Comment ces douze derniers mois ont-ils été vécus par les ingénieurs hospitaliers ?
Bruno Cazabat : L’année 2020 a été très dense, comme pour les autres métiers de l’hôpital. Notre communauté a été plus particulièrement sollicitée autour de deux champs. Nous avons, d’abord et surtout, accompagné les actions ponctuelles mises en œuvre dès le printemps pour faire face à la phase épidémique aigüe : création de plus de 5 000 lits de réanimations supplémentaires éphémères à partir d’unités d’hospitalisation ordinaires, de salles de réveil , mise en iso-pression des centrales de traitement de l’air, déploiement de systèmes de renouvellement et de purification de l’air intérieur, refonte des flux pour séparer les patients Covid et non-Covid, implantation de panneaux plexiglas afin de renforcer la distanciation physique, etc. Les ingénieurs hospitaliers se sont fortement mobilisés, et continuent de le faire, pour que l’hôpital puisse fonctionner tout en faisant face à l’épidémie. Nous saluons d’ailleurs ici la forte solidarité dont de nombreux prestataires ont su faire preuve, les PME qui ont poursuivi les chantiers au plus fort de la crise malgré les contraintes de distanciation, et sans surcoûts, les entreprises de maintenance qui ont été au rendez-vous afin d’assurer la continuité de service dans les hôpitaux en première ligne, la Fédération du Bâtiment qui a édité un guide pratique très utile sur la reprise des chantiers post-Covid, etc.
L’autre champ d’action a pour sa part porté sur l’avenir. Pouvez-vous nous en parler ?
Dans un deuxième temps, nous avons effectivement réfléchi à des mesures plus structurelles qui permettraient d’être mieux préparés à de futures épidémies, par exemple en faisant en sorte que les établissements de santé disposent d’une réserve capacitaire pouvant être mise en service à la demande. Cette piste a été évoquée par le Ségur de la Santé, et les ingénieurs hospitaliers travaillent aujourd’hui à sa mise en œuvre opérationnelle. En juin dernier, l’association IHF, la Conférence des Directeurs Généraux de CHU et la centrale d’achat UniHA ont ainsi lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la fourniture et la pose d’unités modulaires de réanimation (UMR) de 15 à 30 lits, conformes aux exigences des unités de réanimation classiques et qui pourraient si besoin être déployées rapidement. Sur la vingtaine de candidatures reçues, près de la moitié a été jugée pertinente. Début septembre, cette mobilisation exceptionnelle a abouti à l’attribution d’un accord-cadre à trois équipes, dont les solutions sont désormais disponibles pour l’ensemble des établissements de santé via la centrale UniHA. Deux de ces projets UMR seront d’ailleurs présentées lors de nos 61èmes Journées d’Études et de Formation.
Justement, le congrès IHF se tiendra cette année du 31 mars au 2 avril, dans un format 100% digital. Quels en seront les temps forts ?
J’évoquerai en premier lieu les deux sessions plénières d’ouverture qui seront, sans surprise, consacrées à la crise sanitaire selon les deux champs mentionnés plus haut. La première reviendra ainsi sur les réponses et retours d’expériences initiés par les établissements de santé pour faire face à l’urgence Covid, par exemple à l’AP-HP et aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Et la seconde fera le point sur les réflexions post-Covid déjà engagées, en particulier en termes de conception architecturale et technique des établissements hospitaliers. L’un des 8 ateliers thématiques portera lui aussi sur la thématique Covid sous un angle ‘métier’, et abordera par exemple les conséquences de l’épidémie pour la maîtrise d’ouvrage publique, ou les apports des technologies d’intelligence artificielle pour la gestion des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) dans les établissements recevant du public. Les 7 autres ateliers s’attacheront, comme à l’accoutumée, à éclairer la réflexion autour des différentes composantes de l’ingénierie hospitalière.
Par exemple ?
