« L’étude Appel Médical Search est la première en France à sonder les motivations des étudiants en médecine. Connaître ces motivations est essentiel à l’heure où, dans certains territoires, l’accès aux soins pose problème sous l’effet conjugué de la hausse des besoins de santé et de la désertification médicale. Mais tandis que ces tendances structurelles sont bien identifiées, il nous faut désormais compter avec les nouvelles aspirations des futurs médecins, qui placent la qualité de vie au cœur de leur préoccupations. Pour la nouvelle génération, il n’est plus question de travailler 80 heures par semaine et de sacrifier la vie de famille. Alors que de plus en plus de communes, rurales notamment, décident de salarier leurs médecins généralistes, ce constat doit inciter les décideurs à explorer de nouvelles formes d’exercice de la médecine », déclare Christophe Bougeard, directeur général d’Appel Médical.
(1) L’enquête a été menée pour Appel Médical Search par Stethos, un cabinet d’études spécialisé dans la santé. Elle a été conduite auprès de 197 étudiants en médecine au cours de deux phases successives : une phase qualitative du 12 au 20 septembre 2016 (16 entretiens individuels conduits par téléphone) puis une phase quantitative du 11 octobre au 11 novembre 2016 (181 étudiants ont répondu à un questionnaire auto- administré en ligne).
(1) L’enquête a été menée pour Appel Médical Search par Stethos, un cabinet d’études spécialisé dans la santé. Elle a été conduite auprès de 197 étudiants en médecine au cours de deux phases successives : une phase qualitative du 12 au 20 septembre 2016 (16 entretiens individuels conduits par téléphone) puis une phase quantitative du 11 octobre au 11 novembre 2016 (181 étudiants ont répondu à un questionnaire auto- administré en ligne).
Les principaux résultats
- Le fait « d’avoir une qualité de vie satisfaisante » est l’une des principales sources de motivation des étudiants pour leur avenir : il se classe dans le Top 5 des principaux motifs dans 70% des cas, juste derrière le fait « d’exercer un métier utile » et celui « d’aider / sauver des patients ».
- De façon logique, les principales craintes pour leur avenir portent sur les « sacrifices par rapport à la vie privée », devant le « risque d’erreur » et la « charge de travail importante ».
- Le mode d’exercice de la médecine qui recueille le plus de suffrages (43%) auprès des étudiants interrogés est le mode ‘mixte’, qui combine salariat et exercice libéral.
- La médecine générale est la spécialité la plus plébiscitée (19%) par les étudiants interrogés avant le résultat de l’épreuve classante nationale (ECN).
- Les grandes villes (Paris, Lyon, Bordeaux) recueillent les faveurs des étudiants en matière de lieu d’affectation.
- La majorité des étudiants interrogés (56%) considèrent que les mesures gouvernementales prises pour lutter contre les déserts médicaux sont inefficaces.
- De façon logique, les principales craintes pour leur avenir portent sur les « sacrifices par rapport à la vie privée », devant le « risque d’erreur » et la « charge de travail importante ».
- Le mode d’exercice de la médecine qui recueille le plus de suffrages (43%) auprès des étudiants interrogés est le mode ‘mixte’, qui combine salariat et exercice libéral.
- La médecine générale est la spécialité la plus plébiscitée (19%) par les étudiants interrogés avant le résultat de l’épreuve classante nationale (ECN).
- Les grandes villes (Paris, Lyon, Bordeaux) recueillent les faveurs des étudiants en matière de lieu d’affectation.
- La majorité des étudiants interrogés (56%) considèrent que les mesures gouvernementales prises pour lutter contre les déserts médicaux sont inefficaces.
La qualité de vie au centre des préoccupations des étudiants
- Qu’attendent de leur carrière les étudiants en médecine interrogés dans l’étude ? De pouvoir concilier leur métier avec une vie personnelle épanouie. La qualité de vie est ainsi une motivation clé dans la construction du projet professionnel (voir figure ci-dessus). « Avoir une qualité de vie satisfaisante » figure dans les cinq réponses les plus fréquemment citées sept fois sur dix. Seuls le fait « d’exercer un métier utile » (74 %) et le fait « d’aider / sauver les patients » affichent une fréquence plus forte dans le Top 5 des réponses les plus citées.
