Le Pr Stéphane Perrey, directeur de l’unité de recherche et directeur adjoint de l’école doctorale Sciences du Mouvement Humain à l’Université de Montpellier. ©DR
Pour commencer, pourriez-vous nous présenter EuroMov Digital Health in Motion ?
Pr Stéphane Perrey : Cette unité de recherche née en janvier 2021 est fondée sur le croisement des savoirs, et s’attache plus particulièrement à trouver des synergies entre ceux développés dans le milieu des nouvelles technologies et du numérique par l’IMT Mines Alès – Centre d’enseignement et de Recherche en Informatique et Système –, et ceux relatifs à la santé et au sport issus de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) de l’Université de Montpellier. C’est un fait sans doute méconnu, mais les UFR STAPS sont plutôt actives sur le champ de la recherche scientifique. Leur principal objet d'étude est sans surprise le mouvement humain. C’est d’ailleurs tout l’objectif de l’école doctorale Sciences du Mouvement Humain, qui cherche à capturer ce mouvement par différents dispositifs, afin d’en étudier les déterminants physiologiques, psychologiques, biomécaniques, cognitifs et neurologiques.
Pourquoi ce rapprochement avec l’IMT d’Alès ?
Au-delà des considérations politiques – l’Université de Montpellier et l’IMT relevant de deux ministères différents –, la finalité recherchée est clairement scientifique. Nos équipes échangent depuis déjà plusieurs années et ont noué de nombreuses collaborations via notamment des codirections de doctorants. Nous avons souhaité aller plus loin et porter un projet commun, afin d’utiliser nos savoir-faire respectifs au profit de l’étude du mouvement et de la santé. L’unité de recherche EuroMov Digital Health in Motion s’est ainsi construite sur trois grands piliers scientifiques : les données, le mouvement humain, et la santé. Tous sont interconnectés et inscrits dans une démarche de fertilisation croisée. Nous avons ainsi pu mettre en place des projets pluridisciplinaires, dont l’objectif est de tendre vers l'interdisciplinarité pour notamment créer de nouveaux concepts et de nouveaux objets d'étude. Et cela est justement rendu possible par la complémentarité de nos savoirs et de nos approches.
Quelle place occupe la santé au sein de vos recherches ?
La santé, qu’elle porte sur le curatif, la rééducation ou encore le sport « prévention », représente la part majeure de notre activité. En témoigne l’intitulé même de cette nouvelle unité de recherche : EuroMov Digital Health in Motion. Nous avons néanmoins circonscrit notre champ de recherche sur le mouvement à trois cibles principales : la maladie de Parkinson, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et la schizophrénie. Nous travaillons ici sur la rééducation de ces patients et la prise en charge de leurs troubles, à travers le mouvement. Naturellement, tout cela s’effectue en lien étroit avec des établissements sanitaires locaux. Nos travaux sur les AVC, par exemple, sont menés dans le cadre d’une collaboration née il y a 15 ans avec les services de Médecine Physique et de Réadaptation des CHU de Nîmes et de Montpellier.
Comment fonctionnent vos recherches ?
Comme dans toute unité de recherche, nous montons des projets en interne ou répondons à des appels à projets nationaux, régionaux ou locaux. Chaque approche est ensuite différente, en fonction du contexte et du sujet à traiter. Si l'on prend le cas d’une personne touchée par un AVC, par exemple, nous allons étudier le plus précisément possible les degrés de récupération de cette personne, en plus des scores cliniques. Nous ne sommes pas médecins, mais nous pouvons contribuer à l'établissement de nouvelles modalités de réentraînement. Pour résumer, nous cherchons à apporter une métrique nouvelle, qui peut amener à développer de nouvelles formes de thérapie afin d’accélérer le processus de récupération. Les possibilités étudiées sont nombreuses : jeux sérieux, utilisation de paradigmes de stimulation cérébrale, etc. À chaque fois, nous effectuons auparavant des essais sur des groupes pilotes composés de personnes saines. Mais, même au-delà de ces groupes contrôles, nous testons toujours les approches chez des adultes sains.
Vous évoquiez plus haut les nouvelles technologies. Quelle part jouent-elles dans vos recherches ?
