Depuis quand l’AP-HP a-t-elle inscrit le développement durable dans ses activités ?
Matthias Didier : Déjà présente dans le projet d’établissement 2015-2019, la démarche développement durable s’accélère pour la période 2021-2025 : le sujet a en effet été intégré au nouveau projet d’établissement, avec un axe fort portant notamment sur la mesure des gaz à effet de serre et l’identification des principaux postes d’émissions. Plusieurs thématiques fondamentales et structurantes pour notre activité y ont également été associées, comme l’alimentation, la gestion des déchets ou encore la santé environnementale. Ce dernier point, par exemple, vise à la fois à évaluer l’impact de nos pratiques médicales sur l’environnement, et à établir les effets des changements environnementaux sur la santé, en lien avec le réchauffement climatique. Naturellement, ces sujets inscrits dans le projet d’établissement de l’AP-HP sont ensuite repris dans les projets d’établissements des différents groupes hospitaliers, qui peuvent alors mettre en œuvre des stratégies locales.
Quelles équipes travaillent plus particulièrement sur ces sujets ?
Une part importante des projets est directement portée par les Groupes Hospitaliers Universitaires (GHU) eux-mêmes, qui disposent tous d’un référent développement durable et d’un comité local capable de fédérer une communauté sensibilisée à ces questions. Un mode de fonctionnement similaire est mis en place au siège de l’AP-HP, où un comité de pilotage contribue à la gouvernance centrale du sujet. Le département Développement durable central est composé d’une directrice qui accompagne la mise en œuvre des actions stratégiques RSE, d’un directeur de projets – en l’occurrence moi-même – et de plusieurs experts, chacun spécialisé dans un domaine particulier : carbone, déchets, restauration, éco-maternités, santé environnementale… Une de nos collaboratrices travaille également sur le service civique, un levier intéressant pour déployer une politique de développement durable : il offre en effet la possibilité de faire intervenir des jeunes, pour porter ces problématiques auprès des équipes au sein des établissements.
Justement, comment ce sujet est-il accueilli par les agents sur le terrain ?
Les professionnels hospitaliers, soignants et non soignants, sont de plus en plus sensibilisés aux enjeux liés au développement durable et se mobilisent pour faire bouger les lignes. La Commission médicale d’établissement de l’AP-HP y est elle-même très attentive et s’y implique fortement. La CME dispose d’ailleurs de sa propre commission développement durable, présidée par le Dr Sonia Cerceau, anesthésiste, et le Dr Christian Guy-Coichard, spécialiste de la prise en charge de la douleur. Cette organisation nous permet d’avoir un relais auprès des professionnels de santé et de tisser ainsi des liens.
Vous finalisez actuellement le bilan carbone complet de l’AP-HP. Pourquoi cette initiative ?
Parce qu’elle nous permet de disposer d’une photographie complète de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de l’institution ! La réglementation nous oblige, aujourd’hui, à réaliser un bilan sur les deux premiers scopes, les « émissions directes de gaz à effet de serre » et les « émissions indirectes liées à l'énergie ». L’AP-HP a souhaité aller plus loin en faisant le choix d’un bilan carbone complet, c’est-à-dire incluant également le 3ème scope sur les « autres émissions indirectes ». Les achats de médicaments, le trajet domicile-travail des agents, les immobilisations financières… Tous les aspects de notre activité sont pris en compte pour avoir une vision plus précise sur nos émissions et sur les possibles actions qui contribueraient à les réduire. Bien entendu, celles-ci viendront en complément des projets déjà en cours, comme ceux liés à la restauration, aux déchets ou encore à la mobilité.
Quelles premières tendances émanent de ce bilan ?
Compte tenu de notre activité, la plus grande part de nos émissions est issue de l’achat des médicaments et des dispositifs médicaux, ainsi que des consommations énergétiques. Nous travaillerons donc sur ces thématiques en priorité, en lien notamment avec les centrales d’achats pour les émissions relatives aux produits de santé. En parallèle, la direction Énergie de l’AP-HP est en train de concevoir une nouvelle politique qui répondra davantage aux enjeux actuels. Plusieurs pistes sont à l’étude, comme le recours aux énergies mixtes ou la rénovation thermique des bâtiments. Comme à chaque fois, les réflexions seront collégiales et collectives, afin que toutes les personnes concernées puissent s’impliquer dans la résolution de ces problématiques.
Le département Développement durable s’intéresse également à l’empreinte carbone d’un parcours patient. Que pouvez-vous nous en dire ?
Travaillant en lien étroit avec la CME et les professionnels de santé, nous avons identifié trois parcours patients « type » : le suivi d’une pathologie chronique, en l’occurrence le diabète, la chirurgie ambulatoire et la prise en charge d’une maladie longue. À chaque fois, nous avons identifié les différentes briques composant le parcours pour pouvoir par la suite nous concentrer sur chacune. On pourrait d’ailleurs tout à fait imaginer, dans un futur plus ou moins proche, la mise en place de « calculette » qui permettrait de calculer l’empreinte carbone d’un parcours individuel. En tout état de cause, ces travaux complémentaires à ceux autour du bilan carbone de l’AP-HP, nous offrent un angle de vue différent tout en favorisant les échanges avec les professionnels de santé. Et, tout comme pour le bilan carbone, ils ne visent pas à réduire nos activités, mais bien à identifier les leviers et alternatives disponibles en tenant compte des contraintes propres aux établissements de santé.
