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L’ANAP se saisit de la centralisation des commandes de transports


Rédigé par Joëlle Hayek le Jeudi 17 Décembre 2020 à 09:19 | Lu 714 fois


En début d’année, l’ANAP s’est penchée sur un enjeu au cœur de l’organisation des parcours de soins : la mise en œuvre d’une plateforme de centralisation de commande de transports, à laquelle l’agence a consacré un guide pratique élaboré avec les établissements de santé, les tutelles et les transporteurs sanitaires eux-mêmes. L’objectif ? Apporter un éclairage opérationnel pour favoriser la maîtrise globale de ce processus stratégique, comme nous l’explique Jamel Mahcer, manager à l’ANAP.



Jamel Mahcer, manager à l'ANAP. ©DR
Jamel Mahcer, manager à l'ANAP. ©DR
Dans quel contexte ce guide a-t-il vu le jour ?
Jamel Mahcer : Celui-ci s’inscrit dans la continuité des travaux menés par l’ANAP depuis 2011. Il faut dire que le sujet s’y prête : longtemps associé à une fonction uniquement logistique, le transport des patients a souvent été perçu par les établissements de santé comme une problématique quelque peu décorrélée de leur cœur de métier. Pourtant, selon la DRESS, la consommation de transports sanitaires en ambulatoire, qui s’élève à 5,1 milliards d’euros en 2018, a augmenté de 2,6 %, après + 3,8 % en 2017. Cette croissance importante des dépenses est appelée à se poursuivre, puisqu’elle est elle-même liée aux nouveaux besoins sanitaires (vieillissement de la population, pathologies chroniques, etc.) Sans oublier le développement des actes ambulatoires et le regroupement des plateaux techniques qui, de fait, génèrent d’importants volumes de transport. La maîtrise de ce processus est donc d’autant plus essentielle qu’il est devenu l’un des maillons de la chaîne de soins. À défaut, c’est tout un circuit qui en pâtit.

Comment cela ?
Pour les professionnels de santé, le temps passé à essayer de trouver une solution de transport est déduit de celui passé auprès des patients. Pour l’usager, une commande non anticipée se traduit par des délais d’attente parfois importants, avec des conséquences directes sur son bien-être et sur celui de tous ceux qui attendent derrière lui. Le transporteur lui-même n’est pas en reste, ces temps d’attente intempestifs étant synonymes de manque à gagner. La mise en œuvre d’une plateforme de centralisation des commandestrouve donc ici tout son sens : en fluidifiant l’organisation des transports, en facilitant les interactions entre les acteurs de l’amont et de l’aval, elle génère des bénéfices quantifiables pour l’ensemble de la chaîne.

Vous avez évoqué les précédents travaux de l’ANAP autour de cette thématique. Pouvez-vous nous en parler ?
Je pense à l’ensemble des travaux publiés par l’ANAP dès 2013 et plus récemment à la publication de juin 2019, « Retour d’expériences sur la mise en place du service de centralisation de commande de transports », qui visait d’une part à éclairer les acteurs souhaitant professionnaliser leur fonction transport, et d’autre part à dégager les grands enseignements et les tendances de fond. Le nouveau guide de mise en œuvre en est la suite logique : il apporte des éclairages supplémentaires pour le déploiement d’une plateforme de centralisation des transports, en présentant différents scenarii et critères décisionnels, en évoquant la démarche opérationnelle en lien avec l’ensemble des parties prenantes et en mettant en lumière les freins, difficultés et écueils potentiels.

Comment avez-vous procédé ?
Comme à son accoutumée, la démarche adoptée par l’ANAP a fait la part belle au pragmatisme, en lien étroit avec deux professionnels ayant historiquement contribué à la professionnalisation de la fonction transport : Fabienne Billault, responsable de la fonction transport au CHU de Montpellier et présidente de l’Association des responsables de transport et de la logistique à l’hôpital (ARTLH), et Jean-Yves Gerbet, responsable du service de transport des patients au CHU de Dijon. Plus concrètement, nous avons sollicité plusieurs établissements de santé afin de disposer d’un panel suffisamment représentatif sur la manière dont cette problématique est appréhendée sur le terrain. Nous avons également travaillé avec les Agences Régionales de Santé (ARS) et l’Assurance maladie, c’est-à-dire les tutelles en charge de l’organisation des soins et qui disposent donc ici d’une vision transversale. Sans oublier, naturellement, les représentants des usagers et des quatre fédérations nationales des transporteurs sanitaires afin que toutes les parties prenantes s’y retrouvent.

Quels principaux enseignements avez-vous mis en lumière ?
La mise en œuvre d’une plateforme de centralisation des commandes de transport fait écho à un prérequis : dans l’organisation actuelle du système de santé, les établissements ne représentent que l’un des épisodes sanitaires dans le cadre d’un parcours global. Cette notion doit être au cœur des mécaniques à l’œuvre pour organiser, fluidifier et in finemaîtriser la chaîne de transport. L’articulation des acteurs de l’amont et de l’aval autour de la prise en charge du patientest dès lors primordiale pour instaurer des relations de confiance, qui elles-mêmes permettront d’inscrire le dispositif dans une démarche d’amélioration continue.L’autre notion essentielle a trait à la professionnalisation de la fonction transport au sein des établissements de santé – qui va de pair avec la sensibilisation des prescripteurs aux bonnes pratiques en la matière. La montée en compétences des acteurs du transport hospitalier représente donc un enjeu stratégique dont les structures sanitaires doivent se saisir. Beaucoup s’interrogent : faut-il rattacher la fonction transport aux services logistiques ou aux services de soins ? À mon sens la réponse réside dans la combinaison des deux : cette fonction doit à la fois se nourrir de la dimension humaine des métiers du soins – puisqu’il s’agit de transporter des patients – et du savoir-faire des agents logistiques. Il s’agirait presque d’un nouveau métier, pour lequel l’ANAP a d’ailleurs proposé des fiches de poste élaborées avec les établissements de santé lors de journées de travail.

Le mot de la fin ?
Nous nous félicitons que cette nouvelle publication ait été bien accueillie sur le terrain. Peut-être est-ce parce que ces travaux ont permis de repositionner le sujet transport de la bonne manière, c’est-à-dire sous l’angle de l’organisation. La mise en place d’une plateforme de centralisation des commandes de transport doit en effet se faire parallèlement à une réflexion organisationnelle, visant à favoriser la complémentarité des différents acteurs dans une relation partenariale au bénéfice du patient. Nous proposerons d’ailleurs aux professionnels d’assister à notre Cercle dédié à la question des transports le 10 décembre prochain. Cet évènement donnera la parole à plusieurs professionnels d’établissements de santé et sera aussi l’occasion de revenir sur les impacts du Covid-19 sur la fonction transport. Les inscriptions seront ouvertes à tous, consultez notre site !



« Plateforme de centralisation de commande de transports. Guide de mise en œuvre » : une publication à découvrir sur http://ressources.anap.fr/transports/publication/2711

Article publié sur le numéro de septembre d'Hospitalia à consulter ici

 
 
 
 






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