L’association HIMSS a été créée dans les années 60. Pourriez-vous nous la présenter ?
Jean-François Goglin : HIMSS est une organisation américaine, indépendante et à but non lucratif, fondée en 1961. Son objectif, celui qui sous-tend toutes ses actions, est avant tout de promouvoir l’amélioration continue des systèmes de santé, afin qu’ils puissent atteindre leur plein potentiel au bénéfice des citoyens du monde. Pour ce faire, cette association installée à Chicago travaille à optimiser l’utilisation des technologies dans un environnement de soins de santé. Dans cette optique, elle y tient d’ailleurs chaque année l’un des plus importants congrès mondiaux en matière de e-santé. En parallèle, HIMSS a développé sept modèles de maturité informatique dédiés au monde de la santé, pour justement impulser et accompagner une dynamique d’amélioration continue.
Quels objectifs visent plus particulièrement ces référentiels ?
L’idée de disposer de modèles de maturité est née très tôt, car l’on ne peut améliorer que ce que l'on peut mesurer. Sept modèles existent à ce jour, relatifs au pilotage des données, la continuité des soins, l’approvisionnement, l’infrastructure, la radiologie, le dossier patient informatisé (DPI) et l’ambulatoire. Chacun possède plusieurs niveaux, allant de 0 à 7. Bien qu’encore peu connus en France, ces référentiels sont très utilisés à travers le globe : 830 millions de personnes dans le monde sont prises en charge par des hôpitaux s’appuyant sur une ou plusieurs échelles HIMSS. Et plus de 10 100 hôpitaux ont passé des évaluations portant sur les modèles de maturité développés par l’association.
Qu’en est-il de la France ?
Comme je l’évoquais plus haut, ces référentiels sont encore peu connus dans notre pays. Nous n’en sommes qu’au début de l’histoire, et la dynamique prend progressivement. Douze établissements français se sont déjà engagés volontairement dans cette démarche d'évaluation et d'amélioration de la qualité. Ils ont pu s’autoévaluer sur la plateforme HIMSS, pour obtenir leur score complété d’un rapport détaillé permettant de mieux le comprendre. Cela n’est pas encore le cas en France, mais un établissement atteignant le niveau 6 ou 7 peut prétendre à une certification HIMSS. Un collaborateur HIMSS se rendra alors sur place pour constater les éléments déclarés.
Sommes-nous donc en retard ?
Non, la France n'est pas réellement en retard. Certes, nous ne nous intéressons aux modèles de maturité que depuis quelques années seulement mais, contrairement à d'autres pays européens, les pouvoirs publics, et notamment le ministère de la Santé, ont mis en œuvre depuis déjà plusieurs années des plateformes visant des objectifs similaires. C’est notamment le cas de la plateforme oSIS, qui comporte un certain nombre d'indicateurs régulièrement alimentés par les établissements de santé. Mais l’avantage de référentiels tels que ceux développés par HIMSS réside dans la possibilité de s'évaluer à l’échelle mondiale.
Quels sont les autres atouts de cette démarche internationale ?
Le premier intérêt, c'est de savoir où en est l’établissement par rapport à son système d'information sur le modèle considéré. Il peut s’évaluer et suivre ainsi sa progression, en vue d’améliorer la qualité de ses organisations. Pour les établissements qui prétendent à la certification HIMSS, et qui affichent donc des notes de 6 ou 7 sur une échelle de maturité, HIMSS leur permet également d’être reconnus au niveau mondial. Alors que les hôpitaux rencontrent d’importants problèmes en matière d’attractivité, une telle certification est intéressante, tant pour recruter des professionnels que par rapport aux patients.
Quels sont les liens des référentiels HIMSS avec MaturiN-H, relatif à la maturité numérique des établissements hospitaliers ?
