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Le Ségur du numérique en santé testé en vie réelle


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Lundi 22 Juillet 2024 à 16:19 | Lu 735 fois


Dans le cadre du Ségur Numérique, deux parcours patients en vie réelle ont été testés les 5 et 6 février derniers sur le territoire de Valenciennes, dans les Hauts-de-France. Deux établissements sanitaires, un laboratoire d’analyses médicales, une pharmacie d’officine et un cabinet médical de ville ont été mobilisés pour cette action, qui a « mis en avant le suivi et la prise en charge des patients, grâce à la production et au partage sécurisé de données de santé dans Mon Espace Santé (MES) et avec la Messagerie Sécurisée de Santé (MSSanté) », nous expliquent ses organisateurs côté Agence du numérique en santé (ANS) : Clémentine Juin, responsable de mission déploiement Ségur secteur sanitaire en ville, Inès Ghouil Maaoui, responsable développement territorial et Alaedine Slimani, responsable de mission déploiement interopérabilité.



©Agence du numérique en santé
©Agence du numérique en santé
Dans quel contexte cette expérimentation dans le Valenciennois a-t-elle vu le jour ?

Clémentine Juin : L’idée nous est venue lors d’un échange avec le Dr Jacques Franzoni, président de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Grand Valenciennes : pourquoi ne pas tester les outils du Ségur du numérique en santé en vie réelle ? Pour organiser ces journées de terrain, l’ANS, la Délégation au numérique en santé (DNS) et la CPTS se sont donc associées à l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, au Groupement régional d'appui au développement de la e-santé (GRADeS) Inéa Sant& Numérique HDF, à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), à l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) et aux centres hospitaliers de Valenciennes et de Denain. 

Inès Ghouil Maaoui : Les établissements de santé ont été très mobilisés par la vague 1 du Ségur, qui a permis de les outiller massivement pour leur permettre d'alimenter automatiquement le Dossier médical partagé (DMP) et Mon Espace Santé, et d'échanger avec leurs interlocuteurs à travers des messageries sécurisées de santé, professionnelle comme citoyenne. Le Ségur Numérique est donc arrivé à l'hôpital sous un format très technique, et il était maintenant important de passer aux usages et de montrer l’intérêt de toutes ces actions dans le cadre d’un parcours patient.

Quelles modalités avez-vous retenues ?

Alaedine Slimani : Les essais portaient sur deux cas d’usage : la suspicion d’une entorse à la cheville, et l’appendicectomie. Pour chacun, nous avons simulé la prise en charge d'un patient à chaque étape de son parcours, c’est-à-dire depuis sa prise en charge aux urgences ou par son médecin traitant, jusqu’à la visite de contrôle postopératoire dans le cadre de l’appendicectomie, en passant par la vérification de l’identité, la réalisation des analyses biologiques et des actes d’imagerie, ou encore la production du compte-rendu opératoire. Toutes ces étapes ont permis de tester les usages in vivo pour identifier ce qui fonctionne, mais aussi les freins et, le cas échéant, mettre en place un plan d’action pour y remédier.  

Justement, quels ont été les freins rencontrés ? 

Inès Ghouil Maaoui : Sur le plan humain, nous avons rencontré peu de freins, car les participants à l’expérimentation l’ont fait sur la base du volontariat. Nous avons néanmoins rencontré des irritants en termes de pratiques, notamment en ce qui concerne la qualification de l’Identité nationale de santé (INS), ou encore l’accès à Mon Espace Santé ou à MSSanté. Les GRADeS et les Régions mettent ici en œuvre un plan d'accompagnement des professionnels de santé, hospitaliers comme libéraux, autour de ces services socles. Des campagnes de communication et de sensibilisation sont d’ailleurs en cours, mais, pour avoir un impact fort, ces actions nécessitent un peu plus de temps et doivent être récurrentes. 

Clémentine Juin : Cela dit, les retours fournis par la quarantaine de participants à ces deux journées étaient très positifs, ce qui nous encourage à poursuivre ce type d’action. D’autant que nous avons aussi pu identifier plusieurs irritants spécifiques à la ville. Ce qui n’est pas étonnant, car la ville concentre les professionnels pivots, ce qui démultiplie les irritants. Par ailleurs, là où, à l’hôpital, les professionnels de santé peuvent s’appuyer sur la direction des systèmes d’information, le praticien libéral est souvent seul devant son ordinateur. L’un des enjeux est donc d’adapter le dispositif pour mieux accompagner les professionnels de santé en ville. 

Quid des laboratoires de biologie médicale ? 

Alaedine Slimani : La caractérisation de l’INS a ici été moins compliquée, car beaucoup de patients ont déjà l’habitude d’amener leur carte d’identité pour réaliser des analyses biologiques. Néanmoins, un frein a par exemple été rencontré dans la génération de documents au format interopérable promu par le Ségur, et utilisé dans Mon Espace Santé. Certains laboratoires fonctionnent encore avec d’anciens formats, mais ils sont en train de se mettre à jour. Le constat est somme toute le même que pour les irritants identifiés sur les autres maillons de la chaîne de soins : les choses se mettent en place progressivement. Toujours est-il qu’à l’issue de ces deux journées d’essai, nous pouvons l’affirmer : le parcours patient avec le numérique, ça marche !

Organiserez-vous d’autres actions similaires ?

Inès Ghouil Maaoui : Notre objectif est de développer ces simulations en vie réelle dans plusieurs régions. Nous accompagnerons, naturellement, celles qui souhaitent y prendre part, pour qu'elles puissent s'approprier la démarche et la déployer ensuite dans ses territoires. 

Clémentine Juin : Nous visons donc un réel passage à l’échelle qui mobilisera plusieurs acteurs territoriaux, les GRADeS, les ARS, l’Assurance Maladie et même la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), puisque nous souhaitons aussi étendre ce type de démarche au secteur médico-social, également concerné par le Ségur Numérique. De telles simulations ont plusieurs intérêts. Identifier, bien sûr, ce qui fonctionne ou non, mais aussi promouvoir les usages issus du Ségur. La « preuve par l'usage » donne envie d’intégrer la dynamique, car elle offre une vision d’ensemble sur le parcours d’un usager. Beaucoup de professionnels de santé ne voient le patient qu’à un instant T, à l’étape qui les concerne. Pouvoir observer un parcours dans son intégralité leur permet de prendre de la hauteur, pour découvrir l'amont et l'aval de la prise en charge. Cela donne du sens à la démarche qualité, tout en renforçant le chaînage entre professionnels. 

> Article paru dans Hospitalia #65, édition de mai 2024, à lire ici 
 






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