Apparu dans le paysage national depuis presque 18 mois, l’INeS est aujourd’hui un acteur important de la e-santé en France. Quelles activités portez-vous aujourd’hui ?
Pr Fabrice Denis : Soixante experts ont déjà rejoint les rangs de l’INeS et se mobilisent pour soutenir et accélérer le développement et l’enseignement du numérique en santé. Notre pôle enseignement et formation est d’ailleurs particulièrement dynamique et a déjà porté de nombreuses initiatives. En partenariat avec l’Université de Bourgogne, nous avons ainsi lancé un Master exécutif en e-santé destiné aux formateurs, afin qu’ils puissent eux-mêmes acculturer les professionnels de santé. La première session a réussi à fédérer une quarantaine de participants. Sur un spectre plus large, nous avons également créé un cycle d'initiation à la e-santé sous la forme de webinaires. Diffusés tous les lundis à 18h et disponibles en replay, les « Lundis de l’INeS » explorent pendant 20 minutes un volet spécifique de la santé numérique, en lien avec un expert du sujet. Ce format plébiscité a su conquérir les internautes, en France comme dans le reste du monde : un quart des participants sont d’ailleurs issus de pays francophones, tels que le Canada, le Maroc ou la Tunisie.
L’INeS a également déployé toute une offre de formation socle…
Pour répondre à l’obligation de formation obligatoire dans les Facultés de santé pour la rentrée de septembre 2024, nous avons en effet conçu une offre de contenu clé en main, qu’elles pourront proposer à leurs étudiants. Référencée au catalogue de la centrale d’achat hospitalière Resah, cette formation de 28 heures au coût raisonnable – une quinzaine d’euros par étudiant – est d’ores et déjà disponible et entend accompagner l’intégration de cette nouvelle matière pour, une fois de plus, faciliter l’acculturation à la santé numérique.
Outre l’enseignement, quelles autres actions avez-vous menées à ce jour ?
Durant cette première année, nous avons aussi lancé une campagne de labellisation, qui s’est matérialisée par la création de deux labels, l’un pour les « solutions à haut niveau d'évaluation clinique », l’autre pour les « solutions à haut potentiel clinique ». Le premier, très exigeant, n’est pas encore très utilisé, mais le second se diffuse progressivement. S’adressant aux outils qui ne disposent pas encore d’un niveau de preuve clinique validée mais affichant un haut potentiel, celui-ci vient en appui des structures portant des projets prometteurs. Avec cette même volonté d’accompagnement de l’écosystème, l’INeS a également développé un score d’aide à l’évaluation des solutions numériques en santé à visée clinique, dit MDS pour « Medical Digital Solution Score », déjà appliqué à plusieurs centaines d’outils.
Pourriez-vous nous en parler ?
En seulement quelques questions, le score MDS permet une évaluation accélérée des performances techniques et des niveaux de preuve clinique des solutions numériques. Plus concrètement, il intègre un algorithme pour calculer la probabilité de remboursement d’un dispositif e-santé et prend en compte quatre volets principaux : le niveau de preuve clinique, l'indication de l'application, la facilitation ou non du parcours de soins, et une évaluation de l'éditeur lui-même. Une moyenne pondérée permet ensuite d’attribuer une note de A à E, communiquée à la start-up mais aussi à ses partenaires, laboratoires de recherche et investisseurs, et aux établissements de santé eux-mêmes via notamment la centrale d’achat Resah. Vecteur de développement pour les éditeurs, ce score est donc aussi source de valeur ajoutée pour l’écosystème dans son ensemble, qui peut ainsi mieux visualiser et suivre la maturité des solutions arrivant sur le marché.
L’INeS s’est également doté d’un Think Tank. Quelles sont ses missions ?
