Le Dr. Cécile Monteil, praticienne aux urgences pédiatriques de l'hôpital universitaire Robert-Debré (AP-HP). ©DR
Praticienne, consultante, conférencière, gestionnaire… Malgré son jeune âge, le Dr Cécile Monteil a déjà exercé plusieurs métiers. Après avoir obtenu son doctorat de médecine en 2013, et plusieurs années d’études à Paris et à Toulouse, elle a déjà dédié une grande partie de sa carrière à la e-santé. Une appétence, qu’elle doit, entre autres, à une adolescence passée aux États-Unis. « Lorsque je suis arrivée en France, peu de temps après l’obtention de mon baccalauréat – soit dans les années 2000 –, j’ai été frappée par la différence de pratiques dans l’utilisation du numérique. Par exemple, alors qu’aux États-Unis, les e-mails étaient déjà fréquemment utilisés, la pratique était encore assez marginale en France, confie l’intéressée. Beaucoup de concepts aujourd’hui bien implantés, comme Doctolib ou Doctissimo, étaient alors en train d’émerger. Ils restaient encore insuffisamment aboutis, mais il me paraissait déjà clair que le numérique avait beaucoup à nous apporter ». Passionnée par ces nouvelles technologies et leurs applications possibles au monde de la médecine, la jeune femme se tourne donc tout naturellement vers la e-santé et ce, dès l’obtention de son diplôme.
Impliquée très tôt dans le développement de la e-santé
À peine sa pratique médicale entamée, elle est rapidement embauchée par une start-up « à une époque où cela n’était pas vraiment à la mode », confie Cécile Monteil en souriant. Elle mène donc ces deux activités de front, convaincue par la nécessité de s’impliquer dans le développement d’outils « qui pâtissaient, encore plus qu’aujourd’hui, du manque de médecins impliqués dès leur conception ». Un premier engagement qui la pousse, en 2014, à créer Eppocrate, une page Facebook dédiée au monde de la e-santé et ambitionnant d’accompagner le changement de pratiques. « J’y partageais les informations relatives au secteur, se souvient-elle. En créant cette page, je voulais toucher le plus de monde possible, permettre à tous d’accéder rapidement à des informations sur le sujet ». Aujourd’hui, la page a été transformée en groupe, et réunit plus de 2 700 membres principalement issus du monde médical.
La formation par simulation, enjeu majeur des années à venir
Si Cécile Monteil a fait évoluer le format d’Eppocrate, c’est bien parce qu’il lui fallait « trouver du temps »pour ses autres activités. Travailleuse acharnée, elle partage aujourd’hui ses journées entre les urgences pédiatriques de l’Hôpital Universitaire Robert-Debré de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) et iLumens, où elle occupe le poste de directrice médicale sur le Campus Saint-Germain. Cette plateforme d’apprentissage par la simulation, à l’origine destinée aux étudiants de l’Université de Paris – issue du regroupement de Paris Descartes et Paris Diderot –, développe désormais une offre de formation continue pour les professionnels de santé partout en France. 700 m2 de salles ont ainsi été aménagés au cœur de la capitale pour recréer un hôpital où sont proposées plusieurs types de simulations, allant d’un acte médical banal, tel que la réalisation d’une ponction lombaire, à des interventions beaucoup plus complexes. « Nous disposons pour cela de plusieurs modèles de mannequins, pilotés à distance par un ordinateur : certains ne reproduisent qu’une partie du corps, d’autres recréent le corps dans son intégralité », explique Cécile Monteil.
« La possibilité de se former à tout acte »
Véritables bijoux technologiques, ces mannequins hautes-fidélités permettent de reproduire les actes médicaux de manière quasi-parfaite.« On peut les faire saigner ou pleurer, dilater leurs pupilles, augmenter leur pression sanguine, tout est possible », ajoute la médecin. Afin d’acclimater les futurs médecins aux équipements et technologies présents dans un hôpital, les salles sont également dotées de machines en tous genres, échographes, simulateurs chirurgicaux… « La formation par simulation a un intérêt majeur : elle permet d’éviter que les premières interventions ne se fassent sur de vrais patients, complète Cécile Monteil. Cette approche permet à tous les professionnels de se former à tous les actes qu’ils souhaitent, à travers la formationinitiale ou continue ».
iLumens offre également aux futurs médecins la possibilité de se confronter à des acteurs spécialisés, jouant le rôle de patients ou de proches à qui l’on doit annoncer, par exemple, une mauvaise nouvelle. Un point important, pour le Dr Cécile Monteil, « mais trop souvent négligé »lors de la formation médicale. « Les nouvelles technologies aident et continueront d’aider les professionnels de santé dans leur exercice quotidien. Mais le facteur humain ne pourra pas être remplacé ou délégué à la machine. Si la e-santé donne plus de temps aux acteurs sanitaires, il faut leur apprendre à se centrer sur l’humain », ajoute Cécile Monteil, pour qui « former les prochains médecins et professionnels du secteur avec l’aide de ces outils devient alors essentiel ».
iLumens offre également aux futurs médecins la possibilité de se confronter à des acteurs spécialisés, jouant le rôle de patients ou de proches à qui l’on doit annoncer, par exemple, une mauvaise nouvelle. Un point important, pour le Dr Cécile Monteil, « mais trop souvent négligé »lors de la formation médicale. « Les nouvelles technologies aident et continueront d’aider les professionnels de santé dans leur exercice quotidien. Mais le facteur humain ne pourra pas être remplacé ou délégué à la machine. Si la e-santé donne plus de temps aux acteurs sanitaires, il faut leur apprendre à se centrer sur l’humain », ajoute Cécile Monteil, pour qui « former les prochains médecins et professionnels du secteur avec l’aide de ces outils devient alors essentiel ».
La réalité virtuelle désormais au service de la formation médicale
Et le recours à la simulation est loin d’être la seule contribution des nouvelles technologies à la formation des professionnels de santé, enjeu qu’ils poursuivent tout en long de leur exercice. Avec son équipe, Cécile Monteil monte actuellement un projet particulièrement innovant au sein de l’Hôpital Universitaire Robert-Debré : la formation continue par réalité virtuelle. « L’idée est ici de permettre aux professionnels de santé de se former via des vidéos 3D sur un thème ou un geste spécifique », explique-t-elle. D’une durée de quelques minutes seulement, ces capsules permettent d’effectuer une piqûre de rappel rapide, « qui pourrait très bien être développée en complément d’une formation physique », précise Cécile Monteil. En couplant pratique médicale, formation et conférences, Cécile Monteil compte aussi apporter ses pierres à un édifice en construction, surtout en intervenant sur plusieurs échelles, car pour elle, « chaque action dans laquelle nous nous engageons doit avoir un impact concret, pour un patient, un groupe de soignants ou auprès du grand public ».
Article publié dans le numéro de février d'Hospitalia à consulter ici .
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