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Entretien exclusif avec Andrea Fiumicelli, PDG du groupe Dedalus


Rédigé par Joëlle Hayek le Lundi 22 Novembre 2021 à 11:51 | Lu 974 fois


Les 16 et 17 septembre derniers, le Club d’utilisateurs ORBIS - RESO tenait son assemblée générale à Pontivy, dans le Morbihan. Cette rencontre, organisée en partenariat avec le Groupe Hospitalier Centre Bretagne et en présence des équipes Dedalus France, a accueilli un invité de marque : Andrea Fiumicelli, le PDG du Groupe Dedalus, venu spécialement de Florence. Hospitalia l’a rencontré.



Andrea Fiumicelli, PDG du Groupe Dedalus. ©DR
Andrea Fiumicelli, PDG du Groupe Dedalus. ©DR
Comment se positionne aujourd’hui Dedalus sur le marché de la santé numérique ?
Andrea Fiumicelli : Notre groupe est cœur de nombreuses initiatives liées à la transformation digitale des systèmes de santé, en particulier dans les pays européens où nos solutions sont largement implantées. Ainsi, sur les 300 millions de personnes qui, partout dans le monde, bénéficient de services sanitaires basés sur des technologies Dedalus, 150 millions sont en Europe. Cette position centrale représente sans conteste une force, et plus encore depuis l’épidémie Covid qui a mis en lumière la fragmentation des organisations et parcours de soins. Les informations utiles à la prise en charge des patients ne circulent pas toujours de manière fluide entre les opérateurs de soins primaires et les établissements de santé, alors même que ces échanges sont essentiels à la continuité des soins et à la prise de décisions thérapeutiques éclairées.

Vous vous attachez justement à y répondre ?
Nous sommes en effet plus que jamais convaincus par la nécessité de tirer pleinement profit de l’intégration technologique, qui permettra de combler les écarts existants et de les inscrire dans un ensemble cohérent. Nous proposons, pour cela, toute une gamme de solutions ultra-communicantes, qui couvrent chaque étape du parcours de soins et font ainsi écho à l’exercice collaboratif qui fonde la médecine. Nous nous nourrissons ici des meilleures pratiques observées dans les pays où nous sommes implantés, notamment en Europe où professionnels de santé et patients partagent des valeurs communes. Pourtant, aujourd’hui, le marché de la santé est pour l’essentiel dominé par des groupes américains et chinois. Avec plus de 6 000 employés, dont 2 000 personnes dédiées aux activités de recherche et développement, nous ambitionnons justement de devenir le champion européen de la santé numérique.

Ces deux dernières années ont été riches en développements. Quels en ont été les temps forts ?
L’événement le plus marquant a sans conteste été la crise sanitaire. Nos équipes se sont fortement mobilisées auprès des millions de professionnels de santé qui utilisent nos solutions au quotidien. Les technologies Dedalus interviennent dans près de 40 % des hospitalisations en Europe. Il nous fallait être réactifs et mettre nos ressources à disposition des soignants en première ligne, afin qu’ils puissent eux-mêmes faire face à une pathologie nouvelle, tant sur le plan diagnostic que thérapeutique. Ces deux dernières années ont également vu Dedalus consolider son positionnement en Europe avec plusieurs acquisitions, Agfa Healthcare, DXC Technology, Amphi Systems, Dosing, OSM… Pour accompagner et pérenniser cette expansion, nous travaillons à l’intégration des nouvelles équipes. Celle-ci est néanmoins facilitée par le fait que nous poursuivons tous un même objectif, à savoir faire bénéficier les citoyens européens des meilleures technologies européennes.

À quoi ressemblera le nouveau Dedalus ?
Il s’articulera notamment autour de la plateforme DC4H, qui fournit un écosystème complet afin d’accompagner l’avènement d’un système de santé pleinement intégré. Cette technologie basée sur des données normalisées et des standards ouverts, permettra d’agréger les données produites par les applications et technologies de Dedalus mais aussi des autres acteurs de l’écosystème, afin d’en extraire des connaissances utiles et appuyer ainsi les décisions cliniques. Elle peut également contribuer à la mise en œuvre d’approches populationnelles en santé publique, par exemple pour mieux identifier les patients susceptibles de développer une forme grave du Covid. Nous sommes, naturellement, très attentifs à garantir la confidentialité des données personnelles de santé, conformément aux exigences du RGPD et aux règles de déontologie médicale. Celles-ci seront donc toujours sous le contrôle des établissements de santé, qui pourront néanmoins mieux les exploiter grâce à notre plateforme.

