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MSSANTÉ : LES HÔPITAUX À L’HEURE DE LA SANTÉ NUMÉRIQUE


Rédigé par Admin le Mardi 30 Janvier 2018 à 11:23 | Lu 1100 fois


Développé dès 2012, le système des Messageries Sécurisées de Santé (MSSanté) est opéré par l’Agence des Systèmes d’Information Partagés de Santé (ASIP Santé), sur la base d’un travail mené avec l’ensemble des ordres professionnels. Dédié à l’échange sécurisé des données de santé dans le respect de la réglementation en vigueur, il consiste en un « espace de confiance » que peuvent intégrer les opérateurs de messageries professionnelles. Les explications d’Arnaud Morel, chargé de mission à l’ASIP Santé* et responsable du déploiement du système MSSanté.



Dans quel contexte le système MSSanté a-t-il vu le jour ?
Arnaud Morel :
Celui-ci fait écho à deux tendances initiées dès la fin des années 90. D’une part, l’inscription du système de santé dans une logique de parcours qui, en renforçant l’exercice pluridisciplinaire, a démultiplié les échanges interprofessionnels. Et d’autre part l’informatisation croissante de la production de soins, qui s’est traduite par de nouvelles contraintes liées au partage des informations sensibles à caractère personnel. Œuvrant sous l’égide du Ministère de la Santé et en partenariat avec les ordres professionnels, l’ASIP Santé a alors développé l’espace de confiance MSSanté, un système de messageries qui garantit la sécurité des échanges dans un cadre 
interopérable.

Quels ont été les moments-clés pour la mise en œuvre de ce système ?
En 2014, MSSanté est lancé auprès des établissements de santé : un premier pilote associe 15 structures, avant la généralisation du système aux établissements publics, privés et ESPIC. En 2016, il est déployé auprès des professionnels libéraux, en partenariat avec la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (CNAM) et ses Conseillers Informatiques Santé (CIS). Fin 2017, les laboratoires de biologie médicale (LBM), hospitaliers comme privés, sont inclus dans le périmètre MSSanté, à la suite du décret du 26 janvier 2016 qui impose la transmission numérique des comptes-rendus biologiques. Un pilote est aujourd’hui en cours, notamment avec le GH Paris Saint-Joseph pour le volet hospitalier, et la généralisation du dispositif est prévue courant 2018. L’année 2018 sera également celle d’une nouvelle extension de périmètre aux secteurs social et médico-social, afin de couvrir le parcours de vie d’un patient dans son intégralité.

Où en est aujourd’hui le système MSSanté ?
Plus de 1 000 établissements de santé, dont la majorité des grands hôpitaux publics et des principaux groupes privés, sont actuellement raccordés à l’espace de confiance, et émettent chaque mois 300 000 messages à destination de la ville – des volumes multipliés par trois entre 2016 et 2017. Près de 1 000 autres établissements sont en cours de raccordement. Côté ville, 45 000 professionnels libéraux sont équipés, ce qui représente environ 30% des praticiens libéraux et 10% des infirmiers, pour 150 000 messages émis chaque mois. La dynamique de croissance est donc bien réelle, au niveau des équipements comme des usages. 
 

Arnaud Morel, chargé de mission à l’ASIP Santé  et responsable du déploiement du système MSSanté
Arnaud Morel, chargé de mission à l’ASIP Santé et responsable du déploiement du système MSSanté
Comment l’ASIP Santé accompagne-t-elle les établissements de santé ?
Notre méthodologie s’articule autour de 3 axes. Un accompagnement technique, pour déployer les outils de messagerie, les intégrer au Dossier Patient Informatisé et dématérialiser les circuits documentaires. Un accompagnement organisationnel, pour appuyer la conduite du changement auprès des différents utilisateurs et anticiper l’impact des nouveaux circuits sur leurs pratiques. Et un volet « communication » pour initier la dynamique d’échanges avec les professionnels de ville : campagnes d’information, événements « MSSoirées », etc. L’ASIP Santé coordonne ici ses actions avec la CNAM, tout en travaillant de concert avec les acteurs régionaux, notamment les Agences Régionales de Santé (ARS) et les Groupements de Coopération Sanitaire (GCS).

Quels sont, à votre sens, les principaux défis à relever pour pérenniser la dynamique MSSanté ?
Il nous faut poursuivre nos travaux auprès des différents éditeurs, à la ville comme à l’hôpital, afin que le système MSSanté soit toujours mieux intégré aux outils métiers. Il faudra, en parallèle, développer des plus-values d’usage autour des outils MSSanté, en améliorant la structuration des données afin de faciliter leur exploitation et leur interprétation. Des premiers travaux sont menés en ce sens sur le champ de la biologie médicale, en lien avec les référentiels d’interopérabilité sémantique. Troisième grand défi : il faudra passer d’une logique d’émission pure à une logique d’échange bilatéral entre l’hôpital et la ville, afin que la communication se fasse véritablement dans un sens comme dans l’autre. Enfin, l’intégration du secteur médico-social constituera un défi de taille : plus éclaté géographiquement, moins informatisé, il représentera un enjeu majeur pour l’année 2018.

Qu’en est-il des enjeux liés aux Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) ?
Cette problématique a été prise à bras-le-corps par l’ASIP Santé, qui a créé une équipe dédiée à l’accompagnement des GHT, notamment sur le champ de la convergence des Systèmes d’Information. Le système MSSanté a ici incontestablement un rôle à jouer : première étape vers la mutualisation des SIH, sa mise en œuvre peut constituer un premier projet fédérateur à l’échelle d’un GHT, et contribuer à l’émergence de nouvelles dynamiques pour appuyer d’autres projets de coopération. Le système MSSanté permet par ailleurs à un GHT de s’affirmer en tant que tel auprès de son bassin de santé, et donc de mieux se positionner par rapport aux autres acteurs sanitaires de son territoire.

Enfin, comment le système MSSanté s’intègre-t-il dans la stratégie, plus globale, de l’ASIP Santé pour favoriser la mise en œuvre d’écosystèmes communicants ?
Le système MSSanté se conjugue avec d’autres travaux de l’Agence. Nous pouvons notamment citer le Cadre d’Interopérabilité des Systèmes d’Information de Santé (CI-SIS), destiné à la normalisation technique des échanges et la normalisation sémantique des contenus, mais aussi les travaux autour de la construction de référentiels d’identités communs pour les patients et les professionnels de santé, ou encore ceux relatifs à l’élaboration du Répertoire Opérationnel des Ressources (ROR). Sans oublier les travaux visant à définir des couches de sécurité communes pour répondre aux problématiques d’identification et d’authentification, et qui se cristallisent au sein de la Politique Générale de Sécurité des Systèmes d’Information de Santé (PGSSI-S). Citons également les travaux d’harmonisation autour du Dossier Médical Partagé (DMP) afin de favoriser une double alimentation – ou alimentation en Y. L’ASIP Santé se consacre, enfin, à accompagner le passage de la technique aux usages, en s’impliquant dans de nombreux projets axés sur l’optimisation des parcours patients.

* Pôle d’Appui aux Acteurs et de Relation avec les Clients (PAARC).

 






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