Des collaborations étroites avec les PME innovantes
Bernard Rubinstein, vous dirigez le Groupe PRISME, qui a bâti sa renommée sur sa forte connaissance des besoins métiers et ses collaborations étroites avec les PME les plus innovantes. En quoi consiste plus concrètement votre démarche ?
Bernard Rubinstein : Entre 20% à 40% du temps de nos collaborateurs est consacré à l’identification, au éveloppement et à la qualification de solutions et d’outils novateurs, qui répondent à des problématiques réelles ou émergentes en France, et pour lesquelles il n’existe pas encore de solutions véritablement pertinentes. Notre culture fait que chacun au sein de la société est impliqué et force de proposition. Nous évaluons chaque trimestre la qualité de notre pipeline innovation au sein du COPIL Innovation Groupe PRISME, et nos processus de décision nous permettent de trancher, prioriser et réorienter si nécessaire nos développements dans des délais très réduits.
Le Groupe PRISME travaille en pratique en permanence sur un portefeuille diversifié de projets de recherche et de développement. Nous avançons dans une démarche de partenariat avec des instituts publics et privés, plusieurs pôles de compétitivité, ainsi que de nombreuses start‐ups dynamiques dans le domaine de la recherche, que nous accompagnons dans la mise en adéquation de leurs solutions avec les besoins des utilisateurs. Je souhaite aussi mentionner bien sûr l’équipe innovation de l’UGAP, qui joue un rôle moteur important dans la diffusion des pratiques innovantes. Ces développements s’étendent fréquem ment sur plusieurs mois, pour aboutir à des outils réellement mûrs au regard des attentes professionnelles. Nous ne sommes pas pressés ou obnubilés par le court terme, et sommes très à l’aise pour démarrer une discussion avec un prospect qui a un projet à 3 – 5 ans et qui aimerait simplement un avis métier ou technique en amont de notre part. Nous construisons sur le long terme. Le Groupe PRISME bénéficie il est vrai d’une dynamique de croissance annuelle à deux chiffres, depuis plusieurs années, de capitaux propres substantiels et d’un niveau d’endettement financier proche de zéro. Ceci nous permet d’être serein par rapport au diktat des résultats trimestriels vécu par de nombreux grands groupes cotés en bourse.
L’objectif est de pouvoir ensuite proposer ces solutions innovantes au sein d’une offre globale et intégrée, s’appuyant sur l’ensemble des savoir‐faire fédérés par le Groupe PRISME. Le bénéfice est ici majeur autant pour les start‐ups et PME, qui gagnent en visibilité commerciale, que pour les établissements de santé, qui peuvent s’appuyer sur des solutions de pointe, dont la mise en oeuvre et le maintien sont réalisés par un interlocuteur unique responsable de l’ensemble. Une stratégie qui a permis au Groupe PRISME de construire une position de leader dans le secteur de la traçabilité code‐barres / RFID en milieu sanitaire et médico‐social. Son chiffre d’affaires a d’ailleurs doublé sur les sept premiers mois de l’année 2015 ‐ preuve s’il en est de la pertinence de cette démarche.
Cet engagement affiché en faveur de l'innovation bénéficie notamment aux start-ups et PME Françaises. Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
B. R. : Conscient de l’abondance et de la diversité des compétences en France, le Groupe PRISME a souhaité y apporter un soutien actif, en concentrant d’abord son attention sur les entreprises nationales. Il s’est ainsi engagé pour la French Tech, une initiative de l’État qui vise à susciter une mobilisation collective en faveur de la croissance des start‐ups françaises. Le Groupe PRISME collabore en outre étroitement avec le Pôle de compétitivité logistique Nov@log, qui a notamment facilité le rapprochement avec Tracers Technology, une PME vendéenne spécialisée dans le contrôle de la chaîne du froid. Le partenariat avec la start‐up CIRA, créatrice de l’algorithme de codage pour la compression des images numériques Waaves, illustre quant à lui à la fois la stratégie de développement sur la durée – plus de deux ans ont en effet été nécessaires pour faire évoluer la solution au plus près des besoins réels –, et l’appui apporté aux savoir‐faire nationaux.
Parallèlement à cet engagement auprès d’acteurs nationaux, le Groupe PRISME s’est également donné pour mission de prendre le meilleur de la technologie mondiale, d’accélérer sa diffusion en France et de créer de la valeur ajoutée sur le territoire national. Une approche complémentaire qui s’est par exemple traduite par un partenariat avec le finlandais Ekahau, l’un des leaders mondiaux des solutions RTLS (Real Time Location System). Le Groupe PRISME est ainsi le revendeur officiel et partenaire privilégié de la société Ekahau en France depuis 2009, et a obtenu l’accréditation pour réaliser en France des développements logiciels sur cette solution RTLS particulièrement performante.