Sur quels autres axes travaillez-vous ?
Nous sommes pleinement engagés dans la stratégie D4U, qui représente une étape importante pour l’évolution de notre portefeuille DPI : convergence technologique, services de modernisation prêts à l’emploi, création d’un système API ouvert…, D4U ambitionne de renforcer le partage des connaissances médicales centrées sur le patient et l'aide à la décision clinique, s’inscrivant ainsi au cœur du futur continuum des soins. Sa mise en œuvre s’appuie notamment sur des investissements majeurs dans de nouvelles applications diagnostiques (laboratoire, anatomo-pathologie, imagerie), une gamme administrative performante, un portail patient de dernière génération, etc. Nous avons, en parallèle, lancé un grand chantier autour de l’utilisabilité de nos produits, afin qu’ils s’intègrent le plus naturellement possible aux pratiques soignantes, facilitent l’exercice professionnel et contribuent, in fine, à accélérer la transition numérique. Une attention forte est également portée au développement d’outils d’intelligence artificielle pour la prédiction d’événements cliniques en temps réel, avec le lancement cette année de nos premiers algorithmes Dedalus autour de la septicémie, de l’insuffisance rénale et du stress post-opératoire. Dans cette même optique, nous constituons une marketplace basée sur une plateforme standardisée et visant à simplifier le déploiement d’algorithmes tiers. Nous comptons aussi mettre à profit les solutions de traitement automatique du langage naturel, afin de faciliter la gestion des données non structurées.

Pourquoi avez-vous, cette année, souhaité participer à l’assemblée générale du Club d’utilisateurs ORBIS - RESO ?
Ma présence aujourd’hui à Pontivy est à la fois un signe d’attention et de respect pour les utilisateurs de nos solutions, en particulier à la lumière de ces dix-huit derniers mois. Il m’a donc semblé naturel de venir à leur rencontre. C’est également pour moi l’occasion de leur présenter plus en détails la stratégie D4U, d’évoquer nos algorithmes d’intelligence artificielle et la plateforme DC4H, d’être, enfin, à l’écoute de leurs attentes et exigences pour toujours mieux les servir. Sur un autre registre, cette rencontre nous a permis de partager le calendrier de mise en conformité de nos solutions avec les attendus du Ségur Numérique, qui devra être effective dans quelques semaines. C’est là un défi majeur que nous relèverons tous ensemble, et autour duquel nos équipes sont pleinement mobilisées. Nous reviendrons d’ailleurs sur tous ces points lors du salon SantExpo en novembre.

Le mot de la fin ?
Partout, la e-santé s’impose comme un levier précieux pour accompagner la transformation des organisations et renforcer la qualité et la sécurité des soins. La crise sanitaire l’a souligné de manière criante, poussant plusieurs pays, dont la France, à mettre en œuvre des plans d’investissements dédiés. Le principal défi résidera, à l’avenir, dans le facteur humain. Selon certaines estimations, il pourrait manquer entre 14 et 15 millions de soignants en Europe d’ici 2030. La technologie aura assurément un rôle à jouer pour faire face à ces pénuries, en facilitant l’exercice professionnel, en automatisant certaines tâches chronophages, en permettant un accès à distance à l’expertise médicale... Mais il faut préparer cette transition dès à présent. Or il faut ici disposer de plus de compétences numériques, qui elle aussi font défaut. Un programme de formation ambitieux est dès lors nécessaire, par exemple à l’échelle européenne, afin que les différents systèmes de santé puissent mener rapidement à bien leur transformation et pouvoir ainsi mieux faire face à la raréfaction attendue des ressources médicales et soignantes.

Article publié dans l'édition de septembre 2021 d'Hospitalia à lire ici.

Entretien exclusif avec Andrea Fiumicelli, PDG du groupe Dedalus






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