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Décarboner l’hôpital, « c’est possible ! »


Rédigé par Rédaction le Vendredi 24 Septembre 2021 à 09:30 | Lu 5929 fois


Quelques mois avant la COP 26 et alors que les enjeux environnementaux se font de plus en plus prégnants pour notre société, le Comité pour le Développement Durable en Santé (C2DS) multiplie les initiatives pour « décarboner » le secteur hospitalier. Parmi celles-ci, le lancement d’une Convention hospitalière pour le climat qui répertorie treize actions clés.



Prévue pour se dérouler du 1er au 12 novembre prochains à Glasgow, en Écosse, la COP 26 ambitionne d’inciter les États à rehausser leurs ambitions climatiques, alors que leurs citoyens sont plus que jamais soucieux des enjeux environnementaux. Le monde de la santé, en ville comme à l’hôpital, n’échappe pas à cette tendance qui infuse toute la société. Les soignants, par exemple, sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur l’utilisation de produits à usage unique ou sur la pollution engendrée par les gaz anesthésiants. « Nous notons un engagement chez les médecins, c'est nouveau », constate Véronique Molières, directrice du Comité pour le Développement Durable en Santé (C2DS), une association créée il y a quatorze ans et qui fédère aujourd’hui plusieurs établissements sanitaires et médico-sociaux. Face à ces nouvelles préoccupations, elle multiplie aujourd’hui les actions en faveur de la décarbonation (ou décarbonisation) de l’hôpital, soit la réduction de ses émissions de dioxyde de carbone (CO2).
 

Les treize points clés de la décarbonation

Le C2DS a ainsi lancé, à l’automne 2020, sa Convention hospitalière pour le climat, véritable « appel à la décarbonation des bâtiments hospitaliers mais aussi à la décarbonation à travers l'écoconception des soins », souligne Véronique Molières. Une campagne qui s’est notamment matérialisée par des ateliers, des rencontres, des indicateurs et des outils, et que l’association compte bien poursuivre « au moins jusqu'en 2022 », en se concentrant notamment sur treize points clés : les achats, l’énergie, les déchets, le transport des patients, des professionnels, des marchandises, et des déchets, la restauration, les gaz anesthésiques, l’écoconception des soins, les prestations de service, l’écoconstruction des bâtiments et le numérique.

Autant de points sur lesquels, estime l’association, il est possible d’agir pour réduire l’impact environnemental des établissements sanitaires et médico-sociaux. Le C2DS propose pour cela un certain nombre d’actions, par exemple un meilleur engagement des industriels, un affichage visible de l’empreinte carbone par intrant, ou encore l’inclusion de cette empreinte dans les appels d’offre. « Les professionnels de santé sont pleins de bon sens et créatifs : faisons-leur confiance, mais accélérons aussi leur formation », insiste François Mourgues, président du Comité pour le Développement Durable en Santé, soucieux que tous puissent s’approprier concrètement ces enjeux. 

 

Une demande venue du terrain

« Nous constatons une très grande attente de la part des jeunes générations de soignants et de médecins », note Véronique Molières en soulignant que « l’existence d’une politique verte au sein d’un l’établissement représente désormais un critère pour le choix du lieu d’exercice ». De plus en plus, les institutions et tutelles intègrent elles aussi les problématiques environnementales à leurs programmes. La nouvelle certification de la Haute Autorité en Santé (HAS), par exemple, comporte un critère relatif à l’engagement dans une démarche de développement durable, devenu obligatoire en 2021 « alors qu'il n’était jusque-là qu’optionnel », souligne Véronique Molières. Elle évoque également « un réel engagement de certaines Agences Régionales de Santé (ARS), comme en Provence-Alpes-Côte d'Azur où a été mis en place un programme de sensibilisation ».
 

Plusieurs initiatives aux retombées perceptibles

De nombreuses actions se mettent donc en place partout en France. À Lille, le Centre de lutte contre le cancer Oscar Lambret porte par exemple une politique de développement durable transversale, impliquant l’ensemble de ses services et se matérialisant notamment à travers la réalisation, en 2012, 2015 et 2020, de Bilans d'émission de gaz à effet de serre (BEGES). « Un BEGES complet est une démarche pédagogique continue, qui impose un accompagnement régulier et individuel », indique Édith Bayart, la référente développement durable de l’établissement. Celui-ci a ainsi intégré le bilan carbone des livraisons par types de produits dans ses appels d’offres aux fournisseurs. « D’une manière générale, nos appels d'offres comprennent des critères de développement durable », résume-t-elle en rappelant que « la priorité d’un BEGES n’est pas tant de disposer de chiffres précis, pour autant qu’ils permettent de se mesurer d’un bilan à un autre, mais bien de cibler les points sur lesquels il est possible d’agir, aussi petite soit cette action ».

« On ne peut pas décarboner un secteur sans savoir combien il pollue », explique Carima Mokrefi, directrice adjointe du CHU Toulouse. « La première étape est de disposer d’une photographie générale pour identifier les leviers d’action », abonde la responsable, qui insiste également sur deux leviers complémentaires pour « accélérer » la décarbonation du secteur de la santé : « le levier juridique et celui de la volonté ». Dans la clinique Saint-Roch, à Cambrai dans le Nord, ceux-ci sont bien à l’œuvre. Engagé en faveur du développement durable depuis 2008 avec un premier bilan carbone réalisé dès 2010, l’établissement s’est doté d’une charte d’éco-gestes et effectue régulièrement de nouveaux bilans permettant des comparaisons. « Alors que nos objectifs initiaux étaient de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 20 %, nous en sommes aujourd’hui à 52 % », indique fièrement Fabien Leloir, responsable qualité et gestion des risques de la clinique. Preuve, s’il en est, qu’une réduction de l’impact environnemental des établissements de santé est possible. « Des signaux verts apparaissent et pointent une réelle prise de conscience des effets des activités hospitalières sur notre santé et notre environnement », conclut, confiante, Véronique Molières.
 






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