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La maternité Saint-Vincent-de-Paul s’inscrit dans une démarche écoresponsable


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mercredi 22 Janvier 2025 à 09:31 | Lu 242 fois


Intégrée au Groupement des hôpitaux de l’institut catholique de Lille (GHICL), la maternité Saint-Vincent-de-Paul s’est engagée, depuis 2022, dans une démarche pour l’obtention du label THQSE (Très haute qualité sanitaire, sociale et environnementale). L’établissement a ainsi lancé toute une série de réflexions et d’actions, allant de la réduction des déchets à la formation des familles et des soignants, en passant par l’adoption de l’éconettoyage.



©GHICL
©GHICL
Engagée, depuis plusieurs années, dans une démarche de préservation de l’environnement, la maternité Saint-Vincent-de-Paul du Groupement des hôpitaux de l’institut catholique de Lille (GHICL) s’est lancée, à partir de juin 2022, dans une trajectoire de labélisation THQSE, pour Très haute qualité sanitaire, sociale et environnementale. Accompagnées par l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, et l’agence spécialisée Primum non nocere, les équipes de l’établissement se sont rapidement dotées d’un groupe de travail dédié. « Nous avons alors réfléchi de manière globale sur les circuits de la maternité, ainsi que sur les différentes actions à mettre en place pour réduire notre impact environnemental et améliorer notre impact social », se souvient Matthieu Rossi, sage-femme coordinateur général du pôle maternité gynéco-obstétrique, particulièrement impliqué sur le sujet. De ces réflexions est née une feuille de route, listant les principaux points d’amélioration visés.   

Un travail sur le recyclage des déchets

« Nous nous sommes d’abord concentrés sur le recyclage et la valorisation des nourettes », poursuit le responsable. Ces mini-biberons à usage unique, prêts à l’emploi et utilisés en maternité dans le cadre d’allaitements mixtes ou artificiels, étaient auparavant simplement jetés après la tétée. Aurès avoir consulté les laboratoires fournisseurs de nourettes, la maternité a pu mettre en place deux circuits de récupération de ces dispositifs qui sont donc, aujourd’hui, tous recyclés. 

Et ce n’est pas le seul chantier mené par les équipes de la maternité Saint-Vincent-de-Paul dans le cadre de la réduction et du recyclage des déchets. Après les nourettes, les équipes se sont penchées sur le tri des déchets, avec pour objectif notable de réduire le volume de ceux relevant de la filière DASRI (déchets d'activités de soins à risques infectieux). « En nous basant sur les travaux les plus récents, et notamment sur ceux de la Haute Autorité de Santé, nous avons pu réorienter certains déchets », explique le sage-femme, évoquant ici les déchets tachés de liquide biologique, désormais pris en charge dans le circuit des déchets ménagers et non plus dans celui des DASRI. 

« Les éléments à risque comme le placenta ou les compresses imbibées de sang continuent d’être traités en DASRI. La réorientation des déchets concerne uniquement des éléments non dangereux », tient à rassurer le soignant. Un discours qu’il a eu l’occasion de roder auprès des professionnels de santé de la maternité, qui doivent aujourd’hui s’adapter à cette nouvelle pratique. « Les habitudes sont difficiles à changer, mais nous avons communiqué sur le sujet, avec des explications en direct et par le biais d’affiches », se souvient Matthieu Rossi, qui constate aujourd’hui « une baisse significative de la production de déchets DASRI »

La suppression du formol

Les réflexions de la maternité en matière de réduction de l’impact environnemental ne se sont naturellement pas limitées aux déchets. Les équipes ont ainsi végétalisé une terrasse, installé des ruches, opté pour le nettoyage des sols sans chimie… (voir encadré). Ils se sont aussi penchés sur le bloc opératoire et obstétrical, lançant toute une démarche d’analyse du cycle de vie des instruments utilisés en salle de naissance, pour étudier le basculement vers du matériel stérile et limiter ainsi l’usage unique. 

Dans le bloc obstétrical, des changements ont aussi été opérés pour supprimer l’utilisation du formol, encore souvent privilégié pour conserver les pièces anatomiques, et notamment les placentas. Grâce à un appareil spécialisé de mise sous vide des tissus, ces pièces « ne nécessitent plus, aujourd’hui, d’être immergées dans le formol avant d’être transmises aux services d’anatomopathologie », explique Matthieu Rossi, notant le soulagement des équipes de « ne plus être confrontées à ce produit toxique »

Une réflexion sur les produits distribués

Limiter l’exposition aux produits toxiques, qu’il s’agisse du formol ou des produits lessiviels utilisés pour le nettoyage des sols, fait d’ailleurs partie des points centraux identifiés par la maternité dans le cadre de cette démarche. Au fil des réflexions, les membres du groupe de travail THQSE se sont également intéressés aux produits distribués aux parents et nouveau-nés lors de leur séjour. Shampoings, savons, couches… Tout a été passé au crible pour choisir les produits les plus « vertueux ». Pour les couches, la maternité s’est ainsi tournée vers une société française, qui lui livre désormais directement des produits « plus économiques et plus écologiques »

Les équipes de la maternité poursuivent aujourd’hui leurs travaux en formant et en informant les parents sur les risques liés aux produits et équipements utilisés, et notamment les risques d’une exposition des nouveau-nés aux ondes électromagnétiques. « Nous avons, par exemple, installé des pictogrammes sur les berceaux pour alerter les parents sur l’effet nocif des ondes électromagnétiques, et donc des portables, sur les cerveaux des nouveau-nés », illustre Matthieu Rossi. Elles alertent aussi sur les perturbateurs endocriniens, « qui peuvent avoir un effet délétère sur la santé », précise Jean-Philippe Willem, directeur adjoint du GHICL, en indiquant que le groupe « réalise des actions régulières de communication et d’études pour informer et sensibiliser sur ce sujet ».  