- Si les deux premières réponses renvoient à des motifs altruistes, la qualité de vie est une ambition davantage autocentrée – mais pas moins légitime pour autant. En plaçant si haut dans le classement la qualité de vie, les futurs médecins interrogés dans l’étude ont pu signifier leur volonté de tourner le dos au modèle incarné par le médecin généraliste, qui exerce en libéral dans son cabinet et qui ne compte pas ses heures de travail. Au détriment de sa vie privée. Les futurs médecins sembleraient moins enclins à faire de tels sacrifices.
- Notons cependant que, si l’on ne prend en compte que les résultats cités en première position – les plus importants a priori –, le fait d’avoir une qualité de vie satisfaisante ne se classe alors plus qu’en quatrième position des principales sources de motivation pour l’avenir. Toutes propositions confondues, c’est l’ambition d’aider/sauver les patients qui recueille le plus de suffrages (24 %) auprès des étudiants en médecine interrogés. Le serment d’Hippocrate n’est donc pas passé de mode, fort heureusement !
- Si les deux premières réponses renvoient à des motifs altruistes, la qualité de vie est une ambition davantage autocentrée – mais pas moins légitime pour autant. En plaçant si haut dans le classement la qualité de vie, les futurs médecins interrogés dans l’étude ont pu signifier leur volonté de tourner le dos au modèle incarné par le médecin généraliste, qui exerce en libéral dans son cabinet et qui ne compte pas ses heures de travail. Au détriment de sa vie privée. Les futurs médecins sembleraient moins enclins à faire de tels sacrifices.
- Notons cependant que, si l’on ne prend en compte que les résultats cités en première position – les plus importants a priori –, le fait d’avoir une qualité de vie satisfaisante ne se classe alors plus qu’en quatrième position des principales sources de motivation pour l’avenir. Toutes propositions confondues, c’est l’ambition d’aider/sauver les patients qui recueille le plus de suffrages (24 %) auprès des étudiants en médecine interrogés. Le serment d’Hippocrate n’est donc pas passé de mode, fort heureusement !
- Quelles craintes les futurs médecins interrogés dans l’étude nourrissent-ils à l’égard de leur projet professionnel ? En cohérence avec leur souhait de ne pas négliger la qualité de vie, les sondés redoutent d’abord de devoir faire des sacrifices par rapport à la vie privée (voir figure ci- dessous). Cette proposition figure parmi les cinq craintes les plus communément citées dans 69 % des réponses données par les étudiants ayant passé l’ECN en 2016 et dans 72 % des réponses données par les étudiants de la 3ème à la 5ème année. Pas de différence notable, donc, entre les deux groupes interrogés dans l’enquête.
- Sur certaines propositions en revanche, des différences se font jour. Le groupe « ECN 2016 » se distingue en manifestant des craintes plus ancrées dans le concret, et le quotidien (le « risque d’erreur dans le cadre de son métier », la « quantité importante de travail » ou encore la « relation entre les médecins et l’Etat »).
- Sur certaines propositions en revanche, des différences se font jour. Le groupe « ECN 2016 » se distingue en manifestant des craintes plus ancrées dans le concret, et le quotidien (le « risque d’erreur dans le cadre de son métier », la « quantité importante de travail » ou encore la « relation entre les médecins et l’Etat »).
- Le projet professionnel en termes de spécialité ou de mode d’exercice se dessine tout au long des études et n’est pas forcément défini dès le début. Au cours de l’enquête, les étudiants ont été interrogés sur la vision de leur activité professionnelle à terme et notamment sur le mode d’exercice qu’ils envisagent.
- Ainsi, à la question « à terme, quel mode d’exercice pensez-vous choisir », près de 45 % des étudiants interrogés disent vouloir privilégier une activité mixte, qui permet de combiner salariat et exercice libéral de la médecine. Tout aussi instructif est le fait que salariat et exercice libéral recueillent chacun 28 % des suffrages des étudiants. Autant dire qu’il est impossible de distinguer un mode d’exercice de la médecine privilégié auprès des étudiants interrogés : ceux-ci sont autant attachés au salariat qu’à l’exercice libéral.
- Notons que le CHU (62 %) est le type d’établissement privilégié par les répondants désirant exercer la médecine de façon « salariée » ou « mixte » tandis que le cabinet privé (42 %) est celui qui recueille la préférence des répondants souhaitant pratiquer la médecine de façon « libérale » ou « mixte ».