Waaves, un format de compression révolutionnaire développé par CIRA
Vous citez CIRA, une TPE française née à l’orée de l’an 2000 et qui a notamment mis au point Waaves, un algorithme de codage pour la compression des images numériques, restituées sans aucun biais diagnostic quelles que soient leurs modalités d’acquisition et de lecture. Véritable révolution dans le domaine de l’imagerie médicale, cette technologie innovante est depuis peu commercialisée par le Groupe PRISME. Sylvain Hochberg, vous êtes le fondateur et gérant de CIRA. Pouvez-Vous nous en dire plus sur le format Waaves ?
Sylvain Hochberg : Fruit de dix ans de Recherche et de Développement menés par des équipes 100% françaises, celui-ci vise à fiabiliser la dématérialisation des images en assurant la conformité des données compressées avec celles de l’image native. Une étude1, réalisée par le Professeur Guy Frija, alors chef du service d’imagerie médicale de l’HEGP, et membre du comité DICOM à Paris, lui avait ainsi permis de conclure que l’image d’une radiologie thoracique pouvait être compressée jusqu’à 80 fois avec Waaves sans induire de biais diagnostic, et que le fichier produit était, à qualité égale, 3 à 9 fois plus compact que les autres solutions de compression disponibles sur le marché.
L’outil Waaves a donc deux grandes forces : d’une part son taux de compression record, qui lui permet par exemple de compresser une radiologie panoramique dentaire jusqu’à 200 fois pour un usage diagnostic, et jusqu’à 1 000 fois lorsqu’il s’agit d’identifier une personne décédée, et d’autre part sa fiabilité de restitution, récemment encore mise en lumière par l’INSERM qui contrôle régulièrement la qualité des versions produites. De plus, la collaboration avec le Laboratoire LIP6 (Université Pierre et Marie Curie), a abouti à la constitution du plus important centre de recherche sur l'algorithmique de l’image numérique au monde. Polyvalent, le fonctionnement de Waaves met en œuvre le principe de l’interchangeabilité des plateformes et des formats (dont DICOM). Il couvre autant les images de radiologie médicale que les tracés générés par les ECG et EEC ou encore les séquences animées (échographies, angiographie, …) et l'imagerie de spécialité. Sa qualité de développement s’appuie sur le respect des normes relatives aux Dispositifs Médicaux ISO 14971 (gestion des risques) et UTE 62304 (cycle de vie du logiciel).
Quels bénéfices les établissements de santé peuvent-ils tirer d’un tel outil ?
S. H. : Les avantages de Waaves se situent à plusieurs niveaux. Ce format facilite considérablement les échanges entre professionnels de santé, qui peuvent affiner leur diagnostic sur la base d’images disposant d’une même qualité perceptuelle. Les applications sont donc nombreuses, notamment en termes de mobilité. Les gestionnaires des réseaux et des infrastructures peuvent quant à eux mettre cette technologie à disposition de l’ensemble des acteurs sanitaires, sans déployer d’infrastructures lourdes, ni augmenter les capacités de stockage du Système d’Information ou surcharger la bande passante. Les gestionnaires d’établissement y trouveront pour leur part un outil pertinent pour valoriser les compétences et l’expertise de leurs praticiens en s’engageant en faveur de la télémédecine, tout en maîtrisant les budgets induits. Les patients auront, enfin, l’assurance d’être pris en charge plus rapidement et de bénéficier d’avis spécialisés, notamment dans les situations d’urgence.
Waaves est désormais intégré à l’offre du Groupe PRISME, et référencé au catalogue de l’UGAP. Que vous apporte cette évolution stratégique ?
S. H. : Fort de sa connaissance des besoins et enjeux hospitaliers, le Groupe PRISME est en mesure non seulement d’accélérer la diffusion de Waaves, mais aussi de proposer cette technologie au sein d’une solution globale, intégrant tant des logiciels métiers à finalité diagnostique que des dispositifs nomades pour l’échange des données en mobilité. Cette association de deux savoir-faire est donc précieuse, tant pour les acteurs sanitaires que pour les patients. Le Groupe PRISME commercialise par ailleurs également Infocament, le porte-document médical numérique développé par CIRA et qui s’appuie, lui aussi, sur le format Waaves pour assurer la disponibilité des données de santé en temps réel.
Tracers Technology, pour contrôler la chaîne du froid sans étalonnage
Un autre exemple de l’engagement actif du Groupe PRISME auprès des PME les plus innovantes réside dans son partenariat avec la start-up française Tracers Technology. Spécialisée dans le contrôle et la traçabilité de la chaîne du froid, celle-ci a imaginé un concept des plus novateurs afin de sécuriser le circuit des produits thermosensibles. Labellisés par le Pôle de Compétitivité logistique Nov@log, ses badges intelligents Trace Cold® et DISPLEO® ne nécessitent en effet aucun étalonnage pour détecter les dépassements et variations de températures de consigne. Olivier Rayant, vous êtes le co-fondateur de cette PME vendéenne. Comment est née l’idée de ces capteurs réactifs et entièrement personnalisables ?