L’atelier « Hôpital et Technique » reviendra par exemple sur la reconfiguration d’un bloc opératoire dans une clinique italienne, tandis que l’atelier « Maintenance et Exploitation » décryptera les apports de l’hyper vision, cet outil permettant d’assurer un pilotage des bâtiments à 360°. Sur le plan du développement durable, nous consacrerons deux interventions à l’utilisation croissante du bois, et sur le volet architectural nous verrons comment concevoir des volumes à partir d’un programme d’activités, un peu selon le principe des briques de construction. Nous reviendrons également sur les liens que nous continuons à développer avec les ingénieurs biomédicaux, pour porter ensemble des projets structurants. L’atelier consacré à la performance énergétique permettra, pour sa part, de mieux saisir les tenants et les aboutissants du décret tertiaire, un texte rattaché à la loi ELAN et qui vise, entre autres, à réduire fortement les consommations énergétiques des établissements de santé. Nous évoquerons aussi la conduite des projets de grande ampleur, qui impose une approche spécifique due à la multiplication des strates managériales, consacrerons une intervention, assez inédite, à la mise en œuvre d’une programmation architecturale centrée sur l’ergonomie, et aborderons enfin un sujet très pratique en matière de gestion patrimoniale autour des places de stationnement.
Le mot de la fin ?
Ces 61èmes Journées seront l’une des rares actions de formation dont pourront bénéficier les ingénieurs hospitaliers en 2021. Nous les attendons donc nombreux, d’autant que le format digital supprime tous les frais annexes liés aux déplacements. Cela étant dit, la crise du Covid a été un formidable accélérateur vers le digital pour notre association, qui organise désormais « les mardis de l’IHF », un Webinar mensuel gratuit et ouvert à tous, qui connaît un succès croissant. Le 6ème opus, consacré au développement durable, s’est d’ailleurs tenu le 2 février dernier, et le suivant début mars sera annoncé sur notre site www.ihf.fr.
> Pour plus d’informations sur les 61èmes Journées d’Études et de Formation : www.journees-ihf.com
Bruno Cazabat : L’année 2020 a été très dense, comme pour les autres métiers de l’hôpital. Notre communauté a été plus particulièrement sollicitée autour de deux champs. Nous avons, d’abord et surtout, accompagné les actions ponctuelles mises en œuvre dès le printemps pour faire face à la phase épidémique aigüe : création de plus de 5 000 lits de réanimations supplémentaires éphémères à partir d’unités d’hospitalisation ordinaires, de salles de réveil , mise en iso-pression des centrales de traitement de l’air, déploiement de systèmes de renouvellement et de purification de l’air intérieur, refonte des flux pour séparer les patients Covid et non-Covid, implantation de panneaux plexiglas afin de renforcer la distanciation physique, etc. Les ingénieurs hospitaliers se sont fortement mobilisés, et continuent de le faire, pour que l’hôpital puisse fonctionner tout en faisant face à l’épidémie. Nous saluons d’ailleurs ici la forte solidarité dont de nombreux prestataires ont su faire preuve, les PME qui ont poursuivi les chantiers au plus fort de la crise malgré les contraintes de distanciation, et sans surcoûts, les entreprises de maintenance qui ont été au rendez-vous afin d’assurer la continuité de service dans les hôpitaux en première ligne, la Fédération du Bâtiment qui a édité un guide pratique très utile sur la reprise des chantiers post-Covid, etc.
L’autre champ d’action a pour sa part porté sur l’avenir. Pouvez-vous nous en parler ?
