L’équipe de Station H, qui teste et expérimente des applications en robotique médicale et hospitalière. ©DR
Comment est née Station H ?
Pr Marc Colombel : Tout est parti d’un constat, celui du vide existant entre le monde de l’industrie et celui de l’hôpital, qui peinent à échanger sur le secteur particulier de la robotique. Pour répondre à cet enjeu, Station H a donc été pensée comme un espace pivot visant à améliorer les relations dans les deux sens. Grâce au soutien de la direction des Hospices Civils de Lyon, et notamment de Valérie Durand-Roche, directrice du Groupement Hospitalier Centre, nous avons pu inscrire la création de cette zone d’échanges dans le projet d’établissement. Appuyés aujourd’hui par la direction de l’innovation des HCL, nous accompagnons des projets et testons des applications avec un seul objectif, celui de promouvoir l’innovation robotique dans le secteur hospitalier.
Pourquoi ce focus particulier sur la robotique ?
Pr Marc Colombel : Parce qu’il s’agit d’une thématique ancienne au sein des HCL ! Il y a vingt ans maintenant, notre établissement était le deuxième centre hospitalier français à réaliser une intervention chirurgicale grâce à un télémanipulateur. Aujourd’hui, face à l’accélération de la révolution robotique dans le monde de la santé, il nous a semblé important d’accompagner la mutation des technologies d’assistance robotique, qu’elles intègrent ou pas des systèmes d’intelligence artificielle.
Jean-François Menudet : Cela dit, l’accompagnement offert par Station H ne se limite pas à la robotique chirurgicale. Toute l’activité hospitalière est concernée. Par exemple, les fonctions logistiques, l’accueil des patients, peuvent eux aussi bénéficier de technologies d’assistance robotique. Il faut néanmoins être attentifs à ne pas déshumaniser le parcours du patient. C’est pourquoi plusieurs travaux effectués dans le cadre de Station H intègrent un axe de recherche en sciences humaines et sociales, ce qui contribue d’ailleurs à élargir encore les domaines mobilisés au sein de notre plateforme.
Dans ses missions, Station H accompagne des projets portés par des professionnels de santé des HCL. Quels sont leurs profils ?
Jean-François Menudet : Les porteurs de projets sont pour l’instant principalement des médecins, mais nous voyons aussi des initiatives issues d’autres profils. Par exemple, nous accompagnons actuellement un important projet logistique pour le transport de matériel au sein du nouvel hôpital Lyon Sud. Comme pour tous les projets suivis par Station H, nous faisons ici office d’interface entre les HCL et le secteur industriel extérieur. Mais nous sommes aussi en mesure d’apporter un appui technique et humain, en particulier en ce qui concerne les initiatives issues du corps médical. Nous disposons à ce titre d’un large réseau de partenaires et pouvons donc aider les porteurs à trouver des entreprises avec lesquelles travailler à la concrétisation de leur projet.
Vous intervenez également auprès d’acteurs extérieurs aux HCL…
Jean-François Menudet : Station H se positionne en effet comme une plateforme de test et d’expérimentation ouverte. Des entreprises font donc aussi appel à nous pour pouvoir évaluer rapidement leurs applications en robotique médicale et hospitalière. Nous avions d’ailleurs dès le départ l’ambition de proposer un lieu intermédiaire, qui ne soit pas tout à fait l'Hôpital mais plutôt un « modèle réduit » de service hospitalier, où l’on peut tester très tôt des robots.
Pr Marc Colombel : Pour résumer, nous aidons à la fois les entreprises à intégrer les usages hospitaliers dès les premières phases de développement, et à tester et évaluer leurs technologies en conditions simili-réelles. Nous disposons à cet égard de locaux spécifiquement pensés pour ces essais. Un espace de 400 m², divisible en plusieurs zones, est ainsi mis à disposition des industriels et des équipes médicales associées pour mener ces tests à bien à proximité immédiate du CHU.
Quels sont les modes de financement de Station H ?