Olivier Rayant : Il s’agissait, d’une part, de développer des outils qui permettraient de surveiller le respect de la chaîne du froid des produits - et non de leurs contenants -, et qui peuvent être mis en œuvre sans nécessiter d’investissements lourds. Nous souhaitions, d’autre part, baser cette technologie sur la physique, c’est-à-dire sur les phénomènes naturels qui épousent l’environnement. Un concept qui permet de fiabiliser le suivi des températures en apportant une preuve indiscutable du respect ou du non-respect des seuils prédéfinis, et ce sans aucun étalonnage préalable.
Comment fonctionnent, concrètement, les badges Trace Cold® et DISPLEO ® ?
O. R. : Outil à usage unique, Trace Cold® indique tout dépassement d’une température ascendante et permet d’enregistrer cette information dans un système informatique. Il s’appuie d’une part sur un indicateur visuel dont la couleur change en cas de dépassement avéré, pour une interprétation facilitée et une prise de décision plus rapide. Il intègre, d’autre part – et c’est là une véritable innovation -, un code-barres intelligent qui se modifie également lors du non-respect de la température seuil. L’information de suivi peut alors être récupérée via une application dédiée et directement transmise au système d’information. Le DISPLEO® est quant à lui un indicateur temps/températures électronique de nouvelle génération, qui non seulement détecte les variations, mais y adjoint également un chronomètre. Entièrement programmable (T° primaires et règlementaires minimales et maximales, temps d’affichage de la rupture avant enregistrement, etc.), cette solution réutilisable intègre une indication visuelle LCD des températures et des temps de dépassement pour une lecture facilitée. Elle s’appuie, elle aussi, sur la technologie de code-barres intelligent, ce qui permet aux données d’être lues avec tout type de terminal. Ergonomiques, personnalisables et simples à mettre en œuvre, ces solutions mises au point par Tracers Technology s’affirment donc comme des outils universels dont l’utilisation ne nécessite aucune formation. Elles sont en outre infalsifiables, inviolables et irréversibles, et peuvent être adaptées à tous types de produits.
Que vous apporte le partenariat avec le Groupe PRISME ?
O. R. : Intégrateur titulaire du marché des solutions de traçabilité code-barres et de mobilité à l’UGAP, le Groupe PRISME dispose d’une expertise importante dans le domaine de la traçabilité hospitalière et dans le secteur du Transport et de la Logistique. À l’écoute des besoins sur le terrain, il était à la recherche d’outils de contrôle de la chaîne du froid ergonomiques et pouvant être facilement mis en œuvre au sein d’une solution globale – un enjeu auquel vont lui permettre de répondre les badges Trace Cold® et DISPLEO®. C’est d’ailleurs un partenariat gagnant-gagnant, puisque Tracers Technology va, de son côté, mettre à profit l’expertise métier du Groupe PRISME pour répondre toujours mieux aux attentes des professionnels de santé, tout en bénéficiant de sa forte présence au plus près des utilisateurs.
Favoriser l’essor de la French Tech
Ce ne sont là que quelques exemples de la démarche collaborative inscrite au cœur de la stratégie du Groupe PRISME - démarche qui a démontré sa pertinence plus d’une fois, dans un contexte où les enjeux sont de taille. Bernard Rubinstein, vous n’êtes pas sans savoir que le médiateur des marchés publics, Jean-Lou Blachier, vient de publier un rapport sur les Achats Hospitaliers Innovants, dans lequel il met en exergue le faible taux de commandes publiques passées aux PME innovantes. Que vous inspire cet état de fait ?
Bernard Rubinstein : La faible représentativité des PME françaises dans les commandes publiques est regrettable, d’autant que la France est le quatrième producteur mondial de technologies médicales, que 94% des entreprises françaises sont des TPE et des PME, et que leur savoir-faire est reconnu au niveau international. Nombre de ces structures innovantes, telle la société française Mauna Kea Technologies, enregistrent une part majeure de leur chiffre d’affaire à l’export et les centres hospitaliers français pourraient plus profiter de leurs remarquables avancées technologiques.
Ne négligeons donc pas la force des solutions collaboratives telles qu’elles sont mises en œuvre depuis plusieurs années déjà par le Groupe PRISME et qui, relayées avec efficacité par l’UGAP et les pôles de compétitivité pour promouvoir les PME françaises et la diffusion des pratiques innovantes, s’affirment ainsi comme un modèle pertinent, favorisant l’essor de la French Tech au sein d’un écosystème intégré.
Nous pourrons ainsi soutenir l’émergence d’un mode de fonctionnement efficace pour appuyer l’innovation et valoriser nos compétences et savoir-faire, sans nécessairement créer de nouvelles structures ou de nouveaux process. Les bénéfices seront dès lors partagés par tous. Les start-ups, TPE et PME pourront se développer et pérenniser leurs activités en atteignant plus facilement une taille critique. Les établissements de santé pourront plus facilement accéder aux technologies les plus performantes. Les patients-citoyens ont tout à y gagner en termes de qualité, sécurité et efficience des soins.