- Ainsi, à la question « à terme, quel mode d’exercice pensez-vous choisir », près de 45 % des étudiants interrogés disent vouloir privilégier une activité mixte, qui permet de combiner salariat et exercice libéral de la médecine. Tout aussi instructif est le fait que salariat et exercice libéral recueillent chacun 28 % des suffrages des étudiants. Autant dire qu’il est impossible de distinguer un mode d’exercice de la médecine privilégié auprès des étudiants interrogés : ceux-ci sont autant attachés au salariat qu’à l’exercice libéral.
- Notons que le CHU (62 %) est le type d’établissement privilégié par les répondants désirant exercer la médecine de façon « salariée » ou « mixte » tandis que le cabinet privé (42 %) est celui qui recueille la préférence des répondants souhaitant pratiquer la médecine de façon « libérale » ou « mixte ».
La médecine générale, un choix volontaire
L’étude Appel Médical Search a interrogé les étudiants en médecine sur le choix de leur affectation avant l’ECN, notamment en termes de spécialité (voir figure ci-dessous). Au global, 60 % des interrogés souhaitent choisir une spécialité dite « attractive *» à l’issue de l’ECN. Toutefois, la médecine générale est le souhait le plus rapporté (environ 20 % des répondants) sans différence significative entre le groupe des étudiants de la 3ème à la 5ème année et le groupe « ECN 2016 ». Cette spécialité est un vrai choix : elle n’est pas et n’a jamais été un choix par défaut. Comme l’a exprimé un étudiant lors de la phase qualitative de l’enquête, « on est plus autonome, on a plus de manœuvre, maintenant pour l’internat, les gens bien classés choisissent MG ».
- La médecine générale se classe donc en tête des spécialités plébiscitées par les répondants. Est- ce un choix paradoxal alors que ces mêmes répondants disent vouloir placer la qualité de vie au cœur de leurs préoccupations ? Oui si l’on considère que la charge de travail d’un généraliste, par la force des choses, réduit le temps libre du praticien à sa portion congrue. A ce titre, il ne fait aucun doute que les généralistes travaillent beaucoup. Ainsi, selon une étude du ministère des Affaires sociales parue début 2016, le temps de travail moyen des médecins généralistes s’élevait en 2011 à 57 heures par semaine – soit bien au-delà du plafond européen situé à 48 heures par semaine. En revanche, ce choix n’est pas contradictoire si l’on reconnaît la diversité des conditions d’exercice du métier de généraliste – ce qui constitue un facteur d’attractivité indéniable.
- Un médecin exerçant en libéral dans son cabinet. Telle est l’image du généraliste. S’il s’agit, bien sûr, du mode d’exercice le plus répandu (il concerne 57 % des généralistes, selon les dernières données du Conseil national de l’ordre des médecins, le CNOM), de nombreux médecins généralistes exercent également en tant que salariés (c’est le cas de 36,5 % d’entre eux selon le CNOM). C’est le cas des médecins employés dans des hôpitaux, au sein de services de médecine générale. Un généraliste peut également travailler comme salarié dans le secteur sanitaire (dans des cliniques privées MCO ou des services SSR par exemple) ou dans le secteur du médico- social (au sein des Ehpad ou des structures accueillant des personnes en situation de handicap). Dans les territoires confrontés aux déserts médicaux, certaines communes salarient des médecins généralistes, embauchés dans des maisons de santé regroupant d’autres professionnels de santé.
- L’exercice libéral de la médecine générale évolue lui-même. Si les jeunes générations sont de plus en plus réfractaires à l’idée d’exercer la médecine générale libérale de façon indépendante (être tout seul à la tête de son cabinet), surtout dans les territoires ruraux, elles ne ferment pas la porte à l’exercice libéral pour autant. Simplement, elles ne veulent plus exercer seules, mais désirent travailler avec d’autres collègues, par exemple au sein de maisons médicales comptant des équipes pluridisciplinaires.
- Enfin, autre raison pouvant expliquer la première place de la médecine générale dans le choix des étudiants, la possibilité de se frotter à d’autres spécialités. Alors que le choix d’une autre spécialité que la médecine générale est définitif (par exemple, un étudiant choisissant la pédiatrie comme spécialité devra y consacrer toute sa carrière), la médecine générale ne ferme pas de porte. Un médecin généraliste peut se former à d’autres spécialités (gériatrie, psychiatrie, cardiologie, etc.) sous réserve de passer le diplôme universitaire (DU) ou la capacité adéquats.
