« Tout a commencé un 24 décembre. Nous sommes allés voir la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) avec un projet d’unification des vacations et des postes en hygiène hospitalière pour le département du Vaucluse », se souvient le Dr Florence Pospisil, médecin hygiéniste au sein du Service de lutte contre les infections nosocomiales (SLIN) du Centre hospitalier d’Avignon et de l’InterClin 84. Nous étions alors en 1998. Vingt-cinq ans plus tard, le projet est toujours en place et regroupe la majorité des établissements de santé, publics comme privés, du département. « Jusqu’à la création de l’InterClin du Vaucluse, les missions d’hygiène hospitalière étaient souvent assurées par des vacations, ou des postes partagés avec d’autres services. La constitution d’une structure mutualisée a permis d’unifier ces temps de travail pour proposer des postes à temps plein ou à temps partiel », explique le Dr Florence Pospisil, insistant sur la nécessité de pouvoir proposer, aux professionnels de santé concernés, des conditions leur permettant de s’investir sur le long terme « pour instaurer une réelle confiance avec les équipes soignantes ».
Réorganisation des temps de travail
Dès 1999, soit quelques mois après l’installation de l’InterClin 84, plusieurs postes d’hygiénistes du département ont ainsi été fédérés et répartis entre les différents établissements de santé du territoire. L’InterClin compte aujourd’hui trois praticiens, tous basés au CH d’Avignon, et plusieurs infirmiers hygiénistes aux durées de travail variées : un infirmier à temps plein et deux IDE à 80 % rattachés au CH d’Avignon, une infirmière à 90 % pour l'équipe mobile d’hygiène consacrée aux EHPAD [voir encadré], et quatre infirmières réparties entre les hôpitaux de Cavaillon, Orange, Vaison-la-Romaine, Valréas, l'Isle-sur-Sorgue et Apt. « En parallèle, dans chaque établissement de santé privé, une infirmière référente, formée en hygiène, est aussi présente au moins une journée par mois », complète le Dr Florence Pospisil.
Un budget à l’équilibre
Financé par la DDASS pendant une dizaine d’années, ce système perdure depuis en autonomie. Il est désormais financé par les établissements de santé eux-mêmes, par le biais de cotisations lui permettant d’atteindre « un budget à l’équilibre », insiste la responsable de l’InterClin 84. « Cette association repose finalement sur un contrat passé entre les établissements concernés, et sur une relation de confiance. Une sensibilisation est donc nécessaire à chaque fois qu’un nouveau directeur arrive en poste dans l’un des établissements intégrés au projet », poursuit-elle. Si des initiatives similaires s’observent dans d’autres territoires, l’originalité de l’InterClin 84 réside dans son fonctionnement mutualisé à l’échelle d’un département entier – un mode lui-même permettant une meilleure couverture territoriale.
Les échanges entre les professionnels d’hygiène du département sont également facilités. Tous les mois, les membres de l’InterClin 84 se réunissent pour une matinée d’échange autour des formations suivies, mais aussi des problématiques rencontrées. « Nous rédigeons, par exemple, des trames de protocoles communes, que chacun peut adapter aux spécificités des établissements suivis », indique le Dr Pospisil en rappelant les quatre missions de l’InterClin du Vaucluse : la surveillance épidémiologique, la rédaction de protocoles, la formation et l’évaluation des pratiques. « Ces différentes étapes forment un ensemble cohérent, qui vise à réduire le risque infectieux », résume l’hygiéniste.
Les échanges entre les professionnels d’hygiène du département sont également facilités. Tous les mois, les membres de l’InterClin 84 se réunissent pour une matinée d’échange autour des formations suivies, mais aussi des problématiques rencontrées. « Nous rédigeons, par exemple, des trames de protocoles communes, que chacun peut adapter aux spécificités des établissements suivis », indique le Dr Pospisil en rappelant les quatre missions de l’InterClin du Vaucluse : la surveillance épidémiologique, la rédaction de protocoles, la formation et l’évaluation des pratiques. « Ces différentes étapes forment un ensemble cohérent, qui vise à réduire le risque infectieux », résume l’hygiéniste.
