Néphrologue et anatomopathologiste, vous dirigez l’Institut d’intelligence artificielle en Santé (IIAS) du CHU de Reims, qui porte notamment le tiers lieu d’expérimentation PETILLANTe Santé. Pourquoi ce fort intérêt pour la e-santé ?
Pr Vincent Vuiblet : Dans le cadre de mon activité de chercheur universitaire, j'ai été amené à manipuler de grandes quantités de données, un domaine dans lequel l’intelligence artificielle s’est naturellement imposée comme une technologie de choix. Me formant à ses techniques, je me suis rendu compte des difficultés, en tant que professionnel de santé, de développer des outils ou des algorithmes. C’est ainsi que m’est venue l'idée de créer une structure qui puisse accompagner les professionnels de santé et les chercheurs sur ce champ précis.
C’est le point de départ de l’IIAS…
Exactement ! J’ai eu la chance d’avoir dès le départ été soutenu dans ce projet par la direction générale du CHU de Reims et par la présidence de l'Université de Reims Champagne-Ardenne, auxquels s’est ensuite jointe la communauté urbaine du Grand Reims sur le volet valorisation. Né début 2020, l’IIAS porte quatre missions autour de l’utilisation des données de santé et l’IA : la promotion et la sensibilisation ; la formation ; l'accompagnement et la conduite de recherches ; et enfin la valorisation. Sa construction a été menée en trois phases. Nous avons commencé par œuvrer à la structuration des données de santé, via notamment la création d'un entrepôt de données de santé (EDS) à l’échelle du CHU de Reims. Nous avons ensuite travaillé sur les volets de la sensibilisation et de la conduite de recherches, ce qui nous a permis, dès le mois d’août 2022, de proposer un accompagnement adapté aux porteurs de projets de santé basés sur l’IA, qui sont d’ailleurs majoritairement aujourd’hui des professionnels de santé. La troisième et dernière étape, celle de la valorisation, nous a enfin conduits à créer la pépinière PETILLANTeS et le TLE PEPS. Lancée à la fin de l’année 2023, cette phase est en cours de structuration, et bénéficie à cet égard d’une aide financière issue de l’appel à projets TLE France 2030.
Commençons par la pépinière PETILLANTeS. Quels sont ses champs d’action ?
Cet incubateur en santé numérique nous offre la possibilité de proposer plusieurs circuits d’accompagnement à destination des porteurs de projets. Il s’appuie pour cela sur l’IIAS, le CHU de Reims, l’Université Reims Champagne-Ardenne, l’incubateur régional Quest For Health, l'incubateur local Innovact et la communauté urbaine du Grand Reims, en particulier à travers son pôle développement. Fédérant toutes ces expertises, PETILLANTeS répond à deux principales missions : accompagner les entreprises qui développent des outils numériques liés à la santé, et valoriser les projets de recherche conduits au sein de notre écosystème. Dans ce dernier cas, PETILLANTeS assiste les porteurs de A à Z, depuis la création d’un prototype jusqu’à la mise sur le marché, en passant par la protection de la propriété intellectuelle, l’étude de marché, l’élaboration d'un business plan ou encore la constitution d’une start-up.
En quoi consistent plus spécifiquement vos interventions auprès des entreprises développant des solutions en lien avec la santé ?
La difficulté majeure, pour ces acteurs économiques, réside dans les modalités de validation de leurs outils, mais aussi dans la mise en adéquation de leurs performances avec les attentes des professionnels de santé. C’est justement sur ces champs qu’opère le volet TLE de PETILLANTeS, dénommé PEPS. Ce tiers lieu nous permet en effet d'activer des terrains d'expérimentation spécifiques, en utilisant soit les données issues de l’EDS du CHU de Reims, soit des données en vie réelle acquises au CHU ou via nos partenaires, dont SOS Médecin France. Dans un cas comme dans l’autre, toutes les dispositions réglementaires sont bien sûr respectées pour garantir la sécurité et la confidentialité des données. Ainsi, chaque projet passe auparavant par notre comité éthique et scientifique, qui donne son aval pour contractualiser avec une entreprise et mener l’expérimentation.
Deux projets sont déjà suivis par le TLE PEPS. Pourriez-vous nous en parler ?
Nous travaillons aujourd’hui sur deux outils d’aide à la décision, Axodiab pour la prescription d’insuline chez les patients diabétiques, et AI4OP pour l’orientation des patients en médecine libérale, notamment en ce qui concerne le recours ou non à une hospitalisation non programmée. Les terrains d’expérimentation sont déjà identifiés, et les solutions déjà validées pour des essais. La phase d’expérimentation en tant que telle sera lancée à partir de cet automne, et devrait durer entre 6 et 12 mois. Nous analyserons ensuite les résultats obtenus, un processus qui devrait arriver à son terme d’ici 12 à 18 mois.
Assurez-vous un suivi de la solution une fois l’expérimentation finalisée ?
Bien entendu ! Nous récupérons les résultats de l'expérimentation, nous les analysons et, si le bilan est favorable, nous labellisons l’outil. Sinon, nous proposons aux partenaires une maturation en vue d’une réexpérimentation ultérieure. Car notre objectif final est de contribuer à l’émergence de solutions numériques de qualité qui, grâce à notre « label », seront facilement identifiables par les acheteurs et utilisateurs. Notre démarche entend donc bénéficier à tous : les entrepreneurs qui peuvent ainsi tester et améliorer leurs systèmes, les acheteurs qui pourront les identifier plus facilement, et les patients et les professionnels de santé qui disposeront alors de solutions éprouvées et validées.
> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici
Pr Vincent Vuiblet : Dans le cadre de mon activité de chercheur universitaire, j'ai été amené à manipuler de grandes quantités de données, un domaine dans lequel l’intelligence artificielle s’est naturellement imposée comme une technologie de choix. Me formant à ses techniques, je me suis rendu compte des difficultés, en tant que professionnel de santé, de développer des outils ou des algorithmes. C’est ainsi que m’est venue l'idée de créer une structure qui puisse accompagner les professionnels de santé et les chercheurs sur ce champ précis.
C’est le point de départ de l’IIAS…
Exactement ! J’ai eu la chance d’avoir dès le départ été soutenu dans ce projet par la direction générale du CHU de Reims et par la présidence de l'Université de Reims Champagne-Ardenne, auxquels s’est ensuite jointe la communauté urbaine du Grand Reims sur le volet valorisation. Né début 2020, l’IIAS porte quatre missions autour de l’utilisation des données de santé et l’IA : la promotion et la sensibilisation ; la formation ; l'accompagnement et la conduite de recherches ; et enfin la valorisation. Sa construction a été menée en trois phases. Nous avons commencé par œuvrer à la structuration des données de santé, via notamment la création d'un entrepôt de données de santé (EDS) à l’échelle du CHU de Reims. Nous avons ensuite travaillé sur les volets de la sensibilisation et de la conduite de recherches, ce qui nous a permis, dès le mois d’août 2022, de proposer un accompagnement adapté aux porteurs de projets de santé basés sur l’IA, qui sont d’ailleurs majoritairement aujourd’hui des professionnels de santé. La troisième et dernière étape, celle de la valorisation, nous a enfin conduits à créer la pépinière PETILLANTeS et le TLE PEPS. Lancée à la fin de l’année 2023, cette phase est en cours de structuration, et bénéficie à cet égard d’une aide financière issue de l’appel à projets TLE France 2030.
Commençons par la pépinière PETILLANTeS. Quels sont ses champs d’action ?
Cet incubateur en santé numérique nous offre la possibilité de proposer plusieurs circuits d’accompagnement à destination des porteurs de projets. Il s’appuie pour cela sur l’IIAS, le CHU de Reims, l’Université Reims Champagne-Ardenne, l’incubateur régional Quest For Health, l'incubateur local Innovact et la communauté urbaine du Grand Reims, en particulier à travers son pôle développement. Fédérant toutes ces expertises, PETILLANTeS répond à deux principales missions : accompagner les entreprises qui développent des outils numériques liés à la santé, et valoriser les projets de recherche conduits au sein de notre écosystème. Dans ce dernier cas, PETILLANTeS assiste les porteurs de A à Z, depuis la création d’un prototype jusqu’à la mise sur le marché, en passant par la protection de la propriété intellectuelle, l’étude de marché, l’élaboration d'un business plan ou encore la constitution d’une start-up.
En quoi consistent plus spécifiquement vos interventions auprès des entreprises développant des solutions en lien avec la santé ?
La difficulté majeure, pour ces acteurs économiques, réside dans les modalités de validation de leurs outils, mais aussi dans la mise en adéquation de leurs performances avec les attentes des professionnels de santé. C’est justement sur ces champs qu’opère le volet TLE de PETILLANTeS, dénommé PEPS. Ce tiers lieu nous permet en effet d'activer des terrains d'expérimentation spécifiques, en utilisant soit les données issues de l’EDS du CHU de Reims, soit des données en vie réelle acquises au CHU ou via nos partenaires, dont SOS Médecin France. Dans un cas comme dans l’autre, toutes les dispositions réglementaires sont bien sûr respectées pour garantir la sécurité et la confidentialité des données. Ainsi, chaque projet passe auparavant par notre comité éthique et scientifique, qui donne son aval pour contractualiser avec une entreprise et mener l’expérimentation.
Deux projets sont déjà suivis par le TLE PEPS. Pourriez-vous nous en parler ?
Nous travaillons aujourd’hui sur deux outils d’aide à la décision, Axodiab pour la prescription d’insuline chez les patients diabétiques, et AI4OP pour l’orientation des patients en médecine libérale, notamment en ce qui concerne le recours ou non à une hospitalisation non programmée. Les terrains d’expérimentation sont déjà identifiés, et les solutions déjà validées pour des essais. La phase d’expérimentation en tant que telle sera lancée à partir de cet automne, et devrait durer entre 6 et 12 mois. Nous analyserons ensuite les résultats obtenus, un processus qui devrait arriver à son terme d’ici 12 à 18 mois.
Assurez-vous un suivi de la solution une fois l’expérimentation finalisée ?
Bien entendu ! Nous récupérons les résultats de l'expérimentation, nous les analysons et, si le bilan est favorable, nous labellisons l’outil. Sinon, nous proposons aux partenaires une maturation en vue d’une réexpérimentation ultérieure. Car notre objectif final est de contribuer à l’émergence de solutions numériques de qualité qui, grâce à notre « label », seront facilement identifiables par les acheteurs et utilisateurs. Notre démarche entend donc bénéficier à tous : les entrepreneurs qui peuvent ainsi tester et améliorer leurs systèmes, les acheteurs qui pourront les identifier plus facilement, et les patients et les professionnels de santé qui disposeront alors de solutions éprouvées et validées.
> Article paru dans Hospitalia #66, édition de septembre 2024, à lire ici