Réalisation d’un bilan carbone à l’échelle du GHICL

La maternité de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul n’est d’ailleurs pas le seul établissement du GHICL concerné par ces travaux. À l’échelle du groupement, une réflexion a aussi été lancée autour de trois axes : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la promotion de la santé par l’alimentation et la réduction des rejets toxiques et polluants. Un bilan carbone du groupe a d’ailleurs été réalisé dès 2022 dans le cadre du premier axe. 

« En regroupant un maximum de données de consommation de ressources, d'énergie, d’achat, de médicaments… et en les transformant en équivalent CO2, nous avons pu déterminer quels étaient les plus gros postes d’émission », explique Pierre-Emmanuel Lesoin, directeur adjoint des services techniques et responsable de la transition écologique du GHICL. « L'achat de médicaments et de dispositifs médicaux contribuait à près des deux tiers de notre empreinte carbone », souligne-t-il. Plusieurs actions ont alors été mises en œuvre pour réduire cet impact, par exemple en privilégiant, lorsque cela est possible, l’administration orale plutôt que par intraveineuse, qui pour sa part nécessite plus de matériel. 

Une initiative loin d’être isolée. Bien que ce type de mesure ne soit pas toujours facile à mettre en place, les projets se multiplient pour réduire l’empreinte carbone du groupement. « Certains sont certes complexes. Mais souvent, ce sont finalement des gestes simples, multipliés par les 100 000 hospitalisations et les 2 000 naissances annuelles du GHICL, qui finissent par avoir le plus d’impact, et plus largement le plus de sens », conclut, confiant, Jean-Philippe Willem. 

> Article paru dans Hospitalia #67, édition de décembre 2024, à lire ici  
 

L’éconettoyage des sols 

S’intéressant aux différentes solutions pour améliorer son impact environnemental, l’hôpital Saint-Vincent de Paul a choisi de développer l’éconettoyage des sols à la microfibre et l’eau dans plusieurs établissements du groupement. À l’essai depuis plus d’un an dans les chambres des urgences pédiatriques et dans quelques chambres de chirurgie pédiatrique, le dispositif a été étendu, en juin dernier, à l’ensemble de la maternité, chambres comme parties communes. « Il est prévu d’aller plus loin encore, en élargissant l’éconettoyage aux autres services d’hospitalisation dès le début de l’année 2025 », indique Franck Decrock, responsable hôtelier et logistique de l’hôpital Saint-Vincent de Paul. Car l’éconettoyage séduit grâce, notamment, à la suppression des produits lessiviels chimiques et à la réduction de la consommation d’eau dans les procédés de nettoyage des sols. 

« Composés de milliers de microfibres, les bandeaux “capturent” les colonies et bactéries qui sont ensuite éliminées lors du lavage en machine », poursuit le responsable, en insistant sur l’efficacité de ce procédé qui « ne désinfecte pas à l’eau » mais permet tout de même « d’ôter davantage de bactéries qu’un nettoyage chimique », en évitant notamment la création d’un chimiofilm. Le choix de cette technique relève aussi de la responsabilité sociale et environnementale, les bandeaux étant fabriqués à l’aide de plastiques recyclés par une société distante d’une dizaine de kilomètres de l’hôpital.

« Très faciles d’utilisation, ces solutions nécessitent néanmoins une adaptation des agents qui, au lieu d’appuyer sur le balai, doivent le faire glisser pour une utilisation optimale », ajoute Franck Decrock. Les troubles musculo-squelettiques liés à ces gestes sont donc plus limités, s’inscrivant là aussi dans une démarche sociale, à mettre en lien avec l’arrêt de l’utilisation des produits chimiques auxquels les agents étaient régulièrement exposés. 


Suppression des bouteilles plastiques 

Parmi toutes les initiatives lancées à la maternité de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul de Lille, la suppression des bouteilles plastiques est sûrement l’une des plus quantifiables. Grâce à l’installation de fontaines et de carafes, la maternité a totalement abandonné l’utilisation de bouteilles d’eau pour les professionnels de santé et les parents, dans les trois services des consultations, du bloc obstétrical et de la maternité. 

« À taux d’occupation plein, la dotation hebdomadaire du service maternité, qui regroupe 32 chambres, était d’une palette de bouteilles d’eau de 1,5 litre », détaille Franck Decrock, responsable hôtelier et logistique de l’hôpital. Celle-ci n’est aujourd’hui plus nécessaire. Les professionnels sont même incités à apporter leur propre gourde. Et la démarche plaît, car « elle a du sens », confie Matthieu Rossi, sage-femme coordinateur général du pôle maternité gynéco-obstétrique. 

Si l’initiative a été totalement généralisée au sein de la maternité, certains services de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul utilisent encore des bouteilles plastiques, mais ils devraient eux aussi sauter le pas dans les prochaines semaines. « L’objectif est d’arriver à une suppression totale des bouteilles d’eau en plastique d’ici le premier trimestre 2025 », explique Franck Decrock. 






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