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L’IRCAD, fleuron de la recherche et de l’innovation en chirurgie


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Lundi 14 Février 2022 à 15:55 | Lu 1754 fois


Créé en 1994 au sein des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, l’Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD) s’est peu à peu imposé comme l’un des principaux centres de référence pour la recherche et la formation en chirurgie mini-invasive et robotique. Il s’agrandit aujourd’hui avec la construction de l’IRCAD 3, qui accueille entre autres un auditorium connecté et deux plateformes robotiques. Visite guidée.



©IRCAD
©IRCAD
Situé au cœur des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, non loin des anciens haras et du centre historique de la ville, le nouveau bâtiment de l’Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD) impressionne. Alliant verre et métal, cet IRCAD 3 offre 4 000 m2 supplémentaires pour la recherche et l’enseignement de la robotique chirurgicale. Construit durant l’épidémie de Covid-19, mais seulement inauguré en octobre dernier, le bâtiment flambant neuf accueille notamment un auditorium interactif équipé des dernières technologies numériques, ainsi que deux plateformes robotiques. Pas moins de dix nouveaux robots viennent ainsi s’ajouter au parc de l’Institut, qui en totalise désormais 23 et compte bien développer son offre de formation en « se hissant au premier rang mondial ».

« Cette nouvelle extension permettra à l’IRCAD de conforter sa place de centre de référence international dans le domaine de la recherche et de la formation en robotique chirurgicale », annonce, confiant, le Professeur Jacques Marescaux, président et fondateur de l’Institut. Alors que celui-ci fête cette année ses 27 ans d’existence, l’inauguration du nouveau bâtiment reflète aussi la réussite d’une structure qui a réussi à s’imposer comme un acteur international majeur de la recherche et de la formation en chirurgie mini-invasive et robotique. Chaque année, 6 200 chirurgiens exerçant dans 120 pays viennent ainsi se former à Strasbourg.
 

© Philippe Eranian
© Philippe Eranian

WebSurg, une université virtuelle dédiée à la formation

Depuis l’année 2000, cette formation s’opère également à distance via le projet d’université virtuelle World electronic book of Surgery (WebSurg). Toujours en ligne, le site – qui en est à sa septième version – offre la possibilité d’accéder gratuitement à des modules d’e-learning, disponibles en sept langues et tous consacrés à la chirurgie mini-invasive. Vidéos filmées et commentées d’interventions chirurgicales, avis d’experts, vidéos interactives, contributions de membres… L’université virtuelle compte aujourd’hui plusieurs types de contenus, principalement destinés à des chirurgiens, des étudiants et même des infirmiers de bloc opératoire (IBODE).

Suite à la crise sanitaire, le site web a d’ailleurs bénéficié de l’ajout d’un nouveau volet de formation. « Dès mars 2020, nous avions commencé à basculer nos formations habituelles en webinaires. Voyant que cela permettait de faire des focus sur des points très précis et d’offrir un complément utile à nos cycles habituels de formation en ligne, il a été décidé de le garder », se souvient Thomas Parent, directeur technique de WebSurg. Pour mieux matérialiser cette ambition, l’IRCAD a d’ailleurs investi dans la construction d’un studio de télévision professionnel.
 

©IRCAD
©IRCAD

Une activité centrée sur la recherche

Mais la formation n’est pas l’unique activité de cet institut de recherche privé à but non lucratif. Cherchant notamment à optimiser la vision du chirurgien, la précision de ses actes ainsi que sa compréhension de la situation pathologique, l’IRCAD travaille, en parallèle, à l’intégration des notions de réalité augmentée, de robotique et d’intelligence artificielle. Le Pr Jacques Marescaux en est d’ailleurs convaincu : « Un jour, les chirurgiens ne seront plus que des superviseurs, comme les pilotes le sont devenus dans l’aéronautique avec l’avènement du pilotage automatique ». Il ajoute : « Nous sommes sans doute encore à la préhistoire de la robotique médicale. Mais je suis persuadé que dans les 10 à 15 années qui viennent, toutes les opérations seront robotisées ».