Dans un deuxième temps, nous avons effectivement réfléchi à des mesures plus structurelles qui permettraient d’être mieux préparés à de futures épidémies, par exemple en faisant en sorte que les établissements de santé disposent d’une réserve capacitaire pouvant être mise en service à la demande. Cette piste a été évoquée par le Ségur de la Santé, et les ingénieurs hospitaliers travaillent aujourd’hui à sa mise en œuvre opérationnelle. En juin dernier, l’association IHF, la Conférence des Directeurs Généraux de CHU et la centrale d’achat UniHA ont ainsi lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la fourniture et la pose d’unités modulaires de réanimation (UMR) de 15 à 30 lits, conformes aux exigences des unités de réanimation classiques et qui pourraient si besoin être déployées rapidement. Sur la vingtaine de candidatures reçues, près de la moitié a été jugée pertinente. Début septembre, cette mobilisation exceptionnelle a abouti à l’attribution d’un accord-cadre à trois équipes, dont les solutions sont désormais disponibles pour l’ensemble des établissements de santé via la centrale UniHA. Deux de ces projets UMR seront d’ailleurs présentées lors de nos 61èmes Journées d’Études et de Formation.
Justement, le congrès IHF se tiendra cette année du 31 mars au 2 avril, dans un format 100% digital. Quels en seront les temps forts ?
J’évoquerai en premier lieu les deux sessions plénières d’ouverture qui seront, sans surprise, consacrées à la crise sanitaire selon les deux champs mentionnés plus haut. La première reviendra ainsi sur les réponses et retours d’expériences initiés par les établissements de santé pour faire face à l’urgence Covid, par exemple à l’AP-HP et aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Et la seconde fera le point sur les réflexions post-Covid déjà engagées, en particulier en termes de conception architecturale et technique des établissements hospitaliers. L’un des 8 ateliers thématiques portera lui aussi sur la thématique Covid sous un angle ‘métier’, et abordera par exemple les conséquences de l’épidémie pour la maîtrise d’ouvrage publique, ou les apports des technologies d’intelligence artificielle pour la gestion des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) dans les établissements recevant du public. Les 7 autres ateliers s’attacheront, comme à l’accoutumée, à éclairer la réflexion autour des différentes composantes de l’ingénierie hospitalière.
Par exemple ?
L’atelier « Hôpital et Technique » reviendra par exemple sur la reconfiguration d’un bloc opératoire dans une clinique italienne, tandis que l’atelier « Maintenance et Exploitation » décryptera les apports de l’hyper vision, cet outil permettant d’assurer un pilotage des bâtiments à 360°. Sur le plan du développement durable, nous consacrerons deux interventions à l’utilisation croissante du bois, et sur le volet architectural nous verrons comment concevoir des volumes à partir d’un programme d’activités, un peu selon le principe des briques de construction. Nous reviendrons également sur les liens que nous continuons à développer avec les ingénieurs biomédicaux, pour porter ensemble des projets structurants. L’atelier consacré à la performance énergétique permettra, pour sa part, de mieux saisir les tenants et les aboutissants du décret tertiaire, un texte rattaché à la loi ELAN et qui vise, entre autres, à réduire fortement les consommations énergétiques des établissements de santé. Nous évoquerons aussi la conduite des projets de grande ampleur, qui impose une approche spécifique due à la multiplication des strates managériales, consacrerons une intervention, assez inédite, à la mise en œuvre d’une programmation architecturale centrée sur l’ergonomie, et aborderons enfin un sujet très pratique en matière de gestion patrimoniale autour des places de stationnement.
Le mot de la fin ?
Ces 61èmes Journées seront l’une des rares actions de formation dont pourront bénéficier les ingénieurs hospitaliers en 2021. Nous les attendons donc nombreux, d’autant que le format digital supprime tous les frais annexes liés aux déplacements. Cela étant dit, la crise du Covid a été un formidable accélérateur vers le digital pour notre association, qui organise désormais « les mardis de l’IHF », un Webinar mensuel gratuit et ouvert à tous, qui connaît un succès croissant. Le 6ème opus, consacré au développement durable, s’est d’ailleurs tenu le 2 février dernier, et le suivant début mars sera annoncé sur notre site www.ihf.fr.
> Pour plus d’informations sur les 61èmes Journées d’Études et de Formation : www.journees-ihf.com