- La médecine générale se classe donc en tête des spécialités plébiscitées par les répondants. Est- ce un choix paradoxal alors que ces mêmes répondants disent vouloir placer la qualité de vie au cœur de leurs préoccupations ? Oui si l’on considère que la charge de travail d’un généraliste, par la force des choses, réduit le temps libre du praticien à sa portion congrue. A ce titre, il ne fait aucun doute que les généralistes travaillent beaucoup. Ainsi, selon une étude du ministère des Affaires sociales parue début 2016, le temps de travail moyen des médecins généralistes s’élevait en 2011 à 57 heures par semaine – soit bien au-delà du plafond européen situé à 48 heures par semaine. En revanche, ce choix n’est pas contradictoire si l’on reconnaît la diversité des conditions d’exercice du métier de généraliste – ce qui constitue un facteur d’attractivité indéniable.
- Un médecin exerçant en libéral dans son cabinet. Telle est l’image du généraliste. S’il s’agit, bien sûr, du mode d’exercice le plus répandu (il concerne 57 % des généralistes, selon les dernières données du Conseil national de l’ordre des médecins, le CNOM), de nombreux médecins généralistes exercent également en tant que salariés (c’est le cas de 36,5 % d’entre eux selon le CNOM). C’est le cas des médecins employés dans des hôpitaux, au sein de services de médecine générale. Un généraliste peut également travailler comme salarié dans le secteur sanitaire (dans des cliniques privées MCO ou des services SSR par exemple) ou dans le secteur du médico- social (au sein des Ehpad ou des structures accueillant des personnes en situation de handicap). Dans les territoires confrontés aux déserts médicaux, certaines communes salarient des médecins généralistes, embauchés dans des maisons de santé regroupant d’autres professionnels de santé.
- L’exercice libéral de la médecine générale évolue lui-même. Si les jeunes générations sont de plus en plus réfractaires à l’idée d’exercer la médecine générale libérale de façon indépendante (être tout seul à la tête de son cabinet), surtout dans les territoires ruraux, elles ne ferment pas la porte à l’exercice libéral pour autant. Simplement, elles ne veulent plus exercer seules, mais désirent travailler avec d’autres collègues, par exemple au sein de maisons médicales comptant des équipes pluridisciplinaires.
- Enfin, autre raison pouvant expliquer la première place de la médecine générale dans le choix des étudiants, la possibilité de se frotter à d’autres spécialités. Alors que le choix d’une autre spécialité que la médecine générale est définitif (par exemple, un étudiant choisissant la pédiatrie comme spécialité devra y consacrer toute sa carrière), la médecine générale ne ferme pas de porte. Un médecin généraliste peut se former à d’autres spécialités (gériatrie, psychiatrie, cardiologie, etc.) sous réserve de passer le diplôme universitaire (DU) ou la capacité adéquats.
Lieux d’exercice et déserts médicaux: comment rendre ces derniers plus attractifs
Concernant le choix de lieu d’affectation, ce sont les grandes villes* qui sont plébiscitées et choisies par près de 90 % des interrogés (figure ci-dessous) avec en premier lieu Paris / Ile-de-France (19 %) et Lyon (17 %). Ce choix ne surprend pas car il coïncide très souvent avec le lieu où les étudiants ont suivi leurs études.
Le regard des étudiants en médecine sur les déserts médicaux
- Globalement, les étudiants interrogés sont très majoritairement sensibles à la lutte contre les déserts médicaux.
- Pour autant, seul 6 % des
étudiants considèrent que
les mesures
gouvernementales
actuellement développées
(contrat d’engagement de
service public, contrat de
praticien territorial,
développement de la
télémédecine, etc.) peuvent
les inciter à s’installer dans
un désert médical à long terme (figure ci-contre). Evoquant ces mesures, un étudiant interviewé dans le cadre de la phase qualitative de l’étude a estimé que « ça n’aidera pas les déserts médicaux, ils feront quelques années obligatoires mais pas plus ».
- La principale raison de cette résistance à s’installer dans un désert médical réside dans le manque d’attrait manifeste de ces régions (figure ci-contre), aucune mesure ne pouvant visiblement compenser ce manque d’attrait. Témoignages entendus lors des interviews approfondies : « je ne veux pas de restriction une fois diplômé et devoir m’installer là où la qualité de vie est repoussante » ; « ça ne m’intéresse pas car sur le plan social c’est désertique et pauvre et en général, un désert ça s’agrandit ». Seule une dynamisation plus globale de ces régions pourrait augmenter leur attirance pour ces régions. « Ce n’est pas un médecin qui va faire vivre un village, les commerçants et les structures publiques jouent aussi », a fait valoir un étudiant.