« Accélérons ensemble l’évolution vers l’égalité Femmes-Hommes dans le monde médical et faisons en sorte que l’hôpital s’enrichisse ! » Tel est le mot d’ordre au sein du collectif « Donner des elles à la santé ». Officiellement lancé le 6 octobre dernier, il s’est donné pour mission de faire avancer l’égalité femmes-hommes dans le secteur de la santé. Pour cela, l’association peut compter sur un groupe d’acteurs publics et privés du monde de la santé ainsi qu’un comité de pilotage d’une quinzaine de membres. « Donner des elles à la santé est un projet ambitieux parce qu’il ouvre un vrai débat à l’hôpital autour de la problématique de la représentativité des femmes sur les postes décisionnaires, alors que la profession médicale est déjà très largement féminisée », confie Géraldine Pignot, chirurgienne urologue à Marseille et présidente de l’association.
« On a encore des stéréotypes de genre à l’hôpital. Des femmes s’autolimitent, s’autocensurent. En parallèle, on a des hôpitaux qui tardent à mettre en place des politiques volontaires d’égalité hommes-femmes », poursuit la chirurgienne qui avoue avoir pris conscience « assez tard » de ce problème : « C’est souvent quand on prend un poste ou un rôle important dans la hiérarchie hospitalière ou quand on commence à avoir un petit peu d’expérience que l’on se retrouve le plus confronté à ces inégalités, qui existent déjà par ailleurs. L’initiative Donner des elles à la santé, c’est justement pour essayer d’ouvrir des perspectives et de sensibiliser les plus jeunes générations à ce problème d’inégalité à l’hôpital, de faire avancer les choses et d’apporter le soutien nécessaire aux jeunes générations ». Pour cela, le collectif mise sur toute une série d’actions concrètes, multipliant la communication sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn) et créant un baromètre annuel, en lien avec le cabinet de sondages Ipsos.
« On a encore des stéréotypes de genre à l’hôpital. Des femmes s’autolimitent, s’autocensurent. En parallèle, on a des hôpitaux qui tardent à mettre en place des politiques volontaires d’égalité hommes-femmes », poursuit la chirurgienne qui avoue avoir pris conscience « assez tard » de ce problème : « C’est souvent quand on prend un poste ou un rôle important dans la hiérarchie hospitalière ou quand on commence à avoir un petit peu d’expérience que l’on se retrouve le plus confronté à ces inégalités, qui existent déjà par ailleurs. L’initiative Donner des elles à la santé, c’est justement pour essayer d’ouvrir des perspectives et de sensibiliser les plus jeunes générations à ce problème d’inégalité à l’hôpital, de faire avancer les choses et d’apporter le soutien nécessaire aux jeunes générations ». Pour cela, le collectif mise sur toute une série d’actions concrètes, multipliant la communication sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn) et créant un baromètre annuel, en lien avec le cabinet de sondages Ipsos.
Une étude sur les discriminations professionnelles…
La première édition de ce baromètre a été menée sous forme d’étude auprès de 500 médecins (230 femmes et 270 hommes) en janvier 2020. Partant du constat que seuls 16 % des postes à responsabilité à l’hôpital sont occupés par des femmes, alors qu’elles représentent 52 % des médecins hospitalier, cette étude a interrogé plusieurs médecins, hommes ou femmes, afin de commencer à identifier les causes qui expliqueraient cette sous-représentation des femmes au plus haut de la hiérarchie hospitalière.
Ainsi, selon l’étude, 87 % des femmes médecins estiment avoir déjà été victimes de discrimination et 89 % des hommes disent y avoir déjà assisté. « C’est un phénomène de masse » au centre duquel« la dévalorisation professionnelle et la maternité sont des sujets majeurs », constate Corinne Hirsch, co-fondatrice du laboratoire de l’égalité. « C’est l’entrée dans l’hôpital qui est vecteur de sexisme, beaucoup plus que les bancs de la fac où malgré tout elles restent un tiers à dire avoir subi des discriminations, contre deux tiers tout au long de la carrière », continue Astrid Chevance, psychiatre et épidémiologiste.