Jean-François Menudet : Créée il y a seulement quelques mois, la plateforme a bénéficié d’une première enveloppe de financements internes et européens, ce qui permet de réaliser les travaux nécessaires à son lancement. Mais, à l’instar des trois autres plateformes d’innovation des HCL, notre objectif est d’être à terme autonomes, grâce notamment aux prestations de services offertes par Station H, comme ces essais que nous évoquions à l’instant. Cela étant, qu’ils soient menés à l’initiative d’un acteur industriel, de Station H ou d’une autre structure publique – car les hôpitaux peuvent aussi faire appel à nous –, ces tests bénéficient à tout le secteur. Et cette dynamique est vouée à s’accélérer : notre objectif est que, d’ici trois à quatre ans, Station H devienne un centre d’expertise et de retour d’expérience majeur en matière de robotique hospitalière.
Vous évoquiez plus haut l’intégration d’autres compétences, citant notamment les sciences humaines. Auriez-vous d’autres exemples ?
Pr Marc Colombel : Station H est pour l’instant dotée d’un conseil scientifique essentiellement composé de médecins, chirurgiens, radiologues et pharmaciens. Ce champ d’expertise devrait progressivement s’étendre aux logisticiens et aux usagers, afin d’intégrer toutes les parties prenantes d’un projet dès les phases de tests. Le monde universitaire lyonnais est également sollicité et ses nombreuses compétences recherchées, par exemple les mathématiques ou les sciences humaines qui, comme nous l’évoquions, s’interrogent sur l’acceptabilité et l’éthique de la robotique à l’hôpital.
Jean-François Menudet : Bien que le CHU représente en soi une source importante de compétences et d’expertises, l’apport de connaissances extérieures est essentiel au développement de projets complets, en particulier sur un champ comme la robotique. Si elle apporte de nombreuses et d’indéniables avancées, celle-ci n’en demeure pas moins une technologie nouvelle, qui engendre de nouvelles organisations et peut amener certains au rejet. Intégrer des profils variés pour étudier toutes les composantes d’un projet est donc essentiel pour que l’hôpital s’empare totalement de ses possibilités technologiques et l’intègre au mieux dans ses pratiques.
Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.
Pr Marc Colombel : Tout est parti d’un constat, celui du vide existant entre le monde de l’industrie et celui de l’hôpital, qui peinent à échanger sur le secteur particulier de la robotique. Pour répondre à cet enjeu, Station H a donc été pensée comme un espace pivot visant à améliorer les relations dans les deux sens. Grâce au soutien de la direction des Hospices Civils de Lyon, et notamment de Valérie Durand-Roche, directrice du Groupement Hospitalier Centre, nous avons pu inscrire la création de cette zone d’échanges dans le projet d’établissement. Appuyés aujourd’hui par la direction de l’innovation des HCL, nous accompagnons des projets et testons des applications avec un seul objectif, celui de promouvoir l’innovation robotique dans le secteur hospitalier.
Pourquoi ce focus particulier sur la robotique ?
Pr Marc Colombel : Parce qu’il s’agit d’une thématique ancienne au sein des HCL ! Il y a vingt ans maintenant, notre établissement était le deuxième centre hospitalier français à réaliser une intervention chirurgicale grâce à un télémanipulateur. Aujourd’hui, face à l’accélération de la révolution robotique dans le monde de la santé, il nous a semblé important d’accompagner la mutation des technologies d’assistance robotique, qu’elles intègrent ou pas des systèmes d’intelligence artificielle.
Jean-François Menudet : Cela dit, l’accompagnement offert par Station H ne se limite pas à la robotique chirurgicale. Toute l’activité hospitalière est concernée. Par exemple, les fonctions logistiques, l’accueil des patients, peuvent eux aussi bénéficier de technologies d’assistance robotique. Il faut néanmoins être attentifs à ne pas déshumaniser le parcours du patient. C’est pourquoi plusieurs travaux effectués dans le cadre de Station H intègrent un axe de recherche en sciences humaines et sociales, ce qui contribue d’ailleurs à élargir encore les domaines mobilisés au sein de notre plateforme.