Celui-ci regroupe les 60 experts de l’Institut et adresse différentes demandes, autour d’une thématique particulière ou formulées par un organisme tiers. Nous avons, par exemple, été sollicités par le ministère des Solidarités et de la Santé dans le cadre de la feuille de route du numérique en santé ; par la Haute Autorité de Santé pour un sujet sur l'évaluation des dispositifs médicaux ; ou encore par la Task Force européenne d'harmonisation de l'évaluation des dispositifs médicaux. Le Think Tank de l’INeS peut être saisi pour toute question relative au numérique en santé, qu’elle soit d’ordre médical, technique ou économique. Sur ce dernier point, nous travaillons par exemple avec le Haut Conseil de la nomenclature, pour un financement à l’usage des solutions e-santé dans les établissements hospitaliers français. Il s’agit là d’un enjeu particulièrement important, car la santé numérique doit encore trouver un modèle qui lui est propre et un format économique viable sur le long terme. Plusieurs réflexions sont en cours et, j’en suis convaincu, ces prochains mois seront cruciaux, tant que le plan économique qu’en matière d’appropriation et de formation.
Un mot sur les projets de l’INeS à court terme ?
L'institut compte bien poursuivre le développement des actions déjà évoquées, les labels, le Think Tank, le score MDS et le volet enseignement et formation. Ces deux derniers sujets nous mobiliseront d’ailleurs beaucoup jusqu’en 2024, en particulier pour déployer les formations socles auprès des Facultés de santé et généraliser l’implantation du score MDS auprès de l’ensemble des acteurs du numérique en santé. Cela dit, notre Institut est aujourd’hui dans une dynamique très positive. Nous avons d’ailleurs été contactés par plusieurs pays francophones pour y déployer des antennes de l’INeS, renommé pour l’occasion « Institut for SmartHealth ». Une antenne locale devrait ainsi prochainement voir le jour en Tunisie, et d’autres projets pourraient voir le jour au Cameroun, au Bénin, en Côte d’Ivoire ou encore au Liban. À chaque fois, l’INeS mettra à disposition son architecture d’enseignement, ses contenus pédagogiques et ses modalités d’examens. Et, bien que la création d’antennes n’était à l’origine pas réellement prévue, cette internationalisation représente in fineune réelle chance pour l’INeS, qui pourrait ainsi s’implanter dans des pays très actifs en matière de recherche et de développement de la e-santé.
> Article publié dans l'édition de septembre d'Hospitalia à lire ici.
Pr Fabrice Denis : Soixante experts ont déjà rejoint les rangs de l’INeS et se mobilisent pour soutenir et accélérer le développement et l’enseignement du numérique en santé. Notre pôle enseignement et formation est d’ailleurs particulièrement dynamique et a déjà porté de nombreuses initiatives. En partenariat avec l’Université de Bourgogne, nous avons ainsi lancé un Master exécutif en e-santé destiné aux formateurs, afin qu’ils puissent eux-mêmes acculturer les professionnels de santé. La première session a réussi à fédérer une quarantaine de participants. Sur un spectre plus large, nous avons également créé un cycle d'initiation à la e-santé sous la forme de webinaires. Diffusés tous les lundis à 18h et disponibles en replay, les « Lundis de l’INeS » explorent pendant 20 minutes un volet spécifique de la santé numérique, en lien avec un expert du sujet. Ce format plébiscité a su conquérir les internautes, en France comme dans le reste du monde : un quart des participants sont d’ailleurs issus de pays francophones, tels que le Canada, le Maroc ou la Tunisie.
L’INeS a également déployé toute une offre de formation socle…
Pour répondre à l’obligation de formation obligatoire dans les Facultés de santé pour la rentrée de septembre 2024, nous avons en effet conçu une offre de contenu clé en main, qu’elles pourront proposer à leurs étudiants. Référencée au catalogue de la centrale d’achat hospitalière Resah, cette formation de 28 heures au coût raisonnable – une quinzaine d’euros par étudiant – est d’ores et déjà disponible et entend accompagner l’intégration de cette nouvelle matière pour, une fois de plus, faciliter l’acculturation à la santé numérique.
Outre l’enseignement, quelles autres actions avez-vous menées à ce jour ?