Et force est de constater que l’Institut se mobilise activement pour donner corps à cet avenir. On pourrait par exemple citer ici le projet Disrumpere, qui cherche actuellement à développer l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le traitement des images d’échographie pour pallier les manques dans les déserts médicaux. « Dans ce cas précis comme dans tous nos projets, les équipes de l’IRCAD sont la brique qui manque entre la recherche universitaire et l’industrie. Notre force réside dans le dialogue entre développeurs informatiques et chirurgiens aguerris, afin de répondre concrètement aux besoins des professionnels de santé », détaille Alexandre Hostettler, directeur R&D de l’IRCAD et de la Surgical data science team, l’équipe en charge du projet.

La réalité augmentée au service de la chirurgie

Dans les champs de la vision augmentée et de la réalité virtuelle, une autre initiative impulsée par l’Institut est déjà bien connue des professionnels du secteur. Le projet Visible Patient permet ainsi de transformer des images de scanners ou d’IRM en doubles 3D des organes, créant ainsi de véritables « clones numériques ». « La réalisation de ces clones digitaux est un atout indéniable pour s’entraîner, enseigner et aussi, à terme, visualiser directement l’organe lors de l’opération », confie, enthousiaste, le Pr Jacques Marescaux. Sur ce dernier point, il faudra néanmoins attendre que la technologie évolue encore pour que la construction des images soit plus rapide, et qu’elles puissent être couplées en temps réel à la vidéo. Pourtant, le chirurgien visionnaire en est une fois de plus persuadé : « L’évolution vers la chirurgie avec réalité augmentée est déjà pour demain ».

Article publié dans l'édition de décembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.


 

Bientôt sept IRCAD à travers monde
L’IRCAD a développé les coopérations hors des frontières françaises en ouvrant des instituts miroirs partout dans le monde : à Taïwan en 2007, au Brésil avec une implantation à São Paulo en 2011 puis à Rio de Janeiro en 2017, et au Liban en 2019. À ces centres déjà en activité, s’ajouteront prochainement l’IRCAD Africa, situé à Kigali au Rwanda, l’IRCAD China basé à Wuxi, à côté de Shanghai, et potentiellement un centre aux États-Unis, le projet étant toutefois encore en négociation. « Peu d’instituts français, à part Pasteur, sont aussi présents à travers le monde », constate fièrement le Pr Jacques Marescaux.
 

L’opération Lindbergh a 20 ans
Le 7 septembre 2001, les équipes de l’IRCAD et de l’European Institute of TeleSurgery (EITS) étaient à l’origine de la première opération chirurgicale à distance entre New York et Strasbourg. Ce jour-là, le Pr Jacques Marescaux réalisait, à partir de la Big Apple, une cholécystectomie chez une patiente située à Strasbourg. Cette première opération transatlantique, dite « Lindbergh », est assurément l’un des projets les plus célèbres de l’institut strasbourgeois. « Ce jour-là, nous avons prouvé que nous pouvions nous affranchir de la distance. Nous avons repoussé les limites de la chirurgie avec l’objectif d’ouvrir de nouveaux espoirs aux patients, où qu’ils soient », se souvient Jacques Marescaux, convaincu que « la télémédecine a aussi sa place en chirurgie ». Encore inégalé à ce jour, cet exploit « est avant tout une prouesse technique et télécom », ajoute le chirurgien, saluant ici « les agents de France Télécom qui ont réussi à réduire le temps de latence sous les 200 millisecondes », à 150 millisecondes exactement, et ce alors que le chirurgien et la patiente étaient distants de plus de 6 000 km. « Cette opération, c’est la concrétisation d’une parfaite alliance entre technologie et chirurgie », conclut le Pr Marescaux.






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