Dans ses missions, Station H accompagne des projets portés par des professionnels de santé des HCL. Quels sont leurs profils ?
Jean-François Menudet : Les porteurs de projets sont pour l’instant principalement des médecins, mais nous voyons aussi des initiatives issues d’autres profils. Par exemple, nous accompagnons actuellement un important projet logistique pour le transport de matériel au sein du nouvel hôpital Lyon Sud. Comme pour tous les projets suivis par Station H, nous faisons ici office d’interface entre les HCL et le secteur industriel extérieur. Mais nous sommes aussi en mesure d’apporter un appui technique et humain, en particulier en ce qui concerne les initiatives issues du corps médical. Nous disposons à ce titre d’un large réseau de partenaires et pouvons donc aider les porteurs à trouver des entreprises avec lesquelles travailler à la concrétisation de leur projet.
Vous intervenez également auprès d’acteurs extérieurs aux HCL…
Jean-François Menudet : Station H se positionne en effet comme une plateforme de test et d’expérimentation ouverte. Des entreprises font donc aussi appel à nous pour pouvoir évaluer rapidement leurs applications en robotique médicale et hospitalière. Nous avions d’ailleurs dès le départ l’ambition de proposer un lieu intermédiaire, qui ne soit pas tout à fait l'Hôpital mais plutôt un « modèle réduit » de service hospitalier, où l’on peut tester très tôt des robots.
Pr Marc Colombel : Pour résumer, nous aidons à la fois les entreprises à intégrer les usages hospitaliers dès les premières phases de développement, et à tester et évaluer leurs technologies en conditions simili-réelles. Nous disposons à cet égard de locaux spécifiquement pensés pour ces essais. Un espace de 400 m², divisible en plusieurs zones, est ainsi mis à disposition des industriels et des équipes médicales associées pour mener ces tests à bien à proximité immédiate du CHU.
Quels sont les modes de financement de Station H ?
Jean-François Menudet : Créée il y a seulement quelques mois, la plateforme a bénéficié d’une première enveloppe de financements internes et européens, ce qui permet de réaliser les travaux nécessaires à son lancement. Mais, à l’instar des trois autres plateformes d’innovation des HCL, notre objectif est d’être à terme autonomes, grâce notamment aux prestations de services offertes par Station H, comme ces essais que nous évoquions à l’instant. Cela étant, qu’ils soient menés à l’initiative d’un acteur industriel, de Station H ou d’une autre structure publique – car les hôpitaux peuvent aussi faire appel à nous –, ces tests bénéficient à tout le secteur. Et cette dynamique est vouée à s’accélérer : notre objectif est que, d’ici trois à quatre ans, Station H devienne un centre d’expertise et de retour d’expérience majeur en matière de robotique hospitalière.
Vous évoquiez plus haut l’intégration d’autres compétences, citant notamment les sciences humaines. Auriez-vous d’autres exemples ?
Pr Marc Colombel : Station H est pour l’instant dotée d’un conseil scientifique essentiellement composé de médecins, chirurgiens, radiologues et pharmaciens. Ce champ d’expertise devrait progressivement s’étendre aux logisticiens et aux usagers, afin d’intégrer toutes les parties prenantes d’un projet dès les phases de tests. Le monde universitaire lyonnais est également sollicité et ses nombreuses compétences recherchées, par exemple les mathématiques ou les sciences humaines qui, comme nous l’évoquions, s’interrogent sur l’acceptabilité et l’éthique de la robotique à l’hôpital.
Jean-François Menudet : Bien que le CHU représente en soi une source importante de compétences et d’expertises, l’apport de connaissances extérieures est essentiel au développement de projets complets, en particulier sur un champ comme la robotique. Si elle apporte de nombreuses et d’indéniables avancées, celle-ci n’en demeure pas moins une technologie nouvelle, qui engendre de nouvelles organisations et peut amener certains au rejet. Intégrer des profils variés pour étudier toutes les composantes d’un projet est donc essentiel pour que l’hôpital s’empare totalement de ses possibilités technologiques et l’intègre au mieux dans ses pratiques.
Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.