La HAS développe et valide des indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) en lien avec les professionnels de santé, les patients et usagers. Ces IQSS sont recueillis dans tous les hôpitaux et cliniques français, privés et publics. Aujourd’hui, ce recueil se fait le plus souvent manuellement, à partir du dossier médical du patient. Cette étape est cruciale pour mesurer et analyser les indicateurs et permettre aux professionnels d’améliorer leurs pratiques, mais elle représente une charge de travail importante, en particulier dans un contexte de tensions prononcées. Une piste pour réduire ce temps de recueil serait d’exploiter des données cliniques hospitalières, informatisées et structurées au sein d’entrepôts de données de santé, afin d’automatiser le calcul des indicateurs de type dossier patient.
Ces entrepôts de données de santé hospitaliers (EDSH) sont en pleine expansion depuis la fin des années 2010 en France. Afin de mieux comprendre cette dynamique et le potentiel de ces données, la HAS a publié un panorama des EDSH en France en 2022. Dans le prolongement de ce travail, elle a étudié l’intérêt et la faisabilité de la mesure d’IQSS à partir de ces EDSH, en collaboration avec trois centres hospitaliers universitaires (CHU).
Des obstacles restent à lever pour exploiter tout le potentiel des EDSH
Une étude collaborative a été menée durant 24 mois entre la HAS et les CHU de Bordeaux, de Lille et l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui sont parmi les établissements déjà mobilisés sur le sujet des EDSH. Le partenariat a permis :
- de capitaliser sur des travaux déjà menés dans ces CHU concernant l’automatisation de l’indicateur de prise en charge de la douleur (retours d’expérience),
- et de tester l’automatisation d’un indicateur sur la prise en charge de l’accident vasculaire cérébral (AVC).
Les résultats de ce projet montrent que les EDSH constituent une source de données très intéressante pour les mesures de la qualité. Des obstacles techniques et organisationnels restent toutefois à lever. A l’heure actuelle, il n’est ainsi pas possible de disposer d’un algorithme unique permettant de calculer directement un IQSS à partir des EDSH pour remplacer les analyses manuelles de dossiers patient : la structuration et la standardisation des données des EDSH sont aujourd’hui insuffisantes. Plusieurs projets nationaux sont toutefois menés afin d’améliorer la qualité des données des EDSH.
Malgré ces freins, les EDSH apparaissent d’ores et déjà comme un levier d'amélioration de la qualité au sein d’un établissement de santé, pour diffuser plus rapidement les bonnes pratiques au niveau des services. Consciente des enjeux et besoins dans le domaine, la HAS souhaite continuer à s’impliquer, notamment en poursuivant ses travaux sur le calcul de délai dans la prise en charge de l’AVC afin d’explorer de manière pratique les freins et les leviers pour calculer un délai à partir d’un EDSH, et si possible intégrer les EDSH à terme dans ses projets d’indicateurs de qualité, en lien avec les acteurs concernés.
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