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Le futur hôpital de l’Artois mise résolument sur le digital


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mardi 29 Août 2023 à 11:41 | Lu 3999 fois


Lancé en 2012, le projet de Nouvel Hôpital Métropolitain de l’Artois (NHMA) a intégré dès sa conception plusieurs outils digitaux. De la construction aux soins en passant par la logistique, tous ses aspects ont bénéficié ou bénéficieront de ces technologies.



© Michel Beauvais Associés
© Michel Beauvais Associés
Gilets orange sur le dos et casques sur la tête, les ouvriers du chantier du Nouvel Hôpital Métropolitain de l’Artois s’affairent pour construire ce tout nouvel édifice de 85 000 m2 répartis sur quatre étages. Prévu pour entrer en fonction au premier semestre 2027, après 44 mois de travaux, l’établissement accueillera 611 lits et places en médecine, chirurgie, obstétrique, et devrait attirer des patients en provenance de tout le bassin lensois – soit 350 000 habitants –, et même au-delà. « Le projet a démarré par une étude de faisabilité décrivant les différents scénarios de rénovation de l’hôpital de Lens. Rapidement, il a plutôt été décidé de construire un nouveau bâtiment, sur un nouveau site, afin de mener le chantier à son terme le plus vite possible, sans pour autant perturber les soins en cours », se souvient Laurent Zaderatzky, directeur du projet du NHMA et directeur des travaux et de la sécurité pour les hôpitaux publics de l’Artois.

Une digitalisation pensée autour de trois axes

Études, consultations, concours de maîtrise d’œuvre, publication des marchés publics… Une fois la décision arrêtée, les différentes étapes se sont enchaînées pour en arriver, aujourd’hui, au lancement des travaux de terrassement et de voiries. Bien qu’il ne soit pas encore sorti de terre, le NHMA possède par exemple déjà sa propre bretelle d’autoroute, le reliant à l’A21. Et les attentes sont grandes, tant le projet a su piquer la curiosité des observateurs. Il faut dire que, dès les phases initiales, les outils digitaux ont occupé une place de choix dans les réflexions des équipes lensoises, qui vont d’ailleurs jusqu’à qualifier le futur NHMA « d’hôpital digital ».

« Cette digitalisation infusera tous ses pans d’activité, avec par exemple des circuits logistiques totalement automatisés, et un accès facilité à l’information pour les patients comme pour les soignants – qui pourront ainsi se recentrer sur leur cœur de métier », détaille Rémi Bouchez, responsable de l’architecture et de l’innovation au sein de la DSI et membre de la direction de projet NHMA sur ce volet digital. Géolocalisation des équipements biomédicaux en temps réel, dispositifs de partage des données avec la médecine de ville, déploiement de matériels connectés… sont autant d’outils déjà prévus et qui se baseront sur un socle technique « évolutif », faisant la part belle à l’interopérabilité.

La logistique, un point de réflexion important

« Le projet digital se divise en plusieurs axes, avec en premier lieu des systèmes d’information basés sur des infrastructures solides pour assurer une bonne couverture réseau partout dans le bâtiment », indique Rémi Bouchez. Autre axe, et non des moindres, la logistique, qui a fait l’objet d’une large réflexion au sein de la direction de projet. Le recours aux technologies connectées représente en effet ici un atout indéniable en matière de traçabilité, disponibilité, gain de place et rapidité décisionnelle. Pneumatiques lourds pour évacuer les déchets et le linge sale, transports robotisés, systèmes de stockage de nouvelle génération… Au NHMA, le choix s’est porté sur une logistique « fortement industrialisée, qui doit s’interfacer avec les logiciels déjà en place pour assurer une interopérabilité et un fonctionnement optimaux », constate le responsable. Pour illustrer ces propos, Madeleine Domitin, directrice adjointe du projet NHMA plus particulièrement chargée des aspects fonctionnels et organisationnels, décrit le système de stockage en hauteur qui équipera les futurs entrepôts : « Inspiré de ce qui se fait déjà chez les grands acteurs de la livraison à domicile, il utilisera la technologie mini-load, qui nécessite néanmoins d’être intégrée au projet avant même la phase de construction ».

Car bien qu’il représente un élément central du projet NHMA, le digital n’en reste pas moins une brique parmi d’autres, inscrites dans une réflexion plus large. « Dès le départ, nous avons créé différents groupes thématiques adressant chacun une dimension particulière, par exemple la logistique, l’organisation des soins ou encore l’organisation technique », détaille la directrice adjointe en insistant sur la nécessité de « travailler en premier lieu sur les organisations et les objectifs, de manière à permettre ensuite aux automates, robots et technologies numériques de s’y insérer ». En d'autres termes, il convient de commencer par construire le socle qui assurera l’intégration des outils digitaux aux pratiques professionnelles, garantira leur accessibilité pour les patients, et facilitera, plus largement, l’appropriation du futur bâtiment par les équipes hospitalières et les usagers.

Vers une gestion du bâtiment 100 % numérique ?

Et justement, pour concevoir un bâtiment qui « réponde techniquement aux besoins prescrits », notamment sur le plan des infrastructures, les équipes projet ont cherché à tirer pleinement profit des technologies à leur disposition. Ainsi, la technologie BIM, (Building Information Modeling, ou Modélisation des informations du bâtiment) a dès le départ été utilisée pour « déceler immédiatement les problématiques liées à la synthèse et notamment au bon passage des réseaux », note Damien Duriez, ingénieur et conducteur d’opération sur le projet. « Le BIM offre également une visibilité plus complète sur l'hôpital et son implantation immobilière, facilitant la prévision d’éventuelles problématiques techniques entre les différents corps de métiers », complète le responsable qui envisage aussi cette cartographie détaillée comme un outil d’exploitation du bâtiment.

« On peut ici comparer le BIM à un jumeau numérique du bâtiment, intégrant par exemple des objets connectés pour disposer d’une vision plus large sur les lieux et pouvoir les optimiser plus facilement », complète Rémi Bouchez. À cet égard, ces technologies s’insèrent dans une réflexion à plus long terme autour de « l’hypervision », « soit une hyper-supervision du bâtiment qui permettrait de mettre en interconnexion plusieurs éléments et logiciels. Une telle approche, que l’on n’imagine pas forcément aujourd’hui, assurerait une gestion bâtimentaire extrêmement fine », explique Damien Duriez en insistant sur la nécessité « de permettre ces développements à long terme » dès à présent – et donc de les prendre en compte dès la conception du NHMA. « Ce projet est avant tout celui d’un hôpital plus fonctionnel, ancré dans son époque mais aussi ouvert vers l'avenir », conclut, confiant, Laurent Zaderatzky.

Article publié dans l'édition de mai 2023 d'Hospitalia à lire ici.






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