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.
Matthias Didier : Déjà présente dans le projet d’établissement 2015-2019, la démarche développement durable s’accélère pour la période 2021-2025 : le sujet a en effet été intégré au nouveau projet d’établissement, avec un axe fort portant notamment sur la mesure des gaz à effet de serre et l’identification des principaux postes d’émissions. Plusieurs thématiques fondamentales et structurantes pour notre activité y ont également été associées, comme l’alimentation, la gestion des déchets ou encore la santé environnementale. Ce dernier point, par exemple, vise à la fois à évaluer l’impact de nos pratiques médicales sur l’environnement, et à établir les effets des changements environnementaux sur la santé, en lien avec le réchauffement climatique. Naturellement, ces sujets inscrits dans le projet d’établissement de l’AP-HP sont ensuite repris dans les projets d’établissements des différents groupes hospitaliers, qui peuvent alors mettre en œuvre des stratégies locales.
Quelles équipes travaillent plus particulièrement sur ces sujets ?
Une part importante des projets est directement portée par les Groupes Hospitaliers Universitaires (GHU) eux-mêmes, qui disposent tous d’un référent développement durable et d’un comité local capable de fédérer une communauté sensibilisée à ces questions. Un mode de fonctionnement similaire est mis en place au siège de l’AP-HP, où un comité de pilotage contribue à la gouvernance centrale du sujet. Le département Développement durable central est composé d’une directrice qui accompagne la mise en œuvre des actions stratégiques RSE, d’un directeur de projets – en l’occurrence moi-même – et de plusieurs experts, chacun spécialisé dans un domaine particulier : carbone, déchets, restauration, éco-maternités, santé environnementale… Une de nos collaboratrices travaille également sur le service civique, un levier intéressant pour déployer une politique de développement durable : il offre en effet la possibilité de faire intervenir des jeunes, pour porter ces problématiques auprès des équipes au sein des établissements.
Justement, comment ce sujet est-il accueilli par les agents sur le terrain ?
Les professionnels hospitaliers, soignants et non soignants, sont de plus en plus sensibilisés aux enjeux liés au développement durable et se mobilisent pour faire bouger les lignes. La Commission médicale d’établissement de l’AP-HP y est elle-même très attentive et s’y implique fortement. La CME dispose d’ailleurs de sa propre commission développement durable, présidée par le Dr Sonia Cerceau, anesthésiste, et le Dr Christian Guy-Coichard, spécialiste de la prise en charge de la douleur. Cette organisation nous permet d’avoir un relais auprès des professionnels de santé et de tisser ainsi des liens.
Vous finalisez actuellement le bilan carbone complet de l’AP-HP. Pourquoi cette initiative ?
Parce qu’elle nous permet de disposer d’une photographie complète de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de l’institution ! La réglementation nous oblige, aujourd’hui, à réaliser un bilan sur les deux premiers scopes, les « émissions directes de gaz à effet de serre » et les « émissions indirectes liées à l'énergie ». L’AP-HP a souhaité aller plus loin en faisant le choix d’un bilan carbone complet, c’est-à-dire incluant également le 3ème scope sur les « autres émissions indirectes ». Les achats de médicaments, le trajet domicile-travail des agents, les immobilisations financières… Tous les aspects de notre activité sont pris en compte pour avoir une vision plus précise sur nos émissions et sur les possibles actions qui contribueraient à les réduire. Bien entendu, celles-ci viendront en complément des projets déjà en cours, comme ceux liés à la restauration, aux déchets ou encore à la mobilité.
Quelles premières tendances émanent de ce bilan ?
Compte tenu de notre activité, la plus grande part de nos émissions est issue de l’achat des médicaments et des dispositifs médicaux, ainsi que des consommations énergétiques. Nous travaillerons donc sur ces thématiques en priorité, en lien notamment avec les centrales d’achats pour les émissions relatives aux produits de santé. En parallèle, la direction Énergie de l’AP-HP est en train de concevoir une nouvelle politique qui répondra davantage aux enjeux actuels. Plusieurs pistes sont à l’étude, comme le recours aux énergies mixtes ou la rénovation thermique des bâtiments. Comme à chaque fois, les réflexions seront collégiales et collectives, afin que toutes les personnes concernées puissent s’impliquer dans la résolution de ces problématiques.
Le département Développement durable s’intéresse également à l’empreinte carbone d’un parcours patient. Que pouvez-vous nous en dire ?
Travaillant en lien étroit avec la CME et les professionnels de santé, nous avons identifié trois parcours patients « type » : le suivi d’une pathologie chronique, en l’occurrence le diabète, la chirurgie ambulatoire et la prise en charge d’une maladie longue. À chaque fois, nous avons identifié les différentes briques composant le parcours pour pouvoir par la suite nous concentrer sur chacune. On pourrait d’ailleurs tout à fait imaginer, dans un futur plus ou moins proche, la mise en place de « calculette » qui permettrait de calculer l’empreinte carbone d’un parcours individuel. En tout état de cause, ces travaux complémentaires à ceux autour du bilan carbone de l’AP-HP, nous offrent un angle de vue différent tout en favorisant les échanges avec les professionnels de santé. Et, tout comme pour le bilan carbone, ils ne visent pas à réduire nos activités, mais bien à identifier les leviers et alternatives disponibles en tenant compte des contraintes propres aux établissements de santé.
Article publié dans l'édition de mai 2022 d'Hospitalia à lire ici.