L’hygiène hospitalière plébiscitée
Et la démarche continue de séduire. L’équipe de l’InterClin observe ainsi une « augmentation des demandes en termes de temps hygiéniste, dans les établissements publics comme privés », se félicite la praticienne, qui explique notamment ce phénomène par la multiplication du nombre d’indicateurs intégrés à la certification HAS. « La crise sanitaire a également eu ici un impact fort, les établissements ayant pleinement réalisé l’importance clé de l'hygiène pour assurer la qualité des soins et éviter la transmission des infections », constate le Dr Florence Pospisil qui souhaite pouvoir, à l’avenir, augmenter le temps de présence des infirmières et des praticiens hygiénistes dans les établissements de santé du département. Mais, si l’appétence est bien réelle du côté des requérants, des freins subsistent pour attirer et fidéliser des professionnels formés. « Nous avons surtout des difficultés pour recruter sur le long terme. Or l’hygiène hospitalière a besoin d’un cadre pérenne. Cette stabilité est nécessaire pour que nous puissions mener nos missions en toute sérénité, mais aussi pour nous faire connaître auprès des professionnels de santé et nouer avec eux des liens durables », conclut l’hygiéniste.
Les EHPAD, nouveau champ d’action de l’InterClin 84
En 2018, l’InterClin 84 a créé une équipe mobile d’hygiène (EMH), qui intervient aujourd’hui dans 34 EHPAD du Vaucluse, et 6 EHPAD implantés au nord des Bouches-du-Rhône. « À l’origine, le projet prévoyait le suivi de 20 EHPAD par une infirmière hygiéniste à mi-temps. Mais, rapidement, d’autres établissements ont demandé à rejoindre le dispositif, portant leur nombre à 40 pour une seule infirmière hygiéniste exerçant à 90 % », explique le Dr Florence Pospisil, responsable de l’InterClin. Régulièrement, de nouveaux établissements cherchent à rejoindre le programme pour bénéficier de l’appui d’une infirmière hygiéniste de l’InterClin 84. Des souhaits auxquels il est aujourd’hui difficile de répondre. « Nous ne disposons clairement pas des financements nécessaires pour intervenir dans de nouvelles structures », insiste l’hygiéniste. Pour faire face aux sollicitations croissantes, l’InterClin 84 aimerait augmenter les effectifs de l’EMH, pour passer à deux infirmières. « Nous souhaiterions aussi pouvoir ajouter l’équivalent de 40 % de praticien hygiéniste », confie le Dr Florence Pospisil, pour qui l’intégration d’un tel profit serait notamment utile pour « la gestion des épidémies ».
En 2018, l’InterClin 84 a créé une équipe mobile d’hygiène (EMH), qui intervient aujourd’hui dans 34 EHPAD du Vaucluse, et 6 EHPAD implantés au nord des Bouches-du-Rhône. « À l’origine, le projet prévoyait le suivi de 20 EHPAD par une infirmière hygiéniste à mi-temps. Mais, rapidement, d’autres établissements ont demandé à rejoindre le dispositif, portant leur nombre à 40 pour une seule infirmière hygiéniste exerçant à 90 % », explique le Dr Florence Pospisil, responsable de l’InterClin. Régulièrement, de nouveaux établissements cherchent à rejoindre le programme pour bénéficier de l’appui d’une infirmière hygiéniste de l’InterClin 84. Des souhaits auxquels il est aujourd’hui difficile de répondre. « Nous ne disposons clairement pas des financements nécessaires pour intervenir dans de nouvelles structures », insiste l’hygiéniste. Pour faire face aux sollicitations croissantes, l’InterClin 84 aimerait augmenter les effectifs de l’EMH, pour passer à deux infirmières. « Nous souhaiterions aussi pouvoir ajouter l’équivalent de 40 % de praticien hygiéniste », confie le Dr Florence Pospisil, pour qui l’intégration d’un tel profit serait notamment utile pour « la gestion des épidémies ».
> Article paru dans Hospitalia #63, édition de décembre 2023, à lire ici