L'intégration des nouvelles technologies peut s’effectuer de deux manières, à travers des solutions logicielles d’aide à la décision ou de l'Internet des Objets. Ce dernier champ nous permet d’avoir accès à de nouveaux outils d'entraînement à la pratique ou à la rééducation. Pour le volet logiciel, le partenariat avec les équipes de l'IMT trouve ici tout son sens. Nous bénéficions en effet de leurs compétences en analyse et en traitement des données, à travers notamment des systèmes d'intelligence artificielle. Il faut savoir que nous mesurons de très nombreux paramètres durant nos recherches, ce qui engendre un nombre considérable de données. Nos collègues de l’IMT savent les apprécier et les analyser de manière poussée, mais aussi donner un nouveau sens à ces jeux de données grâce aux méthodes d'intelligence artificielle. En utilisant les méthodes d'apprentissage profond, le deep learning, nous arrivons par exemple à exploiter les signaux du cerveau, ce qui est notamment bénéfique pour mieux comprendre la plasticité cérébrale et in fine permettre le dialogue avec des personnes cérébro-lésées.
L’unité de recherche EuroMov Digital Health in Motion accueille également des start-ups. Pourquoi ?
Développer des liens avec le secteur privé nous permet de valoriser nos travaux tout en accompagnant le développement d’entreprises nouvelles, à la fois sur le site de Montpellier que sur celui d’Alès. Nous nous sommes ainsi fixé comme objectif qu’au moins un tiers de nos travaux aient un transfert technologique possible vers le milieu industriel. Cela peut aussi bien concerner des systèmes purement informatiques, que des capteurs, des objets connectés, etc. L’une des start-ups incubées vise, par exemple, à développer des activités physiques adaptées pour les personnes diabétiques, en utilisant des outils connectés et des méthodes d’intelligence artificielle pour assurer un suivi optimal. Ce type de projets permet de rendre nos travaux plus concrets. Ces start-ups constituent en outre une source de financement supplémentaire, et attirent des étudiants souhaitant travailler dans le secteur privé. Ces liens directs avec le monde de l’entreprise sont d’ailleurs bénéfiques pour tous les étudiants, et favorisent leur insertion professionnelle. Tout le monde y gagne, les chercheurs, les entreprises, et plus largement le monde de la santé.
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.
Pr Stéphane Perrey : Cette unité de recherche née en janvier 2021 est fondée sur le croisement des savoirs, et s’attache plus particulièrement à trouver des synergies entre ceux développés dans le milieu des nouvelles technologies et du numérique par l’IMT Mines Alès – Centre d’enseignement et de Recherche en Informatique et Système –, et ceux relatifs à la santé et au sport issus de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) de l’Université de Montpellier. C’est un fait sans doute méconnu, mais les UFR STAPS sont plutôt actives sur le champ de la recherche scientifique. Leur principal objet d'étude est sans surprise le mouvement humain. C’est d’ailleurs tout l’objectif de l’école doctorale Sciences du Mouvement Humain, qui cherche à capturer ce mouvement par différents dispositifs, afin d’en étudier les déterminants physiologiques, psychologiques, biomécaniques, cognitifs et neurologiques.
Pourquoi ce rapprochement avec l’IMT d’Alès ?
Au-delà des considérations politiques – l’Université de Montpellier et l’IMT relevant de deux ministères différents –, la finalité recherchée est clairement scientifique. Nos équipes échangent depuis déjà plusieurs années et ont noué de nombreuses collaborations via notamment des codirections de doctorants. Nous avons souhaité aller plus loin et porter un projet commun, afin d’utiliser nos savoir-faire respectifs au profit de l’étude du mouvement et de la santé. L’unité de recherche EuroMov Digital Health in Motion s’est ainsi construite sur trois grands piliers scientifiques : les données, le mouvement humain, et la santé. Tous sont interconnectés et inscrits dans une démarche de fertilisation croisée. Nous avons ainsi pu mettre en place des projets pluridisciplinaires, dont l’objectif est de tendre vers l'interdisciplinarité pour notamment créer de nouveaux concepts et de nouveaux objets d'étude. Et cela est justement rendu possible par la complémentarité de nos savoirs et de nos approches.
Quelle place occupe la santé au sein de vos recherches ?
La santé, qu’elle porte sur le curatif, la rééducation ou encore le sport « prévention », représente la part majeure de notre activité. En témoigne l’intitulé même de cette nouvelle unité de recherche : EuroMov Digital Health in Motion. Nous avons néanmoins circonscrit notre champ de recherche sur le mouvement à trois cibles principales : la maladie de Parkinson, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et la schizophrénie. Nous travaillons ici sur la rééducation de ces patients et la prise en charge de leurs troubles, à travers le mouvement. Naturellement, tout cela s’effectue en lien étroit avec des établissements sanitaires locaux. Nos travaux sur les AVC, par exemple, sont menés dans le cadre d’une collaboration née il y a 15 ans avec les services de Médecine Physique et de Réadaptation des CHU de Nîmes et de Montpellier.
Comment fonctionnent vos recherches ?
Comme dans toute unité de recherche, nous montons des projets en interne ou répondons à des appels à projets nationaux, régionaux ou locaux. Chaque approche est ensuite différente, en fonction du contexte et du sujet à traiter. Si l'on prend le cas d’une personne touchée par un AVC, par exemple, nous allons étudier le plus précisément possible les degrés de récupération de cette personne, en plus des scores cliniques. Nous ne sommes pas médecins, mais nous pouvons contribuer à l'établissement de nouvelles modalités de réentraînement. Pour résumer, nous cherchons à apporter une métrique nouvelle, qui peut amener à développer de nouvelles formes de thérapie afin d’accélérer le processus de récupération. Les possibilités étudiées sont nombreuses : jeux sérieux, utilisation de paradigmes de stimulation cérébrale, etc. À chaque fois, nous effectuons auparavant des essais sur des groupes pilotes composés de personnes saines. Mais, même au-delà de ces groupes contrôles, nous testons toujours les approches chez des adultes sains.
Vous évoquiez plus haut les nouvelles technologies. Quelle part jouent-elles dans vos recherches ?
L'intégration des nouvelles technologies peut s’effectuer de deux manières, à travers des solutions logicielles d’aide à la décision ou de l'Internet des Objets. Ce dernier champ nous permet d’avoir accès à de nouveaux outils d'entraînement à la pratique ou à la rééducation. Pour le volet logiciel, le partenariat avec les équipes de l'IMT trouve ici tout son sens. Nous bénéficions en effet de leurs compétences en analyse et en traitement des données, à travers notamment des systèmes d'intelligence artificielle. Il faut savoir que nous mesurons de très nombreux paramètres durant nos recherches, ce qui engendre un nombre considérable de données. Nos collègues de l’IMT savent les apprécier et les analyser de manière poussée, mais aussi donner un nouveau sens à ces jeux de données grâce aux méthodes d'intelligence artificielle. En utilisant les méthodes d'apprentissage profond, le deep learning, nous arrivons par exemple à exploiter les signaux du cerveau, ce qui est notamment bénéfique pour mieux comprendre la plasticité cérébrale et in fine permettre le dialogue avec des personnes cérébro-lésées.
L’unité de recherche EuroMov Digital Health in Motion accueille également des start-ups. Pourquoi ?
Développer des liens avec le secteur privé nous permet de valoriser nos travaux tout en accompagnant le développement d’entreprises nouvelles, à la fois sur le site de Montpellier que sur celui d’Alès. Nous nous sommes ainsi fixé comme objectif qu’au moins un tiers de nos travaux aient un transfert technologique possible vers le milieu industriel. Cela peut aussi bien concerner des systèmes purement informatiques, que des capteurs, des objets connectés, etc. L’une des start-ups incubées vise, par exemple, à développer des activités physiques adaptées pour les personnes diabétiques, en utilisant des outils connectés et des méthodes d’intelligence artificielle pour assurer un suivi optimal. Ce type de projets permet de rendre nos travaux plus concrets. Ces start-ups constituent en outre une source de financement supplémentaire, et attirent des étudiants souhaitant travailler dans le secteur privé. Ces liens directs avec le monde de l’entreprise sont d’ailleurs bénéfiques pour tous les étudiants, et favorisent leur insertion professionnelle. Tout le monde y gagne, les chercheurs, les entreprises, et plus largement le monde de la santé.
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.