Parmi ces discriminations, la remise en question des compétences professionnelles revient fréquemment dans l’étude menée par l’association et Ipsos. 66 % des femmes interrogées pensent ainsi que les hommes sont davantage sollicités dans des activités de représentation au sein de l’hôpital. Un sentiment qui amène naturellement ces femmes médecins à demander (à 65 %) « qu’une politique transparente des carrières soit instaurée ». Pour aller plus loin, la question de « l’autocensure » des femmes se pose également. Sur ce point, il est à noter que 42 % des femmes interrogées par l’étude avouent avoir déjà entendu que leurs congénères ne sont pas faites pour des postes universitaires. « D’ailleurs, seulement 19 % des PU-PH[Professeurs des Universités - Praticiens Hospitaliers, NDLR]sont des femmes alors qu’elles représentent 70 % des étudiantes», constate Astrid Chevance qui voit également dans le système en place « une peur de s’exposer en tant que professionnelle mais aussi en tant que personne ». « Il y a des faits objectifs qui font que les femmes se mettent des freins, qu’elles ne veulent pas se confronter au système car elles ont peur d’en sortir abimées », complète-t-elle.
Ainsi, selon l’étude, 87 % des femmes médecins estiment avoir déjà été victimes de discrimination et 89 % des hommes disent y avoir déjà assisté. « C’est un phénomène de masse » au centre duquel« la dévalorisation professionnelle et la maternité sont des sujets majeurs », constate Corinne Hirsch, co-fondatrice du laboratoire de l’égalité. « C’est l’entrée dans l’hôpital qui est vecteur de sexisme, beaucoup plus que les bancs de la fac où malgré tout elles restent un tiers à dire avoir subi des discriminations, contre deux tiers tout au long de la carrière », continue Astrid Chevance, psychiatre et épidémiologiste.
Parmi ces discriminations, la remise en question des compétences professionnelles revient fréquemment dans l’étude menée par l’association et Ipsos. 66 % des femmes interrogées pensent ainsi que les hommes sont davantage sollicités dans des activités de représentation au sein de l’hôpital. Un sentiment qui amène naturellement ces femmes médecins à demander (à 65 %) « qu’une politique transparente des carrières soit instaurée ». Pour aller plus loin, la question de « l’autocensure » des femmes se pose également. Sur ce point, il est à noter que 42 % des femmes interrogées par l’étude avouent avoir déjà entendu que leurs congénères ne sont pas faites pour des postes universitaires. « D’ailleurs, seulement 19 % des PU-PH[Professeurs des Universités - Praticiens Hospitaliers, NDLR]sont des femmes alors qu’elles représentent 70 % des étudiantes», constate Astrid Chevance qui voit également dans le système en place « une peur de s’exposer en tant que professionnelle mais aussi en tant que personne ». « Il y a des faits objectifs qui font que les femmes se mettent des freins, qu’elles ne veulent pas se confronter au système car elles ont peur d’en sortir abimées », complète-t-elle.
… et les violences sexistes
Et le risque est bien réel car 82 % des femmes médecins interrogées dans cette étude déclarent avoir déjà été victimes de comportements sexistes ou de harcèlement, 32 % ajoutent avoir aussi subi des gestes ou des attitudes à connotations sexuelles voire des attouchements. Pour détailler les résultats : 64 % affirment avoir déjà subi des propos sur leur apparence, 57 % sur leurs compétences, 50 % des questions intrusives sur leur vie sexuelle ou privée, 32 % des gestes à connotations sexuelles, 31 % des comportements intrusifs, 24 % des pressions pour obtenir des faveurs sexuelles et 16 % des envois de SMS sexuellement explicites. Ces chiffres, importants, expliquent les nombreux appels en faveur d’une tolérance zéro en matière de sexisme et de violence, à la fois portés par les femmes (66 %) et par les hommes (58 %). « Le sexisme a un impact sur la confiance en soi et déstabilise le travail des personnes qui le subissent, rappelle Corinne Hirsch. On entend souvent : “C’est l’esprit potache”, “C’est l’esprit de salle de garde”. Mais je pose la question : sans sécurité personnelle, comment peut-on évoluer sereinement dans son métier, dans sa carrière ? ».
« Il est encore temps d’avorter »
Au sein de l’hôpital, force est de constater que cette question se pose aussi dans le lien entre famille et travail, et ce en particulier sur le sujet de la maternité. Ainsi, l’étude menée par l’association montre que 47 % des femmes médecins ayant des enfants ont déclaré vivre leurs contraintes familiales comme un frein à l’avancement professionnel. 58 % des femmes révèlent, quant à elles, qu’on leur fait comprendre que la maternité et la vie de famille les empêcheront de postuler à des postes à responsabilité. « Cette situation met ces femmes dans une position de double-lien entre une loyauté par rapport à leur famille et à leur travail », constate Astrid Chevance. Lors d’échanges avec les personnes interrogées, Corinne Hirsch a même recueilli des témoignages de violences verbales : « Au moment de l’annonce d’une grossesse, un responsable qui répond “il est encore temps d’avorter”, par exemple », raconte la co-fondatrice du laboratoire de l’égalité.
