patients, ces derniers saisissant eux-mêmes leurs données. Enfin, l’open data va, entre autres, permettre d’améliorer le suivi épidémiologique des populations.
 
Si de nouveaux horizons s’ouvrent avec l’exploitation des données de santé, les CROs désireuses de devenir des experts de la data devront développer de nouvelles compétences et consentir de lourds investissements.
 
Elles devront également composer avec la concurrence des Big CROs mondiales, qui ont une longueur d’avance en la matière, et des géants de la high tech comme Google ou IBM. Ces derniers ont à la fois les moyens financiers et une forte légitimité dans la collecte et l’exploitation des données et ainsi vendre la problématique big data aux laboratoires.






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