Comment est née cette étude clinique ?
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : Tout est parti d’un constat : les casques de réalité virtuelle sont de plus en plus utilisés auprès des personnes âgées, mais se concentrent essentiellement sur une approche ludique. L’impact en termes de qualité de vie est certes positif, mais ne serait-il pas également possible d’utiliser cette technologie comme support thérapeutique ? Ce point nous a semblé intéressant à creuser, d’autant que de nombreux résidents d’EHPAD/USLD souffrent de troubles de l’humeur, pour lesquels la thérapie par réminiscence – qui consiste à rappeler à la personne des souvenirs en lui présentant des objets de son passé – a montré de bons résultats. L’étude clinique « Réminiscence et Émotions » entend donc évaluer la pertinence de la thérapie par réminiscence en réalité virtuelle dans ce cadre précis.
Cassandra Quin : Nous avons retenu l’approche d’une étude multicentrique randomisée avec, d’une part, un groupe de résidents bénéficiant de vidéos personnalisées filmées sur leurs anciens lieux de vie ou des lieux connus, et de l’autre un groupe de contrôle, auprès duquel sont projetées des vidéos non personnalisées. Lancée en décembre 2020, l’étude clinique est menée auprès de 4 EHPAD et USLD et a déjà permis d’inclure 27 résidents sur les 30 prévus. À chaque fois, je réalise une anamnèse auprès du résident, en lien avec les familles et les équipes soignantes, ce qui me permet d’ailleurs d’identifier les lieux susceptibles de réveiller la mémoire et les émotions des personnes incluses dans le groupe Réminiscence. Tous bénéficient ensuite de sessions de réalité virtuelle deux fois par semaine, et les changements d’humeur et/ou de comportements sont surveillés et décrits par leurs soignants.
Justement, quelles sont vos conclusions à ce jour ?
Cassandra Quin : Nous n’avons pas encore analysé les résultats, car l’étude clinique n’arrivera à son terme que fin mars 2023. En revanche, nous avons déjà de premières observations cliniques, et avons été surprises de constater que la réalité virtuelle avait des effets positifs auprès des deux groupes. Cela reste naturellement à quantifier, mais la technologie a, semble-t-il, un réel intérêt qui va au-delà des seuls des résidents souffrant de troubles dépressifs, anxieux ou apathiques.
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : D’autres paramètres devraient probablement être pris en compte pour expliquer ces résultats. Peut-être y a-t-il aussi un effet de surprise face à une technologie nouvelle et très immersive. Il est également possible que le cadre général de l’étude pilote soit lui-même favorisant, avec une meilleure prise en considération de la personne et de son histoire de vie, et la tenue d’une activité qui vient rompre la routine du quotidien. Toujours est-il que la thérapie par réminiscence en réalité virtuelle pourrait trouver sa place dans l’arsenal des thérapies non médicamenteuses. Il faudrait alors établir un processus protocolisé et des indicateurs qui permettraient de l’évaluer avec rigueur, un chantier sur lequel nous pourrions travailler dans un deuxième temps.
Article publié dans l'édition de février 2023 d'Hospitalia à lire ici.
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : Tout est parti d’un constat : les casques de réalité virtuelle sont de plus en plus utilisés auprès des personnes âgées, mais se concentrent essentiellement sur une approche ludique. L’impact en termes de qualité de vie est certes positif, mais ne serait-il pas également possible d’utiliser cette technologie comme support thérapeutique ? Ce point nous a semblé intéressant à creuser, d’autant que de nombreux résidents d’EHPAD/USLD souffrent de troubles de l’humeur, pour lesquels la thérapie par réminiscence – qui consiste à rappeler à la personne des souvenirs en lui présentant des objets de son passé – a montré de bons résultats. L’étude clinique « Réminiscence et Émotions » entend donc évaluer la pertinence de la thérapie par réminiscence en réalité virtuelle dans ce cadre précis.
Cassandra Quin : Nous avons retenu l’approche d’une étude multicentrique randomisée avec, d’une part, un groupe de résidents bénéficiant de vidéos personnalisées filmées sur leurs anciens lieux de vie ou des lieux connus, et de l’autre un groupe de contrôle, auprès duquel sont projetées des vidéos non personnalisées. Lancée en décembre 2020, l’étude clinique est menée auprès de 4 EHPAD et USLD et a déjà permis d’inclure 27 résidents sur les 30 prévus. À chaque fois, je réalise une anamnèse auprès du résident, en lien avec les familles et les équipes soignantes, ce qui me permet d’ailleurs d’identifier les lieux susceptibles de réveiller la mémoire et les émotions des personnes incluses dans le groupe Réminiscence. Tous bénéficient ensuite de sessions de réalité virtuelle deux fois par semaine, et les changements d’humeur et/ou de comportements sont surveillés et décrits par leurs soignants.
Justement, quelles sont vos conclusions à ce jour ?
Cassandra Quin : Nous n’avons pas encore analysé les résultats, car l’étude clinique n’arrivera à son terme que fin mars 2023. En revanche, nous avons déjà de premières observations cliniques, et avons été surprises de constater que la réalité virtuelle avait des effets positifs auprès des deux groupes. Cela reste naturellement à quantifier, mais la technologie a, semble-t-il, un réel intérêt qui va au-delà des seuls des résidents souffrant de troubles dépressifs, anxieux ou apathiques.
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : D’autres paramètres devraient probablement être pris en compte pour expliquer ces résultats. Peut-être y a-t-il aussi un effet de surprise face à une technologie nouvelle et très immersive. Il est également possible que le cadre général de l’étude pilote soit lui-même favorisant, avec une meilleure prise en considération de la personne et de son histoire de vie, et la tenue d’une activité qui vient rompre la routine du quotidien. Toujours est-il que la thérapie par réminiscence en réalité virtuelle pourrait trouver sa place dans l’arsenal des thérapies non médicamenteuses. Il faudrait alors établir un processus protocolisé et des indicateurs qui permettraient de l’évaluer avec rigueur, un chantier sur lequel nous pourrions travailler dans un deuxième temps.
Article publié dans l'édition de février 2023 d'Hospitalia à lire ici.