Après les premiers enseignements tirés « à chaud » à l’issue de la première vague il y a de cela dix-huit mois, où en sommes-nous aujourd’hui ?
Antoine Perrin : La crise est toujours là. Et même s’ils ont pu se reposer un peu cet été, force est de constater que les professionnels de santé restent fatigués. Or, ces dernières semaines, ils ont dû faire face à plusieurs problématiques, notamment les difficultés de recrutement, le manque de personnel, et la présence toujours active du virus. Malgré ce contexte, je tiens à saluer l’adhésion toujours plus forte à la vaccination. La FEHAP a d’ailleurs toujours appuyé la décision du gouvernement de rendre la vaccination obligatoire pour les professionnels en contact avec des personnes fragile. De même, la fédération a dès le départ soutenu la mise en place de mesures barrière et la présentation du Pass sanitaire pour les familles à l’hôpital et dans les EHPAD.
Quelles sont vos réflexions « post-crise » ?
Le premier constat concerne notre système de santé : malgré la situation et son ampleur, il a été en capacité de réagir et de s’adapter. Je pense ici tout particulièrement à l’exercice de leur mission de service public par les établissements du secteur privé à but non lucratif. Ces derniers mois, nous avons toujours su répondre aux attentes du ministère des Solidarités et de la Santé ainsi que des Agences Régionales de Santé (ARS), pour gérer l’augmentation d’activité générée par l’épidémie. Tout cela a démontré que nous sommes globalement capables d’agir en situation de crise, surtout lorsque le carcan réglementaire – qui nous contraint habituellement – est mis de côté. Cette période a en outre clairement souligné que l’autonomie et la confiance accordées aux acteurs de la santé sont essentielles et nécessaires.
Pensez-vous ici spécifiquement au secteur privé non lucratif ?
Ces remarques s’appliquent à tous les établissements répondant aux missions de service public, qui ont sans surprise été les plus présents au plus fort de la crise. Le secteur privé Solidaire – non lucratif –, tout comme l’hôpital public, répond à des missions régaliennes au cœur de nos engagements. Mais celles-ci entraînent parfois des contraintes telles qu’elles peuvent empêcher une adaptation rapide. Comme je le soulignais, c’est justement leur allègement qui nous a permis de réagir aussi vite durant la crise sanitaire. Dans ces moments difficiles, c’est ce qui a fait notre force.
Pensez-vous que cet allègement réglementaire perdurera ?
Je doute que la dynamique se maintienne complètement, parce que notre système de santé a besoin d’être régulé. Mais j’espère que des leçons en seront tirées, notamment pour créer de nouveaux modes de Contrats Pluriannuels d'Objectifs et de Moyens (CPOM) davantage liés à l’activité d’un établissement et aux besoins sanitaires de son territoire. Nous souhaitons que ces CPOM, aujourd’hui majoritairement « de moyens », se transforment en CPOM « d’objectifs », évaluant le service rendu à une population donnée. Nous les envisageons comme de véritables contrats de confiance et de responsabilité, déclinables à toutes les branches du sanitaire et du médico-social, du soin jusqu’à l’accompagnement.
Les 24 et 25 novembre prochains, la FEHAP organise son congrès annuel à Nancy. Ces pistes y seront-elles discutées ?
Bien entendu. Intitulé « L’énergie solidaire pour demain », notre congrès s’intéressera aux logiques territoriales et populationnelles. Ces thèmes sont centraux dans les réflexions à mener pour les secteurs de la santé et du médico-social, puisqu’ils soulèvent de nombreuses questions autour des moyens, des structures territoriales, de l’engagement de la société civile, de l’attractivité des métiers, des parcours professionnels… Ce sont donc autant d’enjeux qui seront abordés et débattus lors de notre congrès. L’événement est d’ailleurs prévu pour se dérouler à la fois en présentiel et en digital : face à l’évolution incertaine de l’épidémie, et malgré une amélioration a priori engagée, nous avons en effet voulu laisser à tous la possibilité de suivre les conférences et débats en ligne.
Comment envisagez-vous le futur du secteur privé solidaire ?
Nous souhaiterions que la réflexion dépasse celle du statut pour aller vers une logique de mission, qu’il y ait vis-à-vis de notre secteur le même dialogue qu’avec le secteur public, avec les mêmes moyens. Nous aussi accueillons tout le monde, sans critères sélectifs et sans dépassement d’honoraires. Face à ces missions de service public, nous devons être traités de la même manière. C’est une reconnaissance que nous aurions aimé obtenir lors du Ségur de la Santé, et pour laquelle nous avions dû nous battre. Uniquement négocié avec le secteur public, ce Ségur n’a en effet consacré qu’une enveloppe restreinte pour le privé non lucratif. Nous avons dû protester pour obtenir une revalorisation salariale pour nos médecins et pharmaciens. Elle n’est certes pas à la hauteur de celle allouée au public, mais elle nous permet tout de même de fidéliser nos médecins et d’assurer la continuité de nos activités.
Penchons-nous sur le nouveau projet stratégique 2021-2025 de la FEHAP, dévoilé cet été. Quels sont ses principaux thèmes ?
Issu de deux années de travaux, ce projet se décline autant au niveau national que régional. Il se divise en quatre grands thèmes : “au service des personnes”, ”au service des professionnels”, “au service des adhérents” et “au service du système de santé”. En assurant la co-construction constante, la prise en compte des publics en situation de vulnérabilité, la formation des professionnels, l’évolution des conventions collectives, l’accompagnement de nos adhérents dans les mutations du secteur ou encore la promotion de l’innovation, nous comptons bien renforcer notre contribution aux soins et à l’accompagnement de tous, tout en participant activement à la transformation de notre système de santé.
Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.
Antoine Perrin : La crise est toujours là. Et même s’ils ont pu se reposer un peu cet été, force est de constater que les professionnels de santé restent fatigués. Or, ces dernières semaines, ils ont dû faire face à plusieurs problématiques, notamment les difficultés de recrutement, le manque de personnel, et la présence toujours active du virus. Malgré ce contexte, je tiens à saluer l’adhésion toujours plus forte à la vaccination. La FEHAP a d’ailleurs toujours appuyé la décision du gouvernement de rendre la vaccination obligatoire pour les professionnels en contact avec des personnes fragile. De même, la fédération a dès le départ soutenu la mise en place de mesures barrière et la présentation du Pass sanitaire pour les familles à l’hôpital et dans les EHPAD.
Quelles sont vos réflexions « post-crise » ?
Le premier constat concerne notre système de santé : malgré la situation et son ampleur, il a été en capacité de réagir et de s’adapter. Je pense ici tout particulièrement à l’exercice de leur mission de service public par les établissements du secteur privé à but non lucratif. Ces derniers mois, nous avons toujours su répondre aux attentes du ministère des Solidarités et de la Santé ainsi que des Agences Régionales de Santé (ARS), pour gérer l’augmentation d’activité générée par l’épidémie. Tout cela a démontré que nous sommes globalement capables d’agir en situation de crise, surtout lorsque le carcan réglementaire – qui nous contraint habituellement – est mis de côté. Cette période a en outre clairement souligné que l’autonomie et la confiance accordées aux acteurs de la santé sont essentielles et nécessaires.
Pensez-vous ici spécifiquement au secteur privé non lucratif ?
Ces remarques s’appliquent à tous les établissements répondant aux missions de service public, qui ont sans surprise été les plus présents au plus fort de la crise. Le secteur privé Solidaire – non lucratif –, tout comme l’hôpital public, répond à des missions régaliennes au cœur de nos engagements. Mais celles-ci entraînent parfois des contraintes telles qu’elles peuvent empêcher une adaptation rapide. Comme je le soulignais, c’est justement leur allègement qui nous a permis de réagir aussi vite durant la crise sanitaire. Dans ces moments difficiles, c’est ce qui a fait notre force.
Pensez-vous que cet allègement réglementaire perdurera ?
Je doute que la dynamique se maintienne complètement, parce que notre système de santé a besoin d’être régulé. Mais j’espère que des leçons en seront tirées, notamment pour créer de nouveaux modes de Contrats Pluriannuels d'Objectifs et de Moyens (CPOM) davantage liés à l’activité d’un établissement et aux besoins sanitaires de son territoire. Nous souhaitons que ces CPOM, aujourd’hui majoritairement « de moyens », se transforment en CPOM « d’objectifs », évaluant le service rendu à une population donnée. Nous les envisageons comme de véritables contrats de confiance et de responsabilité, déclinables à toutes les branches du sanitaire et du médico-social, du soin jusqu’à l’accompagnement.
Les 24 et 25 novembre prochains, la FEHAP organise son congrès annuel à Nancy. Ces pistes y seront-elles discutées ?
Bien entendu. Intitulé « L’énergie solidaire pour demain », notre congrès s’intéressera aux logiques territoriales et populationnelles. Ces thèmes sont centraux dans les réflexions à mener pour les secteurs de la santé et du médico-social, puisqu’ils soulèvent de nombreuses questions autour des moyens, des structures territoriales, de l’engagement de la société civile, de l’attractivité des métiers, des parcours professionnels… Ce sont donc autant d’enjeux qui seront abordés et débattus lors de notre congrès. L’événement est d’ailleurs prévu pour se dérouler à la fois en présentiel et en digital : face à l’évolution incertaine de l’épidémie, et malgré une amélioration a priori engagée, nous avons en effet voulu laisser à tous la possibilité de suivre les conférences et débats en ligne.
Comment envisagez-vous le futur du secteur privé solidaire ?
Nous souhaiterions que la réflexion dépasse celle du statut pour aller vers une logique de mission, qu’il y ait vis-à-vis de notre secteur le même dialogue qu’avec le secteur public, avec les mêmes moyens. Nous aussi accueillons tout le monde, sans critères sélectifs et sans dépassement d’honoraires. Face à ces missions de service public, nous devons être traités de la même manière. C’est une reconnaissance que nous aurions aimé obtenir lors du Ségur de la Santé, et pour laquelle nous avions dû nous battre. Uniquement négocié avec le secteur public, ce Ségur n’a en effet consacré qu’une enveloppe restreinte pour le privé non lucratif. Nous avons dû protester pour obtenir une revalorisation salariale pour nos médecins et pharmaciens. Elle n’est certes pas à la hauteur de celle allouée au public, mais elle nous permet tout de même de fidéliser nos médecins et d’assurer la continuité de nos activités.
Penchons-nous sur le nouveau projet stratégique 2021-2025 de la FEHAP, dévoilé cet été. Quels sont ses principaux thèmes ?
Issu de deux années de travaux, ce projet se décline autant au niveau national que régional. Il se divise en quatre grands thèmes : “au service des personnes”, ”au service des professionnels”, “au service des adhérents” et “au service du système de santé”. En assurant la co-construction constante, la prise en compte des publics en situation de vulnérabilité, la formation des professionnels, l’évolution des conventions collectives, l’accompagnement de nos adhérents dans les mutations du secteur ou encore la promotion de l’innovation, nous comptons bien renforcer notre contribution aux soins et à l’accompagnement de tous, tout en participant activement à la transformation de notre système de santé.
Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.