Philippe El Saïr, Directeur Général
Quelles sont, à votre sens, les principales spécificités du CHRU de Brest ?
Philippe El Saïr : Il se démarque, pour l’essentiel, par deux traits qui constituent autant d’atouts : une politique territoriale particulièrement affirmée, et une stratégie globale tournée vers l’innovation. L’inscription du CHRU dans une dynamique de coopérations inter- hospitalières est ancienne, puisqu’elle démarre par la fusion avec l’hôpital de Carhaix en 2009 avant de se poursuivre par la constitution d’une Communauté Hospitalière de Territoire en 2011, prélude au GHT de Bretagne Occidentale créé en 2016. Celui-ci intègre également l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Clermont-Tonnerre, avec lequel un protocole d’accord a été signé en 2016 pour donner naissance au premier Ensemble Hospitalier Civil et Militaire.
Comment s’illustre aujourd’hui cette politique de territoria- lisation accrue ?
Sur le plan des soins, elle voit actuellement 21% des praticiens du CHRU toutes disciplines confondus, soit 30% des effectifs des services médicaux et chirurgicaux, réaliser un exercice partagé, y compris sur des sites hors GHT. Il s’agit, notamment, de consolider l’offre publique hospitalière dans l’ouest breton, en particulier dans les zones fragilisées du centre Bretagne, du bassin de Morlaix et de la presqu’île de Crozon. Le groupement coopératif de recherche clinique RIMBO prolonge cette politique en matière de recherche clinique. Il permet par exemple d’installer des antennes du Centre d’Investigation Clinique (CIC) dans les CH de Quimper et de Morlaix et à l’HIA, pour faciliter l’accès de la population aux essais cliniques. Sans oublier les conventions d’association signées avec l’Union Hospitalière de Cornouaille, le GHT Bretagne Sud et le GHT Armor, ou encore la participation active du CHRU au groupement des Hôpitaux Universitaires du Grand Ouest (HUGO) qui vise à renforcer les complémentarités entre les CHU/CHR du Grand Ouest.
Quid de la seconde caractéristique majeure du CHRU de Brest, à savoir une stratégie tournée vers l’innovation ?
Il s’agit ici de promouvoir un état d’esprit qui permette de faire émerger des idées nouvelles : le CHRU est attentif à ce que tous ses salariés, sans considérations hiérarchiques, puissent être force de proposition. Cette culture vise in fine à redéfinir nos métiers et permettre le développement personnel. De façon traditionnelle, cette ambition se traduit, en accord avec l’Université de Bretagne Occidentale, par un soutien volontariste à la recherche, à travers la constitution de trois unités labellisées par l’INSERM et cinq équipes d’accueil universitaire, de deux Fédérations hospitalo-universitaires (FHU) en hématologie (GOAL) et en technologies de la santé (TECHSAN), et du pro- gramme de recherche hospitalo-universitaire (RHU) Follow-Knee de prothèse de genou connectée. Sur un autre registre, le CHRU de Brest collabore également avec une douzaine de start-up du territoire pour soutenir le développement d’innovations thérapeutiques et diagnostiques.
Le CHRU porte donc une politique visant à promouvoir l’innovation sous toutes ses formes. Pouvez-vous nous citer quelques exemples ?
Sur le plan organisationnel, j’évoquerai notamment l’ouverture, en février dernier, d’un centre médical ambulatoire regroupant dix spécialités, mais aussi le développement de la récupération rapide après chirurgie (RRAC) et la promotion de nouveaux métiers, à l’instar des infirmiers de parcours. En matière architecturale, le CHRU de Brest s’attache à favoriser une approche plus expressive et plus chaleureuse, qui prenne en compte l’expérience du patient et son entourage. S’agissant des services, une vive attention est portée à la simplification de l’hôpital dont l’usage reste parfois complexe. Elle s’illustre, entre autres, par un mouvement fort de digitalisation, par exemple pour généraliser la prise de rendez-vous en ligne ou dématérialiser les comptes-rendus médicaux et les résultats d’examens (radiologie, biologie, médecine nucléaire).
Qu’en est-il du CHRU de Brest demain ?