Première des mesures exigées par les personnes interrogées, le remplacement systématique des congés maternité est demandé par 80 % des femmes et 58 % des hommes. « Le non-remplacement systématique met les équipes en difficulté, crée une mauvaise ambiance entre collègues mais met aussi les patients en danger », constate Astrid Chevance en appelant à « un engagement politique et RH fort » de la part des hôpitaux.
Première des mesures exigées par les personnes interrogées, le remplacement systématique des congés maternité est demandé par 80 % des femmes et 58 % des hommes. « Le non-remplacement systématique met les équipes en difficulté, crée une mauvaise ambiance entre collègues mais met aussi les patients en danger », constate Astrid Chevance en appelant à « un engagement politique et RH fort » de la part des hôpitaux.
« Vingt ans de retard »
« L’heure n’est plus aux constats. Que ce soit dans le monde de la santé ou ailleurs, on sait que les discriminations professionnelles existent, on sait qu’elles sont particulièrement fortes et violentes chez les femmes médecins », continue la psychiatre. Le collectif « Donner des elles à la santé » demande donc également une meilleure prise en compte de ces discriminations par les directions hospitalières. « Il faut aussi prendre en charge les conséquences psycho-sociales des violences sexistes, de la souffrance au travail », ajoute Astrid Chevance qui préconise pour cette solution, comme pour les autres, de « favoriser la création de laboratoires afin d’expérimenter ce type de mesures et pouvoir, dans un second temps, les étendre. »
« J’ai l’impression que l’hôpital a 20 ans de retard par rapport au monde de l’entreprise », ajoute Corinne Hirsch. Pour elle, c’est « un frein » qui peut aussi être « une opportunité », car il permet à l’hôpital de bénéficier de plusieurs années d’expériences menées au sein des entreprises : « On pourrait éviter certains travers. Mais il faudra, pour cela, mettre la caméra en zoom arrière, prendre de la hauteur pour réfléchir d’un point de vue organisationnel et identifier les leviers les plus adéquats. J’ai l’impression que l’institution hospitalière n’est pas encore tout à fait prête à s’envisager globalement en tant que structure, que système. Or nous savons aujourd’hui que le sujet de l’égalité professionnelle – et toutes les problématiques qu’il englobe – est lui-même un enjeu systémique, qu’il faut prendre par une multitude d’angles ».
Voir le replay de l’émission sur Youtube.
« J’ai l’impression que l’hôpital a 20 ans de retard par rapport au monde de l’entreprise », ajoute Corinne Hirsch. Pour elle, c’est « un frein » qui peut aussi être « une opportunité », car il permet à l’hôpital de bénéficier de plusieurs années d’expériences menées au sein des entreprises : « On pourrait éviter certains travers. Mais il faudra, pour cela, mettre la caméra en zoom arrière, prendre de la hauteur pour réfléchir d’un point de vue organisationnel et identifier les leviers les plus adéquats. J’ai l’impression que l’institution hospitalière n’est pas encore tout à fait prête à s’envisager globalement en tant que structure, que système. Or nous savons aujourd’hui que le sujet de l’égalité professionnelle – et toutes les problématiques qu’il englobe – est lui-même un enjeu systémique, qu’il faut prendre par une multitude d’angles ».
Voir le replay de l’émission sur Youtube.
Les quotas, un outil à ne pas négliger
Invitée à intervenir lors de l’émission de présentation de « Donner des elles à la santé », en octobre dernier, Brigitte Grésy, présidente du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, est intervenue sur l’impact de la crise sanitaire. Elle y a notamment soutenu l’importance d’instaurer des quotas de femmes dans les instances médicales et sanitaires. Si certain.e.s voient la pratique d’un mauvais œil, force est de constater, pour l’auteure, que « les réticences sont de moins en moins fortes », surtout de la part des femmes. « La cooptation en place était déjà une logique proche de celles des quotas », explique Brigitte Grésy qui insiste ici sur la mise en place de « règles claires ». « Puisque les critères de sélection sont biaisés, il faut en établir de nouveaux », insiste cette grande défenseure de la pratique.