Durant cette première année, nous avons aussi lancé une campagne de labellisation, qui s’est matérialisée par la création de deux labels, l’un pour les « solutions à haut niveau d'évaluation clinique », l’autre pour les « solutions à haut potentiel clinique ». Le premier, très exigeant, n’est pas encore très utilisé, mais le second se diffuse progressivement. S’adressant aux outils qui ne disposent pas encore d’un niveau de preuve clinique validée mais affichant un haut potentiel, celui-ci vient en appui des structures portant des projets prometteurs. Avec cette même volonté d’accompagnement de l’écosystème, l’INeS a également développé un score d’aide à l’évaluation des solutions numériques en santé à visée clinique, dit MDS pour « Medical Digital Solution Score », déjà appliqué à plusieurs centaines d’outils.
Pourriez-vous nous en parler ?
En seulement quelques questions, le score MDS permet une évaluation accélérée des performances techniques et des niveaux de preuve clinique des solutions numériques. Plus concrètement, il intègre un algorithme pour calculer la probabilité de remboursement d’un dispositif e-santé et prend en compte quatre volets principaux : le niveau de preuve clinique, l'indication de l'application, la facilitation ou non du parcours de soins, et une évaluation de l'éditeur lui-même. Une moyenne pondérée permet ensuite d’attribuer une note de A à E, communiquée à la start-up mais aussi à ses partenaires, laboratoires de recherche et investisseurs, et aux établissements de santé eux-mêmes via notamment la centrale d’achat Resah. Vecteur de développement pour les éditeurs, ce score est donc aussi source de valeur ajoutée pour l’écosystème dans son ensemble, qui peut ainsi mieux visualiser et suivre la maturité des solutions arrivant sur le marché.
L’INeS s’est également doté d’un Think Tank. Quelles sont ses missions ?
Celui-ci regroupe les 60 experts de l’Institut et adresse différentes demandes, autour d’une thématique particulière ou formulées par un organisme tiers. Nous avons, par exemple, été sollicités par le ministère des Solidarités et de la Santé dans le cadre de la feuille de route du numérique en santé ; par la Haute Autorité de Santé pour un sujet sur l'évaluation des dispositifs médicaux ; ou encore par la Task Force européenne d'harmonisation de l'évaluation des dispositifs médicaux. Le Think Tank de l’INeS peut être saisi pour toute question relative au numérique en santé, qu’elle soit d’ordre médical, technique ou économique. Sur ce dernier point, nous travaillons par exemple avec le Haut Conseil de la nomenclature, pour un financement à l’usage des solutions e-santé dans les établissements hospitaliers français. Il s’agit là d’un enjeu particulièrement important, car la santé numérique doit encore trouver un modèle qui lui est propre et un format économique viable sur le long terme. Plusieurs réflexions sont en cours et, j’en suis convaincu, ces prochains mois seront cruciaux, tant que le plan économique qu’en matière d’appropriation et de formation.
Un mot sur les projets de l’INeS à court terme ?
L'institut compte bien poursuivre le développement des actions déjà évoquées, les labels, le Think Tank, le score MDS et le volet enseignement et formation. Ces deux derniers sujets nous mobiliseront d’ailleurs beaucoup jusqu’en 2024, en particulier pour déployer les formations socles auprès des Facultés de santé et généraliser l’implantation du score MDS auprès de l’ensemble des acteurs du numérique en santé. Cela dit, notre Institut est aujourd’hui dans une dynamique très positive. Nous avons d’ailleurs été contactés par plusieurs pays francophones pour y déployer des antennes de l’INeS, renommé pour l’occasion « Institut for SmartHealth ». Une antenne locale devrait ainsi prochainement voir le jour en Tunisie, et d’autres projets pourraient voir le jour au Cameroun, au Bénin, en Côte d’Ivoire ou encore au Liban. À chaque fois, l’INeS mettra à disposition son architecture d’enseignement, ses contenus pédagogiques et ses modalités d’examens. Et, bien que la création d’antennes n’était à l’origine pas réellement prévue, cette internationalisation représente in fineune réelle chance pour l’INeS, qui pourrait ainsi s’implanter dans des pays très actifs en matière de recherche et de développement de la e-santé.
> Article publié dans l'édition de septembre d'Hospitalia à lire ici.