Il continuera d’appuyer les projets portés par ses équipes pour susciter une logique de développement : investissement dans des équipements de pointe, accompagnement humain des projets de réorganisations, etc. Le CHRU demeurera par ailleurs un acteur en mouvement, ainsi que l’atteste son projet de modernisation à hauteur de 376 millions d’euros engagés sur 15 ans. Quatre axes seront ici plus particulièrement privilégiés : la mise en œuvre du projet médical partagé (regroupement des réanimations à l’hôpital de la Cavale Blanche, intégration des activités chirurgicales de l’HIA, ...), la densification de l’hôpital de la Cavale Blanche avec, notamment, l’ouverture d’un centre de chirurgie ambulatoire en 2020 et d’un Institut de cancérologie et d’imagerie en 2022, le recentrage de l’hôpital de Morvan sur une activité de centre-ville, et la modernisation de la prise en charge du sujet âgé. Le CHRU de Brest s’attachera également à accroître sa signature recherche, en lien étroit avec l’Université de Bretagne Occidentale, tant au sein du réseau HUGO qu’à travers la recherche d’une labellisation INSERM de deux équipes d’accueil, pour la thrombose et le prurit. Il renforcera enfin ses liens avec les start-up du territoire, mais aussi avec le Technopôle de la métropole brestoise pour faire émerger des projets nouveaux et réaffirmer son rôle de CHU créateur de valeur.
UN PATRIMOINE REBATI APRÈS LA SECONDE GUERRE MONDIALE
• Dès le XIIIème siècle s’élevait un Hôtel-Dieu placé sous le patronage de Saint-Yves, dont l’origine exacte nous est inconnue. Il fonctionne jusqu’à l’ouverture, en 1708, de l’hôpital de la rue Traverse. Un autre hôpital, dédié à Sainte-Catherine, était situé sur la rive droite de la Recouvrance. Il est remplacé en 1745 par l’hôpital Saint-Sauveur, qui ferme ses portes sous la Révolution pour être réuni à l’hôpital de la rue Traverse.
• Celui-ci s’agrandit progressivement mais est entièrement détruit par des bombardements en 1941. Ses services sont transférés à l’hospice Delcourt-Ponchelet, édifié à la fin du XIXème siècle et qui devient alors l'hôpital Ponchelet.
• Avant leur destruction, les bâtiments de la rue Traverse étaient déjà vétuste. La construction d’un nouvel hôpital est lancée en 1937, et l’hôpital Augustin-Morvan accueille ses premiers patients en 1953. Il est promu CHR en 1966 avant d’être labellisé CHU la même année. L’hôpital de la Cavale Blanche ouvre quant à lui ses portes en 1996.
Sources : « Pulsations », magazine du CHU de Brest, numéros 33 (juillet 2003) et 34 (octobre 2003).
Interview réalisée par Joëlle Hayek dans le numéro 43 d'Hospitalia, magazine à consulter en intégralité ici .
• Dès le XIIIème siècle s’élevait un Hôtel-Dieu placé sous le patronage de Saint-Yves, dont l’origine exacte nous est inconnue. Il fonctionne jusqu’à l’ouverture, en 1708, de l’hôpital de la rue Traverse. Un autre hôpital, dédié à Sainte-Catherine, était situé sur la rive droite de la Recouvrance. Il est remplacé en 1745 par l’hôpital Saint-Sauveur, qui ferme ses portes sous la Révolution pour être réuni à l’hôpital de la rue Traverse.
• Celui-ci s’agrandit progressivement mais est entièrement détruit par des bombardements en 1941. Ses services sont transférés à l’hospice Delcourt-Ponchelet, édifié à la fin du XIXème siècle et qui devient alors l'hôpital Ponchelet.
• Avant leur destruction, les bâtiments de la rue Traverse étaient déjà vétuste. La construction d’un nouvel hôpital est lancée en 1937, et l’hôpital Augustin-Morvan accueille ses premiers patients en 1953. Il est promu CHR en 1966 avant d’être labellisé CHU la même année. L’hôpital de la Cavale Blanche ouvre quant à lui ses portes en 1996.
Sources : « Pulsations », magazine du CHU de Brest, numéros 33 (juillet 2003) et 34 (octobre 2003).
Interview réalisée par Joëlle Hayek dans le numéro 43 d'Hospitalia, magazine à consulter en intégralité ici .