Un référentiel HIMSS démontre l'excellence du système d'information, sa qualité et sa maturité. Or MaturiN-H vise lui aussi à mesurer la qualité d'un établissement sur le volet numérique. Il a donc été choisi d'y intégrer plusieurs éléments existants sur ce même champ, comme des référentiels à visée internationale tels que ceux de HIMSS. Depuis deux ans, l’association a ainsi signé un partenariat stratégique avec le ministère de la Santé pour que MaturiN-H embarque les indicateurs propres aux échelles Electronic Medical Record Adoption Model (EMRAM), dédiée au DPI, et Outpatient Electronic Medical Record Adoption Model (O-EMRAM), propre à l’ambulatoire. Dès sa généralisation, prévue pour fin 2023 ou début 2024, le référentiel MaturiN-H permettra donc aux établissements de saisir leurs informations et d’obtenir, sur cette base, le score les concernant.
Ces actions auront-elles un coût pour les établissements ?
La saisie dans MaturiN-H et l’édition du score n’auront pas de coûts. Mais l’obtention d’un rapport complet ou la demande d’une certification HIMSS continueront à être effectuées de manière directe auprès de l’association elle-même. Le coût dépendra donc ici de la demande. Quoi qu’il en soit, l’objectif de HIMSS est aussi de faire gagner de l’argent aux établissements, en faisant en sorte que le système d’information devienne un vecteur de création de valeur, plutôt qu’une source de coût. En réduisant le nombre d'erreurs, en maximisant les consommations et les parcours… un système d’information plus mature permettra d’optimiser plusieurs volets dans une optique médico-économique.
Quels sont les bénéfices d’une telle approche pour le monde de la e-santé ?
En s’appuyant sur plusieurs piliers parmi lesquels des référentiels de sécurité, de bonnes pratiques, d’organisation ou encore d’engagement du patient, les échelles de maturité favorisent l’accroissement de la qualité dans tous les domaines. Cette dynamique est bénéfique à plusieurs niveaux car, qu’il s’agisse de HIMSS ou de Maturin-H, les établissements de santé sont ainsi incités à s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue structurée. Et ce chemin vers une qualité renforcée se fera tout naturellement avec les autres acteurs du numérique en santé. Les établissements qui seraient par exemple pénalisés à cause d’un volet de la solution les équipant pourront entamer des discussions avec leur fournisseur pour faire progresser son offre. Je suis pour ma part convaincu que le développement de référentiels sera propice à l’évolution de toute l'offre industrielle des éditeurs français.
Article publié dans l'édition de septembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.
Jean-François Goglin : HIMSS est une organisation américaine, indépendante et à but non lucratif, fondée en 1961. Son objectif, celui qui sous-tend toutes ses actions, est avant tout de promouvoir l’amélioration continue des systèmes de santé, afin qu’ils puissent atteindre leur plein potentiel au bénéfice des citoyens du monde. Pour ce faire, cette association installée à Chicago travaille à optimiser l’utilisation des technologies dans un environnement de soins de santé. Dans cette optique, elle y tient d’ailleurs chaque année l’un des plus importants congrès mondiaux en matière de e-santé. En parallèle, HIMSS a développé sept modèles de maturité informatique dédiés au monde de la santé, pour justement impulser et accompagner une dynamique d’amélioration continue.
Quels objectifs visent plus particulièrement ces référentiels ?
L’idée de disposer de modèles de maturité est née très tôt, car l’on ne peut améliorer que ce que l'on peut mesurer. Sept modèles existent à ce jour, relatifs au pilotage des données, la continuité des soins, l’approvisionnement, l’infrastructure, la radiologie, le dossier patient informatisé (DPI) et l’ambulatoire. Chacun possède plusieurs niveaux, allant de 0 à 7. Bien qu’encore peu connus en France, ces référentiels sont très utilisés à travers le globe : 830 millions de personnes dans le monde sont prises en charge par des hôpitaux s’appuyant sur une ou plusieurs échelles HIMSS. Et plus de 10 100 hôpitaux ont passé des évaluations portant sur les modèles de maturité développés par l’association.
Qu’en est-il de la France ?
Comme je l’évoquais plus haut, ces référentiels sont encore peu connus dans notre pays. Nous n’en sommes qu’au début de l’histoire, et la dynamique prend progressivement. Douze établissements français se sont déjà engagés volontairement dans cette démarche d'évaluation et d'amélioration de la qualité. Ils ont pu s’autoévaluer sur la plateforme HIMSS, pour obtenir leur score complété d’un rapport détaillé permettant de mieux le comprendre. Cela n’est pas encore le cas en France, mais un établissement atteignant le niveau 6 ou 7 peut prétendre à une certification HIMSS. Un collaborateur HIMSS se rendra alors sur place pour constater les éléments déclarés.
Sommes-nous donc en retard ?
Non, la France n'est pas réellement en retard. Certes, nous ne nous intéressons aux modèles de maturité que depuis quelques années seulement mais, contrairement à d'autres pays européens, les pouvoirs publics, et notamment le ministère de la Santé, ont mis en œuvre depuis déjà plusieurs années des plateformes visant des objectifs similaires. C’est notamment le cas de la plateforme oSIS, qui comporte un certain nombre d'indicateurs régulièrement alimentés par les établissements de santé. Mais l’avantage de référentiels tels que ceux développés par HIMSS réside dans la possibilité de s'évaluer à l’échelle mondiale.
Quels sont les autres atouts de cette démarche internationale ?
Le premier intérêt, c'est de savoir où en est l’établissement par rapport à son système d'information sur le modèle considéré. Il peut s’évaluer et suivre ainsi sa progression, en vue d’améliorer la qualité de ses organisations. Pour les établissements qui prétendent à la certification HIMSS, et qui affichent donc des notes de 6 ou 7 sur une échelle de maturité, HIMSS leur permet également d’être reconnus au niveau mondial. Alors que les hôpitaux rencontrent d’importants problèmes en matière d’attractivité, une telle certification est intéressante, tant pour recruter des professionnels que par rapport aux patients.
Quels sont les liens des référentiels HIMSS avec MaturiN-H, relatif à la maturité numérique des établissements hospitaliers ?
Un référentiel HIMSS démontre l'excellence du système d'information, sa qualité et sa maturité. Or MaturiN-H vise lui aussi à mesurer la qualité d'un établissement sur le volet numérique. Il a donc été choisi d'y intégrer plusieurs éléments existants sur ce même champ, comme des référentiels à visée internationale tels que ceux de HIMSS. Depuis deux ans, l’association a ainsi signé un partenariat stratégique avec le ministère de la Santé pour que MaturiN-H embarque les indicateurs propres aux échelles Electronic Medical Record Adoption Model (EMRAM), dédiée au DPI, et Outpatient Electronic Medical Record Adoption Model (O-EMRAM), propre à l’ambulatoire. Dès sa généralisation, prévue pour fin 2023 ou début 2024, le référentiel MaturiN-H permettra donc aux établissements de saisir leurs informations et d’obtenir, sur cette base, le score les concernant.
Ces actions auront-elles un coût pour les établissements ?
La saisie dans MaturiN-H et l’édition du score n’auront pas de coûts. Mais l’obtention d’un rapport complet ou la demande d’une certification HIMSS continueront à être effectuées de manière directe auprès de l’association elle-même. Le coût dépendra donc ici de la demande. Quoi qu’il en soit, l’objectif de HIMSS est aussi de faire gagner de l’argent aux établissements, en faisant en sorte que le système d’information devienne un vecteur de création de valeur, plutôt qu’une source de coût. En réduisant le nombre d'erreurs, en maximisant les consommations et les parcours… un système d’information plus mature permettra d’optimiser plusieurs volets dans une optique médico-économique.
Quels sont les bénéfices d’une telle approche pour le monde de la e-santé ?
En s’appuyant sur plusieurs piliers parmi lesquels des référentiels de sécurité, de bonnes pratiques, d’organisation ou encore d’engagement du patient, les échelles de maturité favorisent l’accroissement de la qualité dans tous les domaines. Cette dynamique est bénéfique à plusieurs niveaux car, qu’il s’agisse de HIMSS ou de Maturin-H, les établissements de santé sont ainsi incités à s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue structurée. Et ce chemin vers une qualité renforcée se fera tout naturellement avec les autres acteurs du numérique en santé. Les établissements qui seraient par exemple pénalisés à cause d’un volet de la solution les équipant pourront entamer des discussions avec leur fournisseur pour faire progresser son offre. Je suis pour ma part convaincu que le développement de référentiels sera propice à l’évolution de toute l'offre industrielle des éditeurs français.
Article publié